Les billets hebdos du GrandTerrier
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03.06.2023 Une fille de mauvaise vie
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Cette semaine une requête adressée en 1791 au Directoire du District de Quimper par les représentants de la municipalité d'Ergué-Gabéric.

Ces documents conservés aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 12 L 4, comprenant une pétition communale et les réponses des autorités révolutionnaires, constituent un véritable morceau d'anthologie.
Le 14 mai 1791, les conseillers de la commune nouvellement créée formulent une pétition auprès des instances administratives révolutionnaires pour se plaindre des agissements d'une fille de mauvaise fréquentation : « 1° Elle n'est pas originaire de notre paroisse, 2° elle a la vérole, 3° elle se lave dans neuf fontaines dans la persuasion de se guérir, superstition, elle est de mauvais exemple, elle a fréquenté les soldats, elle a eu un enfant. »
À la réception de la requête signée par Jérôme Kergourlay, premier maire de la commune, le Directoire du District de Quimper se prononce pour « enjoindre à la fille de se retirer incessamment de la dite paroisse, et au cas qu'elle y reparaisse, à la faire arrêter et conduire aux prisons de cette ville », au nom du principe de « la liberté qu'a incontestablement toute communauté de chasser de son sein les individus qui n'ayant aucun titre à son assistance, lui paroitroient dangereux. ».
La grande vérole dont est atteinte la prostituée est la syphilis, également synonyme de maladie vénérienne. In fine, craignant que l’intéressée ne communique à tout le canton le mal dont elle est atteinte, le Directoire décrète « qu'à la diligence du maire et procureur de la commune de la municipalité d'Ergué-Gabéric, la fille dont il s'agit sera incessamment appréhendée et conduite aux prisons de Quimper et ensuite transférée au frais de l’État à l’Hôpital vénérien de la ville de Brest pour part les gens de l'art, les remèdes convenables, lui être administré, jusqu'à parfaite guérison, et ensuite renvoyé à la municipalité de droit ».
L'hôpital militaire de Brest est bien chargé au 18e siècle du traitement anti-vénérien en Cornouaille et Léon. En 1763 le chirurgien-major M. de Montreux rapporte à son Ministère y avoir traité avec succès des centaines de Vénériens, ceci grâce aux dragées de Jean Keyser. Ces dernières sont en fait des pilules d'acétate de mercure et d'amidon dont la formule est vendue par son inventeur au gouvernement français en 1772.

On ne sait pas si la fille vénérienne d'Ergué-Gabéric, guérie de son mal, a finalement élevé son enfant, évité les mauvaises fréquentations et oublié la haine des gabéricois qui l'ont rejetée comme une étrangère : « Elle n'est pas originaire de notre paroisse ».
27.05.2023 Journal paroissial de 1956-57
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Document conservé aux Archives diocésaines de Quimper et de Léon (2P51/1) illustrant une évolution en préparation du catholicisme.

Ce qui est marquant dans ce journal, c'est le constat de l'évolution de la liturgie catholique : « L'office du soir a lieu en français. Tous ont un feuillet entre les mains. Les prières ne sont-elles pas faites pour que tous les comprennent et y participent ? ... Le jeudi, la messe est célébrée face au peuple au milieu de la nef. ».
L'adaptation de l'Église aux besoins du temps présent sera confirmée en 1962 par le concile Vatican II, mais déjà en 1957 le rite tridentin qui consiste à dire la messe en latin en restant dos aux fidèles est remis en question.
Le recteur se permet même de critiquer certains confrères : « Avant le salut, M. l'abbé Queinnec curé de Briec s'adresse aux pèlerins dans un style trop relevé ». Mais il adresse aussi des reproches à ses paroissiens : « Les habitants d'Ergué-Gabéric manquent d'esprit paroissial, de sens communautaire » ; « La messe est mal suivie. La plupart y semblent passifs. L'on se tient le plus loin possible de l'autel, le long des murs ou derrière les piliers. »
Il semble agacé du côté pingre des participants des cérémonies religieuses, avec une tentative de trait d'humour : « Pour permettre à ces indigents de donner aussi leur pièce de 5 francs aux quêtes extraordinaires, M. le Recteur a proposé de faire une collecte en leur faveur. Il aurait pu y donner suite, car la grenaille continue d'arriver. »
Les autres évènements marquants sont :
•Son arrivée le 3 juillet et son installation solennelle le 15 juillet : « 50 à 60 voitures lui font escorte jusqu'au bourg ».
•Le grand pardon pluvieux de Kerdévot en septembre 1956.
•L'arrivée de 100 chaises neuves en février 1957 et d'une grande armoire pour les bannières adossée à l'orgue de l'église paroissiale.
•Deux nouvelles classes à l'école Ste-Marie de Lestonan en mars "offerte" par la famille Bolloré : « La bénédiction en a lieu dans l'intimité en présence de la famille bienfaitrice, de la maîtrise de l'usine et des seuls parents des élèves. ».
•Le remplacement du catafalque « monument désuet, surmonté d'un baldaquin » par une jolie table en bois exotique d'iroko.
•Les pardons de St-Guénolé et de St-André en juillet., et celui de St-Eloi et de St-Christophe à Kerdévot en juin : « La bénédiction des chevaux eut lieu aussitôt après, devant la chapelle, en présence des statues de Saint Eloi et de Saint Christophe. »

Lors du pardon de St-Eloi de Kerdévot, la statue de St-Christophe commandée à Laouic Saliou, sculpteur sur bois gabéricois, a été exposée dans la chapelle de Kerdévot : « C'est une peinture polychrome au blanc de Meudon et aux terres naturelles. La tunique est rouge, le manteau est bleu foncé, la ceinture et la bourse du Saint. Le globe et le col de l'Enfant Jésus est doré à la feuille d'or. Saint Christophe a le pied droit sur la rive du fleuve et le le pied gauche est encore dans l'eau. »
C'est le recteur Gustave Guéguen qui avait commandité la réalisation de cette statue. Mais où est-elle aujourd'hui, est-elle partie en voyage ? Elle n'est plus à Kerdévot a priori, un appel est lancé pour la retrouver, avec l'aide requise du saint patron des voyageurs.
En savoir plus : « 1956-1957 - Journal paroissial du recteur Pierre Pennarun »
20.05.2023 Journal paroissial 1914-1938
Transcription intégrale du journal paroissial de Louis Pennec conservé aux Archives diocésaines de Quimper (2P51/1). Les semaines à venir on complétera par les 82 et 8 pages rédigées par les recteurs Gustave Guéguen (1941-1956) et Pierre Pennarun (1956-57).


Les caractéristiques et faits marquants de son ministère, tels qu'on peut les comprendre via les 5 pages de son journal paroissial :
•L'activité du recteur et de ses trois vicaires est mesurée annuellement par les chiffres, à savoir essentiellement le nombre de baptêmes, de mariages et d'enterrements.
•Dans les années normales on compte une moyenne de 40-70 baptêmes (en bleu sur le graphique ci-contre), 25 mariages (en rouge), 30 décès (en gris).
•Les 5 années de guerre en 1914-1918 sont particulières : très peu de mariages (qui reprennent fortement dès 1919), une chute du nombre de baptêmes (le taux de natalité restera haut à partir de 1920, puis rebaissera en 1930) et une mortalité plus forte (accentuée par le comptage à part des « morts à la guerre », en noir sur la courbe).
•Pendant la guerre seul le recteur reste actif, les vicaires et le bedeau étant mobilisés. Heureusement « Laurent Le Gall, comptable à Odet et retenu par ses obligations, rendit de grands services à la paroisse comme chantre et comme organiste bénévole. »


•Les noms des notables gabéricois sont notés lors des élections comme conseillers paroissiens ou les parrainages de confirmation : les Le Roux de Mélennec, Nédélec de Lezergué, Danion de Saint-Joachim, les Le Guay mère et fille de Kerampensal, M. et Mme Mme Charruel du Guérand d'Odet, Jérôme Quelven de Garsalec, Hervé Le Goff de Sulvintin, Yves Mahé de Kerdévot, Rose Riou de Tréodet, Monsieur Bolloré (remplacé par son comptable Laurent Le Gall), Pierre Tanguy de Kerellou, maire.
•Fin 1922 bénédiction d'un nouveau cimetière au bourg : « La première personne qui y fut inhumé ce fut le 19 décembre : Mme Louise Troalen du Bourg, femme Daoudal. »
•En enfin la grande fête de 1922 pour les papeteries Bolloré : « Cette même année l'Usine d'Odet fêta le Centenaire de sa fondation, 8 juin. »
En savoir plus : « 1914-1938 - Journal paroissial du recteur Louis Pennec »
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