MILIN Gabriel - Kanaouennou, Gwerin 1-3
Titre : | Kanaouennou, Gwerin 1-3 | ||
Auteur : | MILIN Gabriel | Type : | Livre/Brochure |
Edition : | Hor Yezh | Note : | - |
Impression : | Glanndour-Abeozen | Année : | 1961 |
Pages : | 332 | Référence : | ISBN n/a |
Cet inventaire de 99 chants au total, publié en 3 numéros en 1961-62, contient dans son tome 2 deux pages dactylographiées 227 et 228 avec le texte en breton du chant n° 78 daté de 1840 où il est question de la chapelle de Kerdévot et de toutes les chapelles de Cornouaille qu'un soldat appelé à servir en Algérie va devoir quitter.
Cette version collectée par Gabriel Milin, titrée « Kimiad eur c'hervevod d'he bro » (adieu d'un cornouaillais à son pays), inclut 6 couplets de 8 vers et un refrain impétueux « allo, allo ; allo, allo, adeo da iaouankiz, na meuz mui da c'hoarzin. » (allo, allo ; allo, allo, adieu à la jeunesse, ce n'est plus le temps de rire.).
La guerre de conquête de l'Algérie par la France est le contexte de la chanson, et plus précisément la seconde période de guérilla contre l'émir Abdelkader en 1832-1847, car la campagne d'Alger s'est achevée en 1830. En effet les soldats cornouaillais doivent embarquer pour Alger en 1839-40 : « Rak hervez prophetezou Er blavez daou uguent Gand brezel ha klevejou » (Car suivant les prophéties, en l'année quarante, par la guerre et les maladies).
Le but avoué est de combattre l'ennemi arabo-musulman, qualifié de "Maure" : « Me a meuz klevet 'Lec'h ma yaon da gombati N’euz 'met morianed O laza neket pec'het Rak n’int ket kristenien » (j'ai entendu que là où nous allons combattre il n'y a que des Maures. Les tuer, ce n'est pas péché, parce qu'ils ne sont pas chrétiens), contrairement aux Anglais, les classiques "rudes / méchants" (« gwal ») adversaires.
Le 2e couplet est entièrement à l'organisation d'un dernier pèlerinage à Ergué Gabéric : « C’hui mignonezet devod Euz a barrez Ergue, Da 'ti Itron Varia-Kerzevod, C’hui yalo adarre, Da lakat ho koulaouenn ‘Tal ann aoter heno Ha lavaret eur beden Evid potret ho pro. » (Vous, amis dévots, de la paroisse d'Ergué, chez Notre-Dame de Kerdévot, vous irez encore. Mettez vos cierges là, auprès de l'autel, et dites une prière pour les gars de votre pays.).
Page 328 l'auteur précise les autres sources déjà publiées, sous un autre titre (« Kanaouen soudard ») avec quelques variantes sur la transcription : en 1911 dans l'inventaire « Kanaouennou Breiz-Vihan d'Hyppolyte Laterre et Francis Gourvil la variante chantée par Pauline Le Moal (avec partition et traduction française), et en 1905 [1] dans la revue « Ar Vro » la toute première version collectée par l'abbé Guillerm.
Autres lectures : « Kanaouen Soudard, une chanson collectée par l'abbé Guillerm, Ar Vro 1905 » ¤ « LATERRE Hyppolyte et GOURVIL Francis - Kanaouennou Breiz-Vihan » ¤ « Jean-Marie Déguignet et sa campagne d'Algérie (1862-1865) » ¤ « Erge-Vras dans le dictionnaire diachronique de Martial Ménard et d'Hervé Le Bihan » ¤
Transcription et traduction
KIMIAD EUR C'HERNEVOD D'HE VRO 1. Ann diveza iouaden
Diskan :
2. C’hui mignonezet devod
3. Euz Palud Santez Anna,
4. Deuz Santez-Anna Vened
5. Kenavo da Rumengol
6. Red eo eta partial
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ADIEU D'UN CORNOUAILLAIS A SON PAYS 1. Le dernier cri se perd sur la montagne, adieu chanson du beau pays de Cornouaille. Adieu belle église de Quimper-Corentin, adieu à la jeunesse, adieu aux rires. Refrain : allo, allo ; allo, allo, adieu à la jeunesse, ce n'est plus le temps de rire. 2. Vous, amis dévots, de la paroisse d'Ergué, chez Notre-Dame de Kerdévot, vous irez encore. Mettez vos cierges là, auprès de l'autel, et dites une prière pour les gars de votre pays. 3. De Sainte-Anne-de-la-Palud, du haut des coteaux élevés, nous ne verrons plus pêcher dans la mer de Douarnenez. Ni lutter à Saint-Cadou, ni courir à Carhaix, ni danser au son du biniou sur les aires neuves. 4. De Sainte-Anne d'Auray, nous ne reviendrons plus avec les croix tressées, en or splendide de lumière. Nous ne reviendrons nous assembler, disputer à tous les Bretons, les rubans de la saint Sylvestre, Cornouaillais courageux. 5. Adieu à Rumengol, adieu au Folgoet, adieu à Saint-Paul, adieu au Bon-Voyage. à Notre-Dame de la Clarté, à vénéré saint Urlou, et à vénéré Saint-Ygeaux, et à tous les pardons. 6. Il faut donc partir et aller à Alger, il nous est inutile de songer à revenir à la maison. Parce que suivant les prophéties, en l'année quarante, par la guerre et les maladies, le monde changera de bout. |
7. Eunn dra deu d’am c'honsoli,
Variantes:
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7. Une chose vient me consoler, c'est que j'ai entendu que là où nous allons combattre il n'y a que des Maures. Les tuer, ce n'est pas péché, parce qu'ils ne sont pas chrétiens, non pas comme les Anglais, nos rudes adversaires. |
[p. 328] P. 227, Kan. 78 : En em gaout a ra e Kanaouennou Breiz-Vihan, gant H. Laterre ha F. Gourvil, p. 97-101, dindan an ano : Kanaouen soudard. Ur notenn er bajenn 101 a lavar eo bet embannet an hevelep son e kelc'hgelaouenn Ar Vro (Taldir), ebrel 1908 [1] : met kaer en eus bet klask, n'em eus kavet netra eno.
Testenn Laterre-Gourvil en em ziskouez distummet muioc'h pe nebeutoc'h. Traou 'zo chomet digomprenet a zo deut war vuzelloù ar ganerien da vezañ digromprenus, evel erpoz 5 eus ar mouladur ar gwerzonnoù : "Gant kroaziou drezennet, En aour kaer ha golo", a zo en hos testenn : "Gant hor c'hroasiou trezennet Eus ar ch'aera kolo" : komprenit evit ar ger "trezennet" ar galleg "tressés", da lavarout eo : kroazioù plezennet gant plouz ar c'haerañ, o soñjal er c'hroazioù bihan a vez graet evelse da vezañ douget gant ar berc'hirinet.
Annotations
- ↑ 1,0 et 1,1 La mention de l'édition d'avril 1908 de la revue « Ar Vro » est erronée, il s'agit en fait du numéro 14 d'avril 1905 : « Kanaouen Soudard, une chanson collectée par l'abbé Guillerm, Ar Vro 1905 » ¤ .