Pont Banal

De GrandTerrier

Variantes bilingues : Pont Banal (FR), Pont Banal (BR)

Signification : "le pont près d'un champ de genêts, le pont soumis à droits de banalité, ou le pont d'une terre vague et vaine"

Décomposition : Banal / bazlan pour "genêt", ou un terme français désignant une banalité (à l'instar d'un four ou d'un moulin banal), ou alors l'adjectif désignant un lieu avec statut de commun de village

Relevés : 1834

Coordonnées géographiques : lat. 47.999456, long. -4.025205, cf. « Géo.Pont Banal »

Présentation générale

Autres lectures : « Douric, Dourig Piriou » ¤ « 1834-1874 - Les communs de village dans le cadastre et les délibérations municipales » ¤ « RIHOUAY Gilles - Le domaine congéable et les communs de village » ¤ « CADIOU Didier - Essai sur les issues de village » ¤ 

Cadastre de 1834 : Parcelles : Coat ar pont banal (193), Goarem pont banal (198), Foennec ar pont-banal (192), Pont banal (124).

Galerie Photos :

Explications toponymiques

Cahier n° 9 d'Arkae publié en 2007 de Bernez Rouz :

Rue du Pont Banal (Rue Pont Banal)

La rue du pont banal.

Raymond Feunteun :

Je me rappelle que pour "illustrer" sa leçon sur le Moyen Age et plus précisément sur les impôts que percevaient les seigneurs, dont les "banalités" qui ressemblaient un peu aux droits d'octroi qui, eux, ont perduré, Monsieur autret nous avait parlé de Pont-Banal. Pour Monsieur Autret, ce pont sur le ruisseau du Douric [1] en bas du bourg se trouvait à la limite des seigneuries de Lézergué et de Pennarun et c'est là que l'on percevait le fameux impôt "banal" sur les personnes qui le franchissaient.

Dictionnaire topographique du finistère d'Albert Deshayes :

Pour Ergué-Gabéric : Pont Banal.

Pour Elliant : Pont Balan.

Dictionnaire des noms de lieux bretons, Albert Deshayes, p 117.

PARTIE "Décrivons la nature"
Chapitre "Les arbustes et les plantes des terres pauvres"


Banal "genêt" entre à plus de deux cent soixante-dix reprises comme élément de nom de lieu. Ce terme procède du vieux breton banadl par le moyen breton tardif balazn. Il admet une variante balan par métathèse. Il correspond au gallois banadl, au cornique banal et s'apparente au gaulois * banatlo.

On le note au pluriel dans Balanou en Ergué-Gabéric (29), an Banazlou en 1540.

Dictionnaire de l'Ancien Régime sous la direction de Lucien Bély, article « Droits féodaux et seigneuriaux »

Droits sur les "engins". - La « banalité » donnait un monopole au propriétaire d'un moulin, d'un four, d'un pressoir. Elle obligeait les habitants - et pas seulement les censitaires" -, à utiliser ces 'engins", leur interdisait d'en utiliser d'autres, et de même, interdisait aux meuniers voisins de pénétrer dans la banlieue, interdisait la construction de ces engins dans les mêmes limites. en contrepartie, le seigneur devait assurer le fonctionnement des engins et le bon état des chemins qui y donnaient accès.

Trésor de la Langue Française, TLFi

Banal, adj.

A.− DR. FÉOD. [En parlant d'un obj. concr. ou d'un animal] Qui appartient au seigneur et dont l'usage est imposé à ses sujets moyennant redevance (cf. ban I C) :
... le couvent avait, d'ordinaire, la seigneurie du village sur le territoire duquel il était placé. Il avait des serfs dans la seule partie de la France où il y en eût encore; il employait la corvée, levait des droits sur les foires et marchés, avait son four, son moulin, son pressoir, son taureau banal. Le clergé jouissait de plus, en France, comme dans tout le monde chrétien du droit de dîme. Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 94.

− Jusqu'au XIXes., vx, droit admin. des communes. [En parlant du bien commun dont les habitants du village ont la libre jouissance] Chasse, forêt, pâture banale; four, moulin, puits banal. Synon. mod. communal.

Rem. Dans un autre domaine, plus récemment « les échaudoirs banaux » dans les abattoirs municipaux (cf. L'Œuvre, 15 juill. 1941); la fosse banale ou fosse commune (cf. également l'arbitrage banal dans Ac. 1932).

B.− Au fig. 1. Sans nuance péj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui est commun, qui est à la disposition de tout le monde.

Synthèse :

Il semble qu'on puisse éliminer l'hypothèse de Balan=genêt, car qualifier ainsi un pont serait surprenant (aucune association similaire n'a été recensée à notre connaissance), et dans la matrice cadastrale de 1834 les noms de parcelles n'évoquent aucun champ de genêts. Seuls y apparait la parcelle dénommée « Pont banal », ainsi qu'un pré (foennec pont banal), une garenne (goarenn) et un bois (coat) proches du pont banal.

Ensuite, nous n'avons trouvé, dans les études toponymiques de Cornouaille, aucun autre pont banal avec cette acception de droits banaux, seulement des fours et des moulins. Le principe de banalité induisait une notion de service payant obligatoire pour l'usage d'un élément pratique patrimonial et contre son entretien seigneurial, or un pont n'offrait pas ce type de dépendance féodale. De plus le pont-banal gabéricois, non référencé dans les actes et aveux anciens, n'est pas réputé être la propriété d'un des domaines féodaux proches (Lezergué, Pennarun). De plus, le droit de passage ou d'octroi sur un pont entre deux petits domaines de ces tailles n'était pas inscrit dans les usements locaux de l'Ancien Régime en Basse-Bretagne .

Par contre le qualificatif banal a évolué aux 18e et 19e siècles pour désigner un endroit commun près d'un village : généralement une place, un placître, une pature, ou des futaies. La parcelle du pont-banal, qui dans le cadastre de 1834 faisait 17 ares (1700 m2), ne serait-elle pas plutôt au 19e siècle un lieu tenu en terre « vague et vaine » ? N'était-ce pas là également où, au 20e siècle, les bouilleurs de cru s'installaient lors de leurs passages annuels ?

Annotations

  1. Le « Douric » (de « dour » signifiant "eau" en breton), s'appelait autrefois « Douric Piriou ». C'est un petit ruisseau qui prend sa source du côté de Lézergué, passe au bas de la colline au nord de l'école communale des garçons (prairies de la ferme Leroux), coupe la descente en bas de la route devant l'école, passe dans les prairies de Pennarun, traverse la route Quimper/Elliant au bas de la cote de Pennarun avant de se jeter dans le jet. On peut penser que la mention "Piriou" venait du nom du propriétaire d'une des prairies traversées par le ruisseau. Quant à l’appellation d'école du Douric, les anciens de 1946-47 sont un peu critiques : « L'école n'a jamais eu un autre nom que celui d'école des garçons ; comme elle était seule, ça suffisait, et donc on le l'appelait pas l'école de la rue du Douric »