Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdévot, l'Impartial du Finistère 1871
Un compte rendu de pèlerinage de Quimpérois à Kerdévot, publié dans le N°28 de l'Impartial du Finistère daté du 12 avril 1871 [1], après le retour des soldats survivants du conflit franco-prusse de 1870.
Autres lectures : « Kemperiz e Kerzevot, Quimpérois à Kerdévot, Feiz ha breiz 1870 » ¤ « Pardonerien e Kerdevot, Pardon à Kerdévot, Feiz ha breiz 1871 » ¤ « Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Un peintre "persona non grata" à Kerdévot, Le Quimpérois 1842 » ¤
Présentation
Ce pèlerinage fait suite à celui qui eut lieu le 20 juillet 1870 alors que le conflit venait d'éclater, et que les jeunes soldats allaient partir au front.
En mai 1871 cette nouvelle procession est organisée, et le journal chrétien la relate avec emphase : « Réellement, il était beau, le spectacle qu'offrait cette procession. En tête marchaient les jeunes gens les plus forts et les plus robustes du pays portant la croix et la bannières ».
La cérémonie est présidée par l'abbé de Lézéleuc [2], chanoine titulaire et grand vicaire de Quimper.
Un mois après, le 4 mai 1871, un pardon aura lieu à Kerdévot, et une plaque de marbre blanc y sera apposée en l'honneur des soldats français, avec une inscription, vraisemblablement en breton si l'on croit le journal « Feiz ha breiz » : « Merk a Anaoudegez vad da I.-V KERDEVOT Evit ar skoazel E deus teurvezet rei D'hor Soudardet, Mobilet, Ha Mobilizet. 1871. ».
Transcription
Nouvelles religieuses
Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdevot
Jeudi dernier, 4 avril, dès le matin, de nombreux pèlerins se rendaient de Quimper
On ne pouvait s'empêcher de se sentir ému en voyant les braves soldats de l'ambulance de St-Joseph, revêtus de leurs costumes variés suivant les corps auxquels ils appartiennent, et portant encore pour la plupart la trace des glorieuses blessures reçues en défendant la patrie.
Au retour de la procession, tout le monde s'étant groupé près des murs du petit cimetière qui avoisine l'église, Monsieur de Lézéleuc [2] prit la parole. Dans un discours plein d'à-propos et d'actualité, il sut avec un tact exquis tirer un merveilleux parti de la fête qui se célébrait en ce jour, la fête de Sainte Monique. Il nomma cette journée le jour des mères ; mais c'est surtout quand il représenta ces mères venant au milieu des plus rudes de l'hiver, sans craindre la pluie ni le froid, s'agenouiller dévotement sur les dalles de ce sanctuaire béni pour prier Marie de leur ramener leurs enfants, c'est surtout alors que l'émotion fit à son comble. Nous avons pu voir alors bien des larmes couler des yeux de ceux qui nous entouraient. Après avoir représenté les mères priant comme Monique pour leurs enfants au milieu du danger et demandant pour eux la conservation du corps et encore plus celle de l'âme, l'orateur les représenta participant maintenant à la joie que Monique a éprouvée après la conservation de son fils.
Mais, nous nous arrêtons, car nous sentons bien qu'en cherchant à reproduire les pensées de l'orateur nous les affaiblissons. Il termina son émouvante instruction en demandant aux assistants une prière pour ceux de nos frères qui ont succombé dans cette guerre si funeste pour la France, une prière aussi pour notre patrie et l'Église, en particulier pour notre père bien aimé Pie IX, le représentant de Notre-Seigneur parmi nous.
Le retour de la procession fut suivie d'une messe d'actions de grâces, après laquelle chacun alla prendre sa part d'un repas frugal, avant de se remettre en route pour Quimper.
Pour nous, nous n'oublierons jamais les douces et salutaires émotions de cette journée bénie.
UN PÈLERIN
Coupures
Annotations
- ↑ Information et document communiqués par Pierrick Chuto, passionné d'histoire régionale, auteur de nombreux articles (Le Lien du CGF, La Gazette d'Histoire-Genealogie.com ... ) et de livres sur les pays de Quimper et du Pays bigouden. Tous ces livres sont disponibles sur http://www.chuto.fr (paiement CB possible) ou en librairie. [Ses publications]
Livre paru en 2010 : « Le maître de Guengat, "Mestr Gwengad" » (Auguste Chuto né en 1808, propriétaire-cultivateur, meunier et maire). « La terre aux sabots, "Douar ar boutoù-koad" » (Louis-Marie Thomas cultivateur à Plonéis en Basse-Bretagne de 1788 à 1840) est publié en mars 2012. « Les exposés de Creac'h-Euzen - Les enfants trouvés de l'hospice de Quimper au 19e siècle » (le tour de l’hospice civil et les 3816 enfants exposés entre 1803 et 1861, réédité et enrichi en 2019) est sorti en octobre 2013 et réédité fin 2019. « IIIe République et Taolennoù, tome I, 1ère époque 1880-1905 » (l'histoire d'Auguste Chuto prédicateur de Penhars) en février 2016. Le tome 2 de la confrontation des Cléricaux et des laïcs en Cornouaille, « Auguste, un blanc contre les diables rouges (1906-1925) » sort en 2018, et en 2019 c'est le pays bigouden qui est à l'honneur : « Du REUZ en Bigoudénie, Blancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938) ». En 2021 : « Bien-aimée Marie-Anne » (belles lettres d'amour de son arrière-grand-père à sa promise). En 2023 : « L'évêque et les danses Kof ha Kof » (l’évêque de Quimper et de Léon de 1908 à 1946 en lutte contre les danses "ventre à ventre"). - ↑ 2,0 et 2,1 Léopold de Léseleuc, qui mourut évêque d'Autun en 1873, est un prêtre formé à Rome et attaché à son Finistère. C'est le véritable fondateur de Feiz ha Breiz, journal hebdomadaire en langue bretonne qui parut de 1865 à 1884. En effet c'est lui qui en 1865 persuade l'évêque de Quimper et de Léon d'alors, Mgr Sergent, de l'intérêt de créer un journal rédigé en langue bretonne pour le clergé et les habitants du diocèse. Goulven Morvan en assurera la direction et la rédaction hebdomadaire. Erreur de référence : Balise
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