Le calvaire du manoir d'Odet

De GrandTerrier

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Ce calvaire majestueux de plus de 5 mètres était à l'origine élevé près de la chapelle de Note-Dame de Coat-Quéau en Scrignac. Comment est-il arrivé à Odet ?

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La chapelle de Coat-Quéau étant ruinée, le conseil municipal de Scrignac organisa une vente aux enchères publique en 1925. L'entrepreneur René Bolloré fit l'acquisition de l'ensemble pour le montant de 10900 francs de l'époque. Il fit remonter le calvaire dans le parc de son manoir à Odet. Le mémorialiste Louis Le Guennec en fit un croquis et rédigea des notes qui furent publiées en 1984 dans le tome 3 quimpérois du « Finistère monumental ».

Autres lectures : « La vente de la chapelle et du calvaire de Coat-Quéau, Ouest-Eclair Illustration 1925 » ¤ « Les croix et calvaires d'Ergué-Gabéric » ¤ « LE GUENNEC Louis - Histoire de Quimper Corentin et son canton » ¤ « CAOUISSIN Youenn - Vie de l'abbé Yann-Vari Perrot » ¤ 

Présentation

Sous les ombrages d'un chêne centenaire et de rhodo-dendrons, ce magnifique calvaire est actuellement dressé au bord de la pelouse du parc Bolloré à Odet. Il s'élevait autrefois près des ruines de la chapelle ND de Coatquéau en Scrignac, chapelle déplacée également en 1926 près de la papeterie Bolloré de Cascadec en Scaër. A noter également qu'en 1937, sur les lieux des ruines de Coat-Quéau, l'abbé Perrot [1] du mouvement Bleun-Brug fera construire une nouvelle chapelle.

Le socle rond surmonte une base également ronde à cinq degrés. Le fût est carré et écoté, arrondi aux angles, et d'une hauteur approchant les cinq mètres. Le croisillon est très travaillé avec notamment un motif ressemblant à une corde et des statues de monstres.

Au-dessus du croisillon, on peut voir une douzaine de personnages : le Christ accompagné de deux anges, le bon et le mauvais larron, la Sainte Vierge, une sainte femme regardant le Crucifié, Notre-Dame de Coatquéau, un saint moine qui est sans doute Saint Quéau ou Kew, patron primitif de Coatquéau, un groupe de la Mère au tombeau.

Sur le socle ont été placées deux statues : un Ecco Homo (Christ assis avec sa couronne d'épines et une cordelette aux poignets) et une Sainte Madeleine agenouillée.

Une inscription sur le croisillon donne le nom de M(aître) G(uillaume) LE SAUX LORS G(ourverneur) et la date de 1560. Le terme de gouverneur équivaut à celui de fabrique ou de fabricien, en charge de la gestion d'une chapelle. Sur un écusson sont sculptées des armes seigneuriales, parmi lesquelles les « trois pommes de pin » de la famille de Trésiguidy qui possédait autrefois le manoir de Coatquéau.

Iconographie

Note : d'anciennes statues provenant des ruines de la chapelle de Coat-Quéau seront transmises au Musée Départemental Breton.

Déplacement

Le déplacement en 1925 du calvaire de Coat-Quéau sur les terres privées du parc du manoir d'Odet a été décrit dans les colonnes du journal L'Ouest-Eclair : la chapelle de Notre-Dame de Coat-Quéau étant en ruine, la municipalité de Scrignac organisa une vente aux enchères publique?

L'action du curé de Scrignac qui avait proposé de remonter le calvaire devant l'église paroissiale fut sans effets : « M. Grall, curé de Scrignac, s'est en vain élevé du haut de la chaire contre la mise à l'encan d'un monument respectable aux yeux de tous, datant du 16e siècle ».

Après une première mise à prix de 6.000 francs, le dernier enchérisseur pour 10.900 francs sera M. Le Rumeur, ancien agent-voyeur, qui représentait M. René Bolloré, propriétaires des papeteries d'Ode en Ergué-Gabéric et de Cascadec en Scaër : « L'acheteur qui est un industriel Finistérien, a fait remonter le calvaire dans une propriété des environs de Quimper, le sauvant ainsi d'une ruine certaine et prochaine ».

Mais dans son article le journaliste émet des doutes : « Qu'est devenu le calvaire, hors du cadre où il a été élevé et qui lui seyait si bien ? Pourquoi prétendre avoir sauvé d'une ruine prochaine ce calvaire de solide granit qui avait résisté aux tempêtes et à la foudre même ? ».

Son seul espoir est qu'on « consolidera les ruines de la chapelle ». Les pierres de la chapelle seront transportées l'année suivante en 1926 sur le site voisin de la papeterie de Cascadec en Scaër où l'industriel René Bolloré reconstruira sa chapelle.

Annotations

  1. L'abbé Jean-Marie Perrot (1877-1943) est un prêtre catholique séculier, fondateur de l'association Bleun-Brug et de la revue Feiz ha Breiz. Ordonné prêtre en 1903, en poste à Saint-Vougay, Saint-Thégonnec, Plouguerneau, Scrignac, il se fait l'apôtre de la langue et des traditions catholiques de son pays breton. Soupçonné de compromission avec l'occupant allemand, il est abattu en 1943 par un membre de l'Organisation spéciale du PCF à Scaër. Il a sa tombe près de la chapelle de Coat-Quéau qu'il a fait reconstruire en 1937.



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Thème de l'article : Richesses patrimoniales Création : Mai 2013    Màj : 23.08.2024