Billet du 14.09.2024
Un brave poilu, un maître intelligent et actif
À l'origine de l'enquête sur ce poilu gabéricois, un entrefilet paru dans le journal Le Finistère du 1er mars 1919, évoquant « un brave » instituteur public à Ergué-Gabéric. Une occasion d'aller aux Archives départementales consulter son registre matricule et son dossier d'inspection académique.
Cette citation est bien notée sur le registre matricule, avec la mention d'une blessure dans le combat du 20 février 1918 en Lorraine, ainsi qu'une précédente blessure le 10 janvier 1916. Pour cette dernière son épouse note dans un courrier à son Inspection d'Académie : « Mon mari, Mr Le Corroller Pierre adjudant au 411ème Régiment d'Infanterie 8eme Compagnie a été blessé d'un éclat d'obus à la jambe droite, le 10 Janvier, en avant de Beauséjour. Il est à l'hôpital de Lamothe n° 115 bis à Villeneuve-sur-Lot. »
Dans la fiche de situation militaire inscrite dans son dossier académique, Pierre-Marie Le Corroller note les honneurs militaires qui lui ont été rendus : « aux armées au 411e Régiment d'Infanterie (avec ses 4 citations à l'armée). Médaillé militaire. Croix de guerre 1914-1918. »
La citation pour la journée du 10 février 1918 concerne l'opération « commando » qu'on considère comme la plus grande de l’histoire militaire française. L’objectif choisi est le plateau des Ervantes, juste au nord du village de Moncel-sur-Seille à 22 km au nord-est de Nancy. Les 38 tués français et 67 blessés graves, soit un homme sur trente environ, ont tous été ramenés dans les lignes françaises, ainsi que 357 prisonniers. Les Français comptent également 200 blessés légers. Les sources allemandes parlent de la perte totale de 646 hommes dans leurs rangs.
Après ses exploits en 1918 en tant qu'agent de liaison, Pierre-Marie ne sera démobilisé qu'en mars 1919, date à laquelle il peut rentrer à Ergué-Gabéric finir son année scolaire, avant d'être nommé instituteur en septembre avec son épouse à l'école primaire de Fouesnant.
Pour ce qui concerne ses 6 années scolaires en tant qu'instituteur d'école primaire du bourg d'Ergué-Gabéric, on dispose de son dossier d'enseignant d'instruction publique, et celui de son épouse, conservés aux Archives départementales du Finistère.
Le couple Coroller (lui né à Châteaulin en 1886, elle à Plourin en 1887, mariés en août 1911) seront mutées ensemble dans les écoles publiques de Carhaix, Ergué-Gabéric, Fouesnant et Brest. À Ergué de 1913 à 1919 ils exercent leur métier d'instituteurs au bourg, respectivement dans l'école élémentaire des garçons (2e classe, CE1-CE2) et dans celle des filles (1ère classe, CM-CE2).
Lors des inspections académiques en 1915 et 1916, les éloges pour les deux enseignants sont appuyées :
- « M. Le Corroller est un maître intelligent et actif qui a su très vite adapter son enseignement aux besoins du cours élémentaire qu'il dirige depuis la dernière rentrée des classes. Il travaille avec régularité, enseigne clairement et avec goût. »
- « Mme Le Corroller est une maîtresse intelligente, consciencieuse et très ordonnée. Je l'ai surtout jugée, à l'examen de ses cahiers de préparation et de ses cahiers d'élèves ; l'impression est très satisfaisante : du soin, du travail efficace et bien compris. »
En savoir plus : « 1919 - Les citations militaires de l'adjudant Pierre Marie Le Coroller » et « Pierre-Marie et Marie-Anne Le Corroller, instituteurs publics de 1913 à 1919 », espaces Archives et Biographies
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