Souvenirs du pardon de Kerdévot par Pierre Roumégou
Un article manuscrit, inédit, rédigé en 1980, mais non publié, par le fabricien Pierre Roumegou, sur les coutumes du pardon de Kerdévot au début du 20e siècle.
Et la publication d'un reportage du correspondant local du journal Le Télégramme à l'occasion du pardon de septembre 1979.
Autres lectures : « Articles PR-Télégramme » ¤ « CERHEG - Bulletin Intron Varia Kerzevot » ¤ « Pierre Roumégou (1910-1996), penn-talabarder et correspondant local » ¤ « Les Auvergnats d'Ergué-Gabéric » ¤ « Per Roumégou à l'honneur, Le Télégramme 1982-1984 » ¤ « Caricatures d'élus, OF-LQ 1986 » ¤ « Place Pierre-Roumégou et biographie, Ouest-France et municipalité de Quimper 2008 » ¤ « Marie Gourmelen, épouse Roumégou, 100 ans de dynamisme » ¤
Autres lectures : « 1946-1952 - Ecole communale des garçons au bourg » ¤ « 1955-1986 - Les gars de la classe 1956 d'Ergué-Gabéric » ¤ « Marie Gourmelen, une écolière pensionnaire de 1917 à 1922 » ¤
Présentation
Pierre Roumégou, quand il fut mis, en 1962, en retraite de la marine et du bagad de Lann-Bihoué qu'il avait fondé, consacra son énergie à sa commune et sa paroisse d'Ergué-Gabéric. Il était fabricien de Kerdévot, et dans les années 1970-1980 il a été le correspondant local du journal du Télégramme. À ce double titre, il a montré qu'il avait une affection particulière pour la chapelle de Kerdévot. C'est d'ailleurs en cet endroit, devant le calvaire, que la photo familiale de ses noces d'or avec Marie Gourmelen sera prise en 1986.
Et en 1980 il composa, de sa très belle écriture, un article manuscrit sur les us et coutumes autour de la chapelle de Kerdévot au début du siècle. Cet écrit devait être inclus dans un bulletin de la Commission Extra-municipale de Recherches Historiques d'Ergué-Gabéric (CERHEG), mais ne fut pas publié faute de place.
On découvre dans cet article sa pleine connaissance des chemins et voies de traverses communales qui étaient empruntées par les pardonneurs de Kerdévot : « Les pèlerins qui venaient à pied de Briec (côté Moncouar) franchissaient un pont sur l'Odet et passaient par Coat Piriou, Guilly-Vian, "L'hostaliri" (Gars Halec), Kervernic, Quenécrazec, Stang Kerdales, Kerveno, Kerdévot. ».
Pour son métier de journaliste local, son atout était de connaitre toute le monde et d'avoir un bon sens de l'observation : « Toutes les personnes désignées pour porter une enseigne donnaient un pourboire au recteur, ceci se faisant dans la sacristie. Ceux qui, pour une raison quelconque, n'avaient pas pu assister au pardon n'étaient pas oubliés : ils recevaient des bonbons achetés aux Romanichels. »
Comme Pierre était également conseiller municipal, l'autre correspondant vedette du journal Ouest-France, Laurent Quevilly, lui dédicaça en 1986 son premier dessin d'une série de caricatures d'élus : « A mi-mandat, il est plus que temps de vous faire le portrait de nos élus. C'est qu'ils sont 29 les bougres ! Alors pour ouvrir le ban : honneur au doyen. Et celui-là, nul n'est besoin de le présenter. »
Dans les colonnes du Télégramme, Pierre Roumégou a régulièrement fait des compte-rendus des pardons de début septembre à Kerdévot. Celui de 1979 en est un exemple, un peu développé. Et cette fois, le journaliste a bien pris des photos, il n'a pas oublié de mettre une pellicule dans son appareil, et cela arrivait assez souvent, parait-il !
Et cette année 1979, les traditions bretonnes furent respectées : « Puis, ce fut la grande procession très suivie par la majorité des personnes présentes et dans laquelle nous avons remarqué, parmi les porteurs d'enseignes et de croix, des femmes et des hommes portant le costume breton, carence qui avait été tant déplorée l'an dernier. »
Transcriptions
Article manuscrit de 1980
Kerdévot
Comme nous le savons, le pardon de Kerdévot attire encore chaque année des centaines de fidèles venant des paroisses avoisinantes : Quimper, Elliant, St Yvi, Lagolen, Landudal, Briec, St Evarzec et parfois de plus loin et bien sûr d'Ergué-Gabéric.
Actuellement, ceux-ci se déplacent soit en car soit en voitures particulières pour se rendre au pardon, assistent aux offices du matin, retournent en général chez eux pour le repas de midi et reviennent pour les vêpres. Il n'en a pas toujours été ainsi ; en effet il y a seulement une cinquantaine d'années, il était plus difficile de sr rendre à ce pèlerinage autrement qu'à pied. Certains bien sûr arrivaient en char à bancs jusqu'à Kerdévot, mais d'autres, ceux qui venaient par exemple de Landudal ou Langolen laissaient leur attelage à Kernaon ou Kervéguen et continuaient leur chemin à pied en empruntant les talus ou les sentiers pour arriver à bon port. Le chemin entre la route de Coray et Kerdévot n'existant pas, les chaussures étaient en général toutes crottées en arrivant, aussi beaucoup partaient avec deux paires de chaussures, sabots ou socques pour faire la route, et une paire de souliers qu'on chaussait en arrivant à Kerdévot. Les habitants du bourg, quant à eux, empruntaient une voie charretière qui rejoignait la route d'Elliant au lieu-dit le Réunic. De cette voie il reste un tronçon qui est devenu Rue / Hent "Carn ar Groas Var". Les pèlerins qui venaient à pied de Briec (côté Moncouar) franchissaient un pont sur l'Odet et passaient par Coat Piriou, Guilly-Vian, "L'hostaliri" (Gars Halec), Kervernic, Quenécrazec, Stang Kerdales, Kerveno, Kerdévot. Quant à ceux de Lestonan, ils avaient aussi leur sentier particulier : Pen-Carn Lestonan, Kervreyen, Mezanlez, Menez Kerdévot.
Article publié en 1979
Ergué-Gabéric.
Pardon de Kerdevot : les costumes bretons étaient là.
Le pardon de N.-Kerdévot a terminé ce dernier week-end la série des grands pardons de notre région. Comme les années précédentes, celui-ci a attiré de nombreux pèlerins venus de Quimper et des paroisses environnantes.
Ce qui nous a le plus frappé dans ce pardon, c'est le grand nombre de fidèles, 800 environ, qui s'étaient déplacés samedi soir pour assister à la célébration pénitentielle suivie d'une procession aux flambeaux.
Cette cérémonie, nous l'avions déjà constaté ces dernières années, est de plus en plus fréquentée par des fidèles désireux de célébrer le pardon dans une atmosphère plus calme et donc plus propice à la réflexion.
Le dimanche, nombreux, plus nombreux que l'an passé, étaient les pardonneurs venus assister aux divers offices. Combien étaient-ils ? 2.500, 3.000 personnes ? Il est difficile de se prononcer.
Tous se prononcèrent dès 15 h pour la célébration mariale. Puis, ce fut la grande procession très suivie par la majorité des personnes présentes et dans laquelle nous avons remarqué, parmi les porteurs d'enseignes et de croix, des femmes et des hommes portant le costume breton, carence qui avait été tant déplorée l'an dernier.
Le salut du Saint-Sacrement mit fin aux cérémonies qui se terminèrent par le cantique de N.D. de Kerdévot chanté par tous les assistants.
Originaux
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