Les croix et calvaires d'Ergué-Gabéric
Cet article est la réactualisation d'un article intitulé « A la croisée des chemins, des croix monolithes et des calvaires sculptés » paru dans le bulletin municipal de septembre 1981. Les textes originaux ont été amendés et complétés et des photographies ajoutées.
Autres lectures : « Le Comité d'Histoire à la recherche des Croix, Progrès de Cornouaille 1986 » ¤ « CASTEL Yves-Pascal - Atlas des croix et calvaires du Finistère » ¤ « CASTEL Yves-Pascal - En Bretagne croix et calvaires » ¤ « Le calvaire de Stang-Luzigou » ¤ « Croas-ar-Gac, une vierge menacée » ¤ « Une épigraphe gothique sur une pierre de calvaire au Cleuyou ? » ¤ « Le calvaire de Kroas-Spern » ¤ « Le calvaire du manoir d'Odet » ¤ « Le calvaire de Kerampensal » ¤ « La petite croix médiévale de Kroas-Ver » ¤
Présentation
Symboles privilégiés d'une chrétienté rurale, les croix et calvaires jalonnent nos routes et nos routes et chemins comme autant d'ancres lancées en plein ciel. Pourtant, là où elles ont été dressées, les croix de Bretagne, et d'Ergué-Gabéric en particulier, sont singulièrement menacées, et pas seulement par l'usure du temps. Les restaurations et les transferts mettent aussi en danger nos pieux jalons, du moins si l'intelligence et la sensibilité ne les motivent point. Le vandalisme enfin est un acte grave qui n'a même pas l'excuse d'être guidé par les idées, ni par l'intérêt.
Dans l'optique de faire connaître leur histoire et éviter toute opération malheureuse qui pourraient les menacer de nouveau, nous avons essayé d'inventorier toute croix fut-elle aujourd'hui disparue, réduite à l'état de ruine, ou dressée sur une propriété privée. Le nombre de croix frustres, celtiques ou médiévales, de calvaires à un ou plusieurs fûts, s'élève à 20 pour Ergué-Gabéric.
Parmi ces croix, de par leur origine et leur mobilité, on peut distinguer plusieurs catégories :
- En premier lieu, les neuf croix qui ont complètement disparu aujourd'hui. On distinguera celles dont l'existence est attestée de celles pour lesquelles on n'a que quelques suppositions.
- Deuxièmement les croix qu'on peut aujourd'hui observer et qu'on peut répartir entre :
- tout d'abord les deux d'entre elles qui ont été déplacées d'une autre commune.
- ensuite les deux autres croix qui ont été transférées sur un autre lieu de la commune.
- et enfin les sept croix et calvaires qui sont restés sur leur lieu d'origine.
Une existence attestée : | Ménez-Groas, Croix St-André |
Une existence supposée : | Kerlouis, Croix-Rouge, Kerleur, Boden, Loqueltas, Trolann, Kerurvois-Kerdévot |
Provenant d'ailleurs : | Calvaire d'Odet (2), Calvaire de l'Ecluse (3) |
Déplacés dans la commune : | Croix de Tréodet (4), Calvaire de Kerpensal (9) |
Sur leur lieu d'origine : | Calvaire St-Guénolé (1), Calvaire de Kroas-Spern (10), Croix Kroas-Ver (5), Vierge de Croas-ar-Gac (6), Calvaire de Kergaradec (7), Monuments aux morts (8), Calvaire de Kerdévot (11) |
Au regard des chiffres ci-dessus, on est surpris de découvrir que les croix qui n'ont jamais été déplacées sont peu nombreuses. La règle semble avoir été le mouvement perpétuel des croix. Pourtant rien n'est plus émouvant que de découvrir au hasard d'une promenade un calvaire oublié avec le sentiment obscur qu'il a connu là une éternité, et bien souvent une légende raconte l'origine de cette œuvre de sculpture et de dévotion qui n'a pas été élevée à cet endroit par le hasard.
Avant de détailler chacune des 11 croix principales aujourd'hui debout, quelles sont les sources attestant de l'existence ancienne des autres qui ont disparu entre temps ?
La croix de St-André est explicitement notée sur le cadastre de 1834. Elle devait vraisemblablement se trouver sur le côté droit de la route de Quimper à Coray, non loin de la chapelle du même nom.
Cette croix datait vraisemblablement de l'époque post-Romaine en tant que croix placée près d'une pierre milliaire, c'est-à-dire placée à chaque distance d'un "mille", à savoir 2222 mètres. On peut supposer que cette croix était la quatrième croix milliaire sur la voie romaine de Quimper à Carhaix, après Kerpensal, la Croix-Rouge et Kroas-Spern.
C'est avec une quasi certitude que l'on sait qu'à Menez-Groas il y eut un calvaire ou une croix. On note d'une part que le symbole d'une croix apparaît sur le relevé cadastral de 1834. Et de plus certains anciens se sont souvenus avoir vu au début du 20e siècle au haut de la côte de Menez Groas, sur la gauche en provenance de Lestonan, une croix monolithique d'un mètre environ de hauteur.L'existence des autres croix n'est pas complètement attestée, mais dans certains cas elle semble très probable ne serait-ce qu'à la lecture des noms de parcelles des relevés cadastraux ou mentionnés dans les documents d'archives plus anciens. Les noms du type "Parc-ar-Groas" laissent supposer qu'une croix était dressé non loin des champs nommés ainsi.
L'exemple le plus remarquable est celui du lieu-dit Kerlouis où six noms de parcelles contiennent l'expression "Poul-Groas". Mais malheureusement on ne retrouve plus dans les environs une telle "Mare de la croix".
A la Croix-Rouge, deux champs étaient dénommés "Ar-Groaz-ru", appellation qui pourrait remonter à l'époque des Romains puisque la voie romaine passait par là. Plus précisément, les Romains marquaient les routes par des pierres milliaires en grès rouge très visibles de loin. Ces bornes étaient distantes d'une lieue gauloise, soit 2222 mètres. Bien souvent elles furent remplacées par des croix "chrétiennes" qui conservaient quelquefois la désignation "rouge".
Entre Kerleur et Menez-Kervéady, un nom de champ classique "Parc-ar-Groas" nous fait croire qu'il y avait non loin une croix ou un calvaire. A Boden une prairie avait pour nom "Foennec ar Groas". A Loqueltas où il est notoire qu'il y avait une chapelle Saint-Gildas, certains anciens associent les ruines de la chapelle avec un if centenaire et un joli calvaire. A Trolann on trouve un champ "Gwarm-ar-Groas-had", et à Kerurvois-Kerdévot de nouveau un "Poul-Groas".
Dans un autre registre, on peut aussi mentionner les petites croix ornementales placées dans des jardins, et transportées par leurs propriétaires. Certaines sont relativement anciennes, et d'autres, plus récentes, ont été taillées pour donner une impression d'ancien. On citera aussi la pierre exceptionnelle conservée par un précédent propriétaire du manoir du Cleuyou, vraisemblablement les archéologues Prosper ou Albert Le Guay : sur ce socle circulaire de calvaire il a été gravé une mystérieuse épigraphe probablement gothique.
Calvaire de St-Guénolé
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Le calvaire était encore debout en 1794 car il est mentionné dans un procès verbal d’expertise des biens du Clergé, qui inventorie « une croix en pierre de taille ayant un piédestal de 8 pieds de haut sur huit pieds de largeur dans les quatre faces ». La Révolution lui fut sans doute fatale comme à tant d’autres éléments du patrimoine religieux, son existence n'étant plus attestée par la suite.
Dans les années 1980 on a retrouvé une statue géminée de haut de calvaire dans un talus à proximité de la chapelle Saint-Guénolé. Elle est visible à présent à l’intérieur de la chapelle.
Ce vestige représente le crucifié géminé à un Christ aux liens. Le Père Castel, spécialiste renommé des croix et calvaires bretons, a noté que la corde liant les poignets du Christ formait un motif très particulier, semblant vouloir se rapprocher d’un motif végétal ou ornemental. Selon lui, le calvaire daterait du XVème siècle et serait donc antérieur à la construction de la chapelle vraisemblablement au 16e.
En 2007, à l'initiative du comité des fêtes de la chapelle, les ateliers de Patrick Tataruch remontent un calvaire complet avec sa base, son fût, et bien sûr la statue géminée restaurée.
Autres articles : « Numero n° 4 de Keleier consacré à St-Guénolé » ¤ Modèle:Tpg~« Travaux de rénovation à la chapelle de St-Guénolé en 2007 » ¤
Calvaire d'Odet
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Sous les ombrages d'un chêne centenaire et de rhodo-dendrons, ce magnifique calvaire est actuellement dressé au bord de la pelouse du parc Bolloré à Odet. Il s'élevait autrefois près des ruines de la chapelle ND de Coatquéau en Scrignac, chapelle déplacée également en 1926 près de la papeterie Bolloré de Cascadec en Scaër. A noter également qu'en 1937, sur les lieux des ruines de Coat-Quéau, l'abbé Perrot du mouvement Bleun-Brug fera construire une nouvelle chapelle.
Le socle rond surmonte une base également ronde à cinq degrés. Le fût est carré et écoté, arrondi aux angles, et d'une hauteur approchant les cinq mètres. Le croisillon est très travaillé avec notamment un motif ressemblant à une corde et des statues de monstres.
Au-dessus du croisillon, on peut voir une douzaine de personnages : le Christ accompagné de deux anges, le bon et le mauvais larron, la Sainte Vierge, une sainte femme regardant le Crucifié, Notre-Dame de Coatquéau, un saint moine qui est sans doute Saint Quéau ou Kew, patron primitif de Coatquéau, un groupe de la Mère au tombeau.
Sur le socle ont été placées deux statues : un Ecco Homo (Christ assis avec sa couronne d'épines et une cordelette aux poignets) et une Sainte Madeleine agenouillée.
Une inscription sur le croisillon donne le nom de M(aître) G(uillaume) LE SAUX LORS G(ourverneur) et la date de 1560. Le terme de gouverneur équivaut à celui de fabrique ou de fabricien, en charge de la gestion d'une chapelle. Sur un écusson sont sculptées des armes seigneuriales, parmi lesquelles les "trois pommes de pin" de la famille de Trésiguidy qui possédait autrefois le manoir de Coatquéau.
Calvaire de Stang-Luzigou
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Entouré d'arbres, le calvaire de Stang-Luzigou se trouve en bordure du chemin qui mène à l'Ecluse, avec une vue sur le canal qui alimente l'usine Bolloré. Il aurait été transporté à Ergué-Gabéric par les soins de René Bolloré en 1926, en même temps que le déplacement du calvaire d'Odet et l'édification de la chapelle de Cascadec (voir ci-dessus), ce qui laisserait supposer que le calvaire du chemin de l'Écluse provient également de la commune de Scrignac ou de Scaër.
Le fût rond est surmonté d'un ensemble important dont une petite croix. Il ne reste du Crucifié que le bas de son corps. De part et d'autre de la croix sont érigées deux hautes statues de la Vierge et de Saint-Jean.
Croix de Tréodet
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Cette croix celtique fut observée au début du 20e siècle par le chanoine Abgrall (qui en fit un dessin) dans une prairie près du village de Kerrouz où, dit-on, naquit Saint-Guénaël (orthographie aussi Saint-Guinal), abbé de Landévennec et patron de la commune d'Ergué-Gabéric. En réalité, pour être plus précis, la croix était dressée en bordure d'une prairie du village voisin de Tréodet.
Au centre des quatre branches légèrement pattées de la croix est gravée un cercle entourant une croix de Saint-André ; plus bas sur le fût, on peut distinguer une petite croix latine. Au revers, sous la branche supérieure qui est légèrement ébréchée, figure également une croix latine.
En 1962, l'abbé Pennarun, recteur de la paroisse, fit transporter la croix jusqu'à la cour du presbytère par René Riou agriculteur à Tréodet à l'aide d'une charrette traînée par des chevaux. Le docteur Jaffré propriétaire de la prairie avait jugé devoir la donner à la paroisse du fait qu'elle était tombée à terre, déchaussée de son socle rond.
Élevée près du mur du jardin du presbytère, grâce au palan de Mathias Riou (maçon), la croix celtique a été légèrement modifiée à sa base où on a ajouté une pierre carrée au-dessus du socle. D'après l'abbé Pennarun, le socle rond serait une pierre de colonne de la chapelle Ste-Appoline près de Sulvintin, chapelle qui a aujourd'hui disparu.
Autres articles : « Monographie du village de Tréodet par Henri Chauveur » ¤ « Quelques recherches sur Tréodet, publié en 2002 dans le Keleier n° 17 » ¤
Croix de Kroas-Ver
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Cette petite croix fruste du Haut-Moyen-Age (500-1000) est dressée sur le bord d'une rue du bourg d'Ergué-Gabéric qui mène à Kerdévot. La maison et la route (Ti-ar-Groas-Ver et Hent-ar-Groas-Ver), ainsi qu'un champ voisin, ont toujours des noms qui reprennent celle de la croix et qu'on peut traduire par "Croix-Courte".
Pendant plus de 30 ans la maison est occupée par les commerces de Mme Le Corre et ensuite de Mme Le Berre, née Marie Keraval, que les anciens connaissent bien.
Auparavant Ti-ar-Groas-Ver avait abrité un cordonnier, un bijoutier, et fut aussi la demeure de l'institutrice de l'école maternelle située de l'autre côté de la rue.
La croix devant la maison est pour ses habitants une protection divine contre les revenants. De par sa position près de la porte d'entrée, elle interdit l'accès à tout trépassé qui voudrait troubler la quiétude des vivants.
C'est au début du 20e siècle que l'institutrice, croyant bien faire, déplace la croix gênant peut-être la circulation, et la met près du puits en pierre qui se trouve côté pignon. Mais il fallut replacer très vite la croix à sa position initiale, car la maison était envahie par les forces du mal, et ses habitants ne pouvaient plus fermer l’œil de la nuit.
En 2024, après années d'absence du centre-bourg en travaux, la croix est placée au pignon sud du Logis Breton, de l'autre côté de la route par rapport à l'endroit où elle régnait précédemment. Avec son espace paysager aux copeaux de bois, la croix est désormais visible de loin, et agrémente bien le centre-bourg où les travaux d'aménagements sont maintenant achevés.
Vierge de Kroas-ar-Gac
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Encastrée dans un talus, la vierge de pitié de Kroas-ar-Gac d'environ 1 m de haut est conservée dans une niche de pierres fermée par des barreaux de fer, surmontée d'une petite croix de granit. La tête de la Vierge ne tient que grâce à une couche de ciment, et il ne reste du corps du Christ que le tronc et les jambes.
Malgré l’érosion du granit, le Père Y.P. Castel, visitant le site en août 2000, relève un contraste entre la position frontale, avec un léger mouvement de tête vers la gauche, et équilibrée de la mère et la cambrure du Christ aux proportions plus grêles comme pour accentuer la fragilité du corps du défunt recueilli par sa mère. La piéta daterait du XVI ème siècle.
Toponymie du lieu-dit : Kroas-ar-Gac, "croix du dénommé Le Gac", décomposé en Kroas pour "croix, carrefour" et Ar Gac, patronyme basé sur le quafilicatif gag "bredouilleur".
La statue de la Vierge faisait partie autrefois d'un calvaire situé de l'autre côté du chemin de Stang-Odet. Marjan Mao se souvient y avoir vu au début du siècle les restes des premiers degrés du socle, ainsi qu'un magnifique if tout à côté. Le calvaire aurait été démoli au 19e siècle et les pierres utilisées pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale, abattu par la tempête du 9 février 1836. Sur le cadastre Napoléonien de 1834 le calvaire est repéré par le symbole d'une croix.
Mais les aventures de la Vierge de Kroas-ar-Gac ne s'arrêtèrent pas là. En 1926-27 René Beulz, propriétaire du champ en bordure duquel repose la statue, fut contacté par M.Charruel, beau-frère de René Bolloré patron des usines d'Odet. Il lui demanda de transporter la statue dans les jardins du château de Stang-Venn. M. Beulz, d’abord réticent, finit par accepter, pensant que le commanditaire avait l’aval de M. Bolloré.
Peu de temps après, survint une période de fort mauvais temps : tempêtes, violentes pluies, orages. Ceux qui avaient alors l’habitude de faire leurs dévotions en passant devant la pieta, s’inquiètent et se demandent si tout cela n’est pas signe du mécontentement de la vierge, fâchée d’avoir été enlevée.
L’affaire parvint jusqu’à René Bolloré. Les signes de sa colère ne se firent pas attendre. En désaccord avec sa soeur, il exigeat qu’on remît le pieux vestige en place au plus tôt. Il envoya ensuite deux de ses maçons, Jean-Marie Quéré et Robert Andrich, afin d’édifier une niche protectrice pour la vierge. De solides barreaux devaient même empêcher qu’une semblable mésaventure ne se reproduise.
Les tribulations de la Vierge de Croas ar Gac n’en restèrent cependant pas là. Sous les tirs de jeunes gens en goguette, sa tête roula au sol, mais grâce aux barreaux demeura dans la niche. Elle fut scellée au début des années 60 par des maçons à l’œuvre dans le quartier.
Autres articles : « Autres légendes sur Kroas-ar-Gac » ¤ « La petite Vierge de Croas ar Gac] » ¤ « Conversation avec Marjan et Fanch Mao » ¤
Calvaire de Kergaradec
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Sur une base à trois degrés et un socle cubique à chanfrein, le fût rond assez fin du calvaire de Kergaradec est surmonté d'une lourde croix plus récente que le bas-relief. Ce dernier représente un saint personnage au livre qui pourrait être Saint Jean.
Dans les années 1970, le calvaire était au centre du carrefour avec un aménagement pas pratique pour les voiture, et son état allant en se détériorant. Craignant même qu'il ne tombe, en juin 1981, les services techniques municipaux l'ont déporté et restauré en bord de route. Lors des travaux, on a trouvé sous les degrés de l'emmarchement des fragments de statues : une flagellation et une vierge de pitié qui devaient faire partie originellement de la partie haute du calvaire.
Monument aux morts
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Ce grand crucifix aux branches rondes ornées de fleurons, élevé sur une base à cinq degrés et un socle cubique, se trouve à l'entrée du cimetière et porte l’inscription suivante sur la face nord de son socle : AUX ENFANTS DE LA COMMUNE D'ERGUE-GABERIC MORTS POUR LA PATRIE PRIEZ POUR EUX, et la liste des combattants gabéricois morts pour la France lors des guerres de 1914 et 1939.
Le monument fut remonté en 1923 dans le nouveau cimetière à partir de la croix de Mission qui se trouvait dans l'ancien cimetière et dont un rang du socle fut enlevé. L'architecte M. Menard de Nantes fit le plan et le devis du nouveau monument qui fit inauguré le 11 novembre 1923, avec au programme un défilé matinal de la fanfare des Paotred Dispount, un banquet par souscription chez Balès au Bourg, une démonstration de gymnastique par les Paotred, des danses aux binious sur les places du bourg, et à 18H une retraite aux flambeaux.
Calvaire de Kerampensal
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Ce calvaire du 16e siècle, avec un Christ et une Vierge à l'Enfant en exposition sur une croix démunie de ses branches, se trouve actuellement à l'entrée du cimetère sur la tombe familiale des Le Guay du Cleuyou. Sur le socle on lit l'inscription : "1553 FUT FET CE CROSE" ou "1553 FUT FET CEST" (Y.-P. Castel).
Au sommet du fût, on distingue deux écus adossés, l'un représentant un chevron, l'autre une croix potencée, ce dernier blason pouvant être les armes de la famille Cabellic (11e-12e siècles), fondatrice de la commune d'Ergué-Gabéric. On observe également des statues de monstres au-dessous du chapiteau de part et d'autre du fût.
Le calvaire provient du lieu-dit de Kerpensal et fut déplacé en 1942 par Louis Le Guay sur la charrette de Youenn Quillec de la ferme de Ti-Nevez-Cleuyou. Elle était dressée au bord de l'ancienne route du Bourg, près de la ferme de Kerpensal.
Située à une lieu gauloise (2222 mètres) de la ville de Quimper, la croix de Kerpensal était peut-être la première milliaire de la voie romaine de Carhaix. Au début du 20e siècle on l'appelait la croix des trois ivrognes du fait qu'elle se trouvait centrée par rapport à 3 fermes voisines où il était notoire que quelqu'un abusait de la boisson. Mais les anciens la connaissaient aussi comme croix de mission car on y allait régulièrement y faire des dévotions.
Autre article : « Souvenirs des fermes du Rouillen par Youenn Quillec » ¤
Calvaire de Kroas-Spern
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Derrière une haie d'épines et des noisetiers, sur une base à deux degrés et un socle cubique à pans, le fût du calvaire de Kroas-Spern s'élève, démuni de sa croix. On distingue encore sur deux faces du socle une inscription peu lisible : YYGGDA?N, et une date : 1565 ou 1604.
La croix est tombée en 1947, pendant un orage ou alors suite aux dépravations de vandales, on n'a pas encore éclairci l'affaire ! Elle était si ébréchée et dans un tel état que Gustave Guéguen, recteur de l'époque, hésita à lancer des travaux de restauration. Les morceaux furent conservés pendant un certain nombre d'années chez Jean-Marie Tanguy à Quillihuec, avant que le propriétaire d'une ferme voisine ne vienne les prendre. Depuis personne ne sait où se trouvent les reliques de la croix. Une nouvelle croix fut posée sur le fût en 1991 sous l'égide de l'association Arkae.
Le calvaire se dressait vraisemblablement sur le tracé de la voie romaine de Quimper à Carhaix. Il est d'ailleurs probable qu'étant située à 6km700 de Quimper elle était utilisée comme pierre milliaire. À noter que cette voie romaine à cet endroit passait légèrement plus au sud de la route actuelle de Coray et du lieu-dit de Pen-Carn-Lestonan.
L'origine du toponyme "Kroas-Spern" qu'on peut traduire par "Croix des épines" est quelque peu mystérieuse. On ne rencontre en Bretagne aucun nom de ce type. Y-aurait-il un rapport avec l’emblème des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem ou Chevaliers de Malte qui étaient installés au Petit-Guélen à Ergué-Armel ? En effet leurs écrits parlent souvent de la "Cruce Spina" où l'épine est le symbole de l'immortalité. Le veux cadastre de 1834 mentionne un champ dénommé "Parc-ar-Spern". Au-delà de l'allusion aux Hospitaliers, le mot "Spern" peut désigner une haie d'épines, ou plus précisément un prunelier (Spern du), de l'aubépine (Spern gwenn) ou un nerprun (Spern melenn).
Calvaire de Kerdévot
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Le calvaire de Kerdévot serait l'oeuvre de l'atelier de Pont-Croix au 15e ou 16e siècle. Face à la porte sud de la chapelle de Kerdévot, ce monument est d'une conception voisine de celles des calvaires de Confort ou de Notre-Dame-des-trois-fontaines (Gouézec), à savoir qu'il est dédiés aux Saints Apôtres.
Flanqué de quatre contreforts aux angles, il est fragmenté de bas en haut par tois moulures saillantes courant d'un contrefort à l'autre. La première à la base détermine quatre bancs au-dessus desquels une plinthe périphérique entoure tout le monument. A mi-hauteur, une console moulurée décorée de feuillages forme la base des niches, quatre sur les grands côtés et trois sur les petits, qui se répartissent le haut du calvaire.
Nous avons là les douze logements des statues des statues d'Apôtres disparues, car le calvaire a été saccagé lors de la Révolution Française de 1789 et depuis les niches de la base sont tristement vides de statues. La Révolution de 1789. Les arêtes de ces niches sont renforcées par des colonnettes engagées qui semblent soutenir l'ultime corniche marquant le niveau de la plate-forme.
À noter que dans les années 1950, le recteur Gustave Guéguen commanda quatre statues de pierres à l'atelier Beggi de Quimper pour combler le vide des niches des Apôtres, mais les Beaux-Arts s'opposèrent à l'opération. Le saint Barthélémy est visible au presbytère, le saint Jean à Léchiagat-Tréffiagat, un autre saint à la maison de retraite de Quimper, le dernier ayant disparu.
Sur la plate-forme s'élèvent trois croix, celle du Christ haute de plus de cinq mètres et les gibets des deux larrons. Deux anges recueillent le sang coulant des plaies des mains et du côté du Crucifié. Le croisillon, renforcé à la base par un cercle de fer, est formé de la Sainte Vierge et de Saint Jean, adossé à deux statues géminées dont l'une a été décapitée dans les années 1980 (les fragments ont été conservés). Au dos du Christ figure une Vierge présentant son enfant.
Contre le fût Sainte Véronique tient le voile de la Sainte Face, et plus bas, au pied de la croix centrale, est placé le groupe de Notre-Dame de Pitié avec cinq personnages entourant le corps inerte du Christ. Au revers, on voit au pied de la croix un Ecce Homo (Christ assis auquel il manque une jambe) et contre le fût un Saint Michel terrassant le dragon.
Les fûts de chacune des trois croix sont ronds et ecotés. Le fait qu'ils ne sont pas lisses n'est certainement pas un hasard, le calvaire de Kerdévot étant considéré comme une "Croix de Peste". En effet, les bosselures des troncs de croix évoquaient les bubons sur la peau des pestiférés. De plus, la chapelle a été édifiée ou rebâties à la fin du 15e siècle pour remercier ND de Kerdévot d'avoir arrêté la célèbre peste d'Elliant.