Les combats et les idées de Déguignet contre les journaux de 1870-1905
Que ces journaux soient nationaux ou régionaux, républicains ou conservateurs, l'avide lecteur Déguignet les a beaucoup critiqués, et attaqué leurs rédacteurs (Judet, Drumont, Nours, Rochefort) pour leurs positions sur des sujets comme notamment l'affaire de Panama et le procès Dreyfus.
Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Revue de Paris) » ¤ « Fête champêtre et républicaine au Cleuyou, Le Finistère et La Lanterne 1890 » ¤ « Les positions de Jean-Marie Déguignet sur l'affaire Dreyfus » ¤ « Empire, garde nationale et Commune de Paris en 1870-71 pour Jean-Marie Déguignet » ¤ « Jean-Marie Déguignet et la lutte des classes au XIXe siècle » ¤ « Témoignage de JM Déguignet sur la fermeture de l'école ND de Kerdévot » ¤
Présentation
•des publications nationales « L'Intransigeant » [1] et « La Lanterne » [2] d'Henri de Rochefort , « La Libre Parole » [3] d’Édouard Drumont, « Le Petit Journal » [4] d'Ernest Judet, « La Croix » [5] de Vincent de Paul Bailly, et « La Revue de Paris ».
•des éditions régionales « Le Courrier du Finistère » [6] de Corentin Le Nours, « Le Réveil du Finistère » de Th. Jouy, « La Dépêche de Lorient » [7] de Mathurin Rameau, « L'Action Libérale », « La Dépêche de Brest », « L'Ouvrier » d'Yves Lefèvre et « Le Finistère » [8] de Louis Hémon.
Au niveau national, principalement dans Le Petit Journal, L'Intransigeant, La Croix et La Libre Parole, la première raison des colères du mémorialiste est le traitement de l'affaire Dreyfus dans les publications catholiques : « J'en voyais par ici de vieux messieurs décorés, sur les routes, lisant La Libre Parole qui souriaient dans leurs barbes blanches, pensant sans doute qu'ils allaient pouvoir encore manger du juif, du protestant, du franc-maçon, du libre-penseur et de l'athée, avant d'aller là-haut rejoindre ceux qui en mangèrent tant jadis durant l'Inquisition, la Saint-Barthélémy et les dragonnades.»
Et il enfonce le clou : « Les lecteurs du Petit Journal, si nombreux en France, n'eurent aucun doute, assurément, sur la culpabilité du juif, puisque le journal l'affirmait. »
Le scandale de Panama est également souvent évoqué, à savoir « l'appel de Judet du Petit Journal, l'amorceur patenté de toutes les canailleries et qui reçut 630 mille francs pour ce coup d'amorce, un million d'imbéciles s'empressèrent d'aller vider leurs bas de laine dans les caisses du "grand français, Ferdinand de Leceps, Effel et compagnie". »
La contestation de la politique du ministre Émile Combes, avec ses lois d'expulsion des religieuses des écoles privées en 1902, énerve aussi Déguignet, y compris dans le journal local catholique « Le Courrier du Finistère » : « J'ai sous les yeux un journal catholique, moitié breton, moitié français, dans lequel il est dit que Combes, le renégat et scélérat, serait, d'après la loi, leur loi à eux sans doute, passible de la Haute Cour »
Dans le même journal, il y a même une affaire personnelle qui touche l'auteur, la fermeture de son débit de tabac suite à pression médiatique : « Le Courrier du Finistère dont le rédacteur, le célèbre Nours Corentin, fut le premier à ameuter contre moi tous les gens de Pluguffan. »
Du fait de son engagement politique passé en 1870-71, seuls les journaux républicains comme « Le Finistère » de l'homme politique et avocat Louis Hémon ou « L'Ouvrier du Finistère » sont un peu épargnés et défendus, bien qu'il exprime beaucoup de déception qu'il exprime dans une lettre qu'il envoie au premier : « Monsieur le Député. Vous me connaissez de longue date : depuis ces époques mémorables et terribles où nous luttions ensemble pour sortir la France du précipice où l'Empire l'avait jetée ... ».
Il exprime aussi un peu de reconnaissance positive pour « La Revue de Paris » où sont publiés ses premiers cahiers quelques mois avant sa mort : « Mais voici que Le Braz Anatole m'envoie un numéro de La Revue de Paris où j'ai l'agrément de voir mon nom figurer parmi les illustres écrivains. Oui, je lis en tête du numéro 24, 15 décembre : "Jean-Marie Déguignet, Mémoires d'un paysan bas-breton" ... Et il me souhaite de vivre assez longtemps, afin de jouir de mon triomphe littéraire, qui ira toujours grandissant. ».
Et enfin, il fustige le rédacteur de « L'Action Libérale de Quimper » qui combat les toutes nouvelles pensions de retraite : « "Enfin nos représentants ont voté cette loi philanthropique en un tour de main, qui vous donne envie d'être septuagénaire pour en profiter." Mais après, il se demande où pourra-t-on trouver de l'argent pour servir une pension à tous ces vieillards et invalides du travail. Je lui ai demandé où le gouvernement trouve de l'argent pour nourrir des milliards d'individus inutiles, qui ne font que du mal, sans avoir produit durant toute leur vie de quoi nourrir un moineau 24 heures. »
Citations, extraits
Multiples journaux
Intégrale, page 490.
Ces pauvres abrutis, lecteurs assidus du Petit Journal, de La Libre Parole, de L'Intransigeant et autres imposteurs et menteurs disaient mêle que le traître n'aurait pas la peine de retourner là-bas. Car il se trouverait sans doute un brave marin, un patriote à bord du navire qui l'amènerait en France pour jeter ce traître à la mer, ou sinon il serait étranglé, écrasé, massacré et mis en pièces aussitôt débarqué.
Intégrale, page 542.
Voyez et entendez ces fauves à deux pieds qui s'appellent Judet [j1] Rochefort [j2], Drumont [j3], Guérin [j4], Lemaître [j5], Coppée [j6], Jyp [j7], le père Bailly [j8] et notre illustre Corentin [j9] et des milliers d'autres cannibales hurlant tous les jours dans leurs cabinets et dans leurs journaux, réclamant du sang et de la chair à manger, demandant à ce qu'on fasse des boudins, du fromage, des saucisses et sklitous (tripes) avec les juifs, les protestants, les francs-maçons et les libres-penseurs ...
- [j1] Ernest Judet (1851-1943) : rédacteur et chef du Petit Journal, antidreyfusard.
- [j2] Victor Henri de Rochefort (1851-1913) : journaliste, politicien, partisan de la Commune, rallié à Boulanger, fondateur des journaux La Lanterne et L'Intransigeant.
- [j3] Edouard Drumont (1844-1917) : journaliste et homme politique, meneur du parti antisémite, fondateur du journal La Libre Parole.
- [j4] Jules-Napoléon Guérin (1860-1910) : président fondateur de la Ligue antisémite française.
- [j5] Jules Lemaître (1853-1914) : critique, académicien, antidreyfusard.
- [j6] François Coppée (1842-1908) : écrivain, auteur de théâtre, président d'honneur de la Ligue de la Patrie française.
- [j7] Gyp : pseudo de la comtesse de Riqueti de Mirabeau (1850-1932), écrivain antisémite et nationaliste.
- [j8] Vincent de Paul Bailly (1832-1912) : religieux, journaliste, directeur de La Croix, journal antisémite.
- [j9] Corentin Le Nours (1865-1925), rédacteur du journal Le Courrier du Finistère.
Le Finistère [8]
Intégrale, page 506.
Le journal Le Finistère blâme les électeurs sénatoriaux d'avoir voté pour ces deux candidats, Pichon et Lambert, parce qu'ils étaient patronnés par les cléricaux, et il se plaint que les républicains finistériens perdent du terrain à chaque élection. Les républicains finistériens ? Où donc ce journal a-t-il vu des républicains dans le Finistère ?
Intégrale, page 555.
En attendant je viens d'écrire à monsieur Hémon, notre député, celui-là qui me donna ce débit de tabac. Voici cette lettre :
Monsieur le Député. Vous me connaissez de longue date : depuis ces époques mémorables et terribles où nous luttions ensemble pour sortir la France du précipice où l'Empire l'avait jetée et pour l'empêcher de choir entre les mains des descendants de ces tyrans d'autrefois.
Intégrale, page 640.
Mais voici que le noble de Servigny, le nouveau conseiller général, vient de remercier ses électeurs en leur disant qu'il saura mériter leur confiance. Je ne sais pas comment : enfin on verra. En même temps, il leur dit : « Un journal, Le Finistère, a osé vous donner les noms de vendus, de déclassés, de pourritures. Non, mille fois non, les cultivateurs, les ouvriers, par lesquels je suis fier d'être élu, ne sont pas à vendre. » À vendre, si. Les ouvriers, les prolétaires, les mercenaires, sont tous à vendre et se vendent tous les jours. Ils n'ont même pas d'autres moyens d'existence. Des déclassés, ils le sont aussi puisque n'ont ni classe, ni place nulle part : ils ne sont que des parias, comme leurs confrères chinois.
La Libre Parole [3]
Intégrale, page 488.
J'en voyais par ici de vieux messieurs décorés, sur les routes, lisant La Libre Parole qui souriaient dans leurs barbes blanches, pensant sans soute qu'ils allaient pouvoir encore manger du juif, du protestant, du franc-maçon, du libre-penseur et de l'athée, avant d'aller là-haut rejoindre ceux qui en mangèrent tant jadis durant l'Inquisition, la Saint-Barthélémy et les dragonnades.
Intégrale, page 491.
Où étaient-ils maintenant tous ces braillards qui voulaient le mettre en miettes, tous ces souscripteurs de La Libre Parole qui avaient promis d'en faire des jambons, des saucisses et des boudins pour les manger en compagnie en offrant la fumée aux mânes du faussaire Henry !
Intégrale, page 493.
Mais les bons catholiques d'aujourd'hui demandent mieux que ça ; ils voudraient qu'on établisse des boucheries, des charcuteries, des confiseries, des triperies, des rôtisseries, où l'on mettrait les juifs, les protestants, les francs-maçons, les libres-penseurs et les athées en marmelade, en rôtis, en jambons, en pâtés, en fromage, en saucisses ou boudins, etc. Oui, tous ces vœux ont été exposés dans le journal catholique dirigé par cannibale Drumont, à la solde des jésuites de tout poil et de toutes robes.
Intégrale, page 495.
Ils avaient vu, par les souscripteurs de La Libre Parole, qu'il y avait en France quelques centaines de cannibales qui désiraient ardemment manger du juif, du franc-maçon et du libre-penseur.
Intégrale, page 786.
Plus rien qu'une poignée de juifs et de francs-maçons qui se disputent les derniers lambeaux de la France anéantie, de cette France si grande et si prospère autrefois, dit Léon Daudet dans La Libre Parole, dans ce journal libre, mais où les gribouilleurs ne sont libres que de mentir, de mentir toujours, et de mentir encore à qui mieux-mieux.
L'Intransigeant [1]
Intégrale, page 489.
Un de ces journaux, appelé L'Intransigeant, parce qu'il transige toujours moyennant multum argentum, non content d'accabler ces juges sous ces immondices quotidiennes, proposa de leur infliger toutes les tortures que montèrent peut-être ceux contre lesquels ils allaient prononcer l'arrêt de cassation.
Intégrale, page 745.
Cette question, dans le journal du fameux Drumont, le mangeur de juifs et de francs-maçons, est aussi posée aux lecteurs de ce journal militant : Que dire ? Que faire ? Et plusieurs lecteurs ont, paraît-il, répondu et même résolu cette question. L'un dit : « Que les sœurs, lorsqu'on viendra les expulser, se couchent à terre pour obliger les agents de la force publique à les emporter de vive force dans leurs bras. Je vous garantis que devant cet acte de violence la foule prendra fait et cause pour les bonnes sœurs et mettra les agents du ministre en fuite.
La Croix [5]
Intégrale, page 488.
Car ce général avait de l'amour propre, du cœur et du courage. Celui-là disait au procès de Zola que si ce pékin, calomniateur de l'armée, n'était pas condamné au maximum, il donnerait sa démission ... Tout cela était exposé dans toux ces journaux catholiques, depuis Le Petit Journal jusqu'à La Croix
Intégrale, page 636.
Et La Croix dit qu'elle met à la disposition de ce groupe « d'Action Libérale » toute son activité, ses prières et sa bourse. Allez donc lutter contre tout ça, surtout quand ces gens affirment impudemment qu'ils travaillent au nom de la liberté. Oui, la liberté pour eux, mais l'esclavage, la misère et la mort pour les autres.
Le Réveil du Finistère
Intégrale, page 862.
Il s'est formé ici, à Quimper, où je ne suis plus, un petit journal hebdomadaire qui se donne comme organe d'action républicaine. Action républicaine, nous en avons plusieurs comme ça en France aujourd'hui, dont toute l'action consiste dans la blague, dans des phrases, des paraphrases, des périphrases et mille autres figures de rhétorique à perte de vue et de raison mail de nul effet ... Ce pauvre journal quimpérois, dit Réveil du Finistère, dirigé, dit-on, par un professeur du lycée [j10].
- [j10] Th. Jouy, maître répétiteur au lycée de Quimper, directeur propriétaire du Réveil du Finistère.
L'Ouvrier du Finistère
Intégrale, page 738.
Mais ce savant économiste [j11], rédacteur du journal L'Ouvrier, ne croit guère lui-même en cette sacrée formule (« Mon Dieu, donnez-nous notre pain quotidien »), car après il dit « aide-toi, le ciel t'aidera ». Que le travailleur en détresse s'aide énergiquement. La manufacture est fermée : l'usine chôme, ce n'est pas une raison pour se croiser les bras.
- [j11] Yves Lefèvre (1874-1900) est le principal rédacteur du journal L'Ouvrier du Finistère, hebdomadaire brestois d'avril 1898 à mars 1900.
Intégrale, page 742.
À propos de cette fameuse providence dont je parlais tout à l'heure, je lis ici une feuille, catholique bien entendu, intitulée L'Ouvrier, dans laquelle il est dit que le bonheur en ce monde est impossible sans la foi, que cette bonne providence n'accorde ses dons qu'à ceux qui en ont une bonne dose. Et il faut naturellement que cette foi soit catholique, apostolique et romaine.
La Dépêche de Lorient [7]
Intégrale, page 544.
Lettre adressée au journal La Dépêche de Lorient, le 16 août 1900 :
À Lorient, il vient de paraître un nouveau, ni rouge, ni blanc, un bleu qui faillit être étouffé en naissant par un blanc parce qu'il eut l'audace de prendre le nom de ce dernier, un nom féminin, La Dépêche, car tous ces journaux ou plutôt ces journalistes continuent, comme durant le déballage, des fausses barbes ...
Intégrale, page 606.
Ce Rameau, dit Mathurin, de La Dépêche de Lorient, cherche dans cette loi un nouveau tremplin électoral. Et pourquoi pas, il pourrait bien le trouver. Il ne lui serait difficile de prouver au populo, si abruti soit-il, que nos prétendus représentants actuels comme leurs prédécesseurs n'ont fait que berner ce pauvre peuple par des promesses mensongères et que toutes les lois qu'ils font, vont directement contre lui.
Intégrale, page 609.
Mais notre journaliste lorientais, un qui signe Zédix, un antialcoolique, a dû avaler plusieurs pernods pour trouver l'idée qu'il vient de publier dans La Dépêche de Lorient. Son idée porte en tête : « Les ouvriers du port et la reproduction. Un enfant pour deux sous ».
Intégrale, page 682.
Je viens de voir dans un supplément de La Dépêche de Lorient, le commencement des mémoires du fameux policier Goron, dans la préface écrite par un ami, un repris de justice, celui-ci dit aussi que Goron dit la vérité, mais seulement selon lui, il faut savoir lire entre les lignes pour la découvrir « derrière la blague voulue de l'auteur ».
La Lanterne [2]
Intégrale, page 448.
Le journal La Lanterne lui-même suivit ce brave général un moment, mais lorsqu'il vit que ça allait tourner mal, il l'abandonna.
Le Courrier du Finistère [6]
Intégrale, page 556.
Cet homme avait, dans le bureau chargé des débits de tabac à la préfecture, un ami, un clérical forcené, un ami du Courrier du Finistère dont le rédacteur, le célèbre Nours Corentin, fut le premier à ameuter contre moi tous les gens de Pluguffan.
Intégrale, page 557.
Son ami, Le Nours Corentin, rédacteur du Courrier du Finistère est aussi tout dévoué à la cause républicaine aujourd'hui. À cette République qu'il appelait autrefois Mariana Frilous (Marianne au nez sale) et sur laquelle il vidait tous les matins son vase de nuit et son crachoir.
Intégrale, page 777.
Je viens d'envoyer une lettre à cet incroyable rédacteur breton du Courrier du Finistère, dont voici la copie :
À Monsieur le réacteur-chef du Courrier du Finistère, pour l'illustre Corentin-tontaine, animis caelestibus irae et ... Corentinus (colère des âmes célestes ...).
Jean, l'apôtre chéri et cousin du « fils de l'homme », fut condamné à dévorer un livre, qui fut, dit-il, très doux à la bouche, mais très amer et très douloureux au ventre. Eh bien, il ne serait pas mauvais que nos gribouilleurs actuels, journalistes et romanciers, fussent condamnés à dévorer tous les papiers qu'ils ont salis, et avec lesquels ils empoisonnent le monde.
Intégrale, page 744.
J'ai sous les yeux un journal catholique, moitié breton, moitié français, dans lequel il est dit que Combes, le renégat et scélérat, serait, d'après la loi, leur loi à eux sans doute, passible de la Haute Cour, et ses agents, de la Cour d'assises. Cela veut dire que se ces bons catolico-nationalistes avaient le pouvoir, le ministre Combes et ses agents passeraient non seulement à la Haute Cour et la Cour d'Assises, mais à la potence et à l'échafaud.
Le Petit Journal [4]
Intégrale, page 406.
Je lisais Le Petit Journal souvent, ce maudit journal qui a fait et fait toujours plus de mal aux Français que ne pourra jamais faire la peste bubonique ; mais qui reste quand même le journal le plus estimé et le plus répandu dans le pays, tellement que les Français aiment à être trompés et volés par les fripons catholiques comme par les coquins laïcs. La quatrième page de ce journal voleur est entièrement au service de tous les coquins, charlatans et filous du monde entier. Comme la première page, par l'intermédiaire d'un coquin nommé Judet, est mise au service des gros lanceurs d'affaires inconnues, d'immenses mines d'or imaginaires de Panama, impossibles et autres fumisteries catholiques et antisémites, ici se trouvent les grands coquins de la haute finance et leurs gros amis du gouvernement.
Intégrale, page 448.
C'était en ce temps-là que Boulanger, le "brrrave général", comme on l'appelait, faisait ses farces, poussé et patronné par ce fameux Petit Journal qui, ayant fini avec les voleurs de Panama, ne demandait pas mieux que de commenter une autre sale besogne, pourvu que cela remplisse ses caisses. Pour le coup d'escroquerie de Panama, il reçut pour sa part 630 mille francs, rien que pour ses articles d'amorce seulement, sans compter les annonces à cent francs la ligne.
Intégrale, page 484.
Cependant, les journaux jésuites, Le Petit Journal en tête bien entendu, affirmèrent avec de longues phrases " patriotiques " que personne ne pouvait avoir le moindre doute sur la culpabilité du traître, quoique personne n'avait vu ni connu rien du tout dans cette affaire, pas même ceux qui le condamnèrent ; plusieurs d'entre eux l'avouèrent plus tard. Les lecteurs du Petit Journal, si nombreux en France, n'eurent aucun doute, assurément, sur la culpabilité du juif, puisque le journal l'affirmait.
Intégrale, page 495.
On sait que Le Petit Journal, dit le petit vénal, se faisait payer ses articles mensongers sur le scandale de Panama de 120 à 240 mille francs, c'est-à-dire mille francs la ligne. Dans la canaillerie des panachés et galonnés, qui était beaucoup plus grave, il en recevait au moins 2 mille francs pour chaque ligne.
Intégrale, page 488.
Car ce général avait de l'amour propre, du cœur et du courage. Celui-là disait au procès de Zola que si ce pékin, calomniateur de l'armée, n'était pas condamné au maximum, il donnerait sa démission ... Tout cela était exposé dans toux ces journaux catholiques, depuis Le Petit Journal jusqu'à La Croix
Intégrale, page 630.
Je me trompais sur l'appel de Judet du Petit Journal, l'amorceur patenté de toutes les canailleries et qui reçut 630 mille francs pour ce coup d'amorce, un million d'imbéciles s'empressèrent d'aller vider leurs bas de laine dans les caisses du « grand français, Ferdinand de Leceps, Effel et compagnie ».
Intégrale, page 633.
Il y a des millions d'individus qui lisent Le Petit Journal depuis trente ans et ne savent pas encore qu'ils ont entre les mains le journal le plus roublard, le plus coquin, le plus rouleur, le plus trompeur et le plus imposteur que les journaux du monde entier.
La Dépêche de Brest [9]
Intégrale, page 862.
Après l'évêque, est venu le sénateur Pontier de Chamaillard, réclamer aussi quelques milliers de francs pour diffamation, et les deux rédacteurs de La Dépêche de Brest réclament aussi 5 000 francs pour la même raison. Pauvres journalistes commerçants, où diable trouveront-ils tous ces milliers de francs, eux qui ne sont tous que de simples professeurs ou ouvriers.
L'Action Libérale [10]
Intégrale, page 809.
À ce sujet, le journal L'Action Libérale - lisez L'Action Liberticide - de Quimper disait : « Enfin nos représentants ont voté cette loi philanthropique en un tour de main, qui vous donne envie d'être septuagénaire pour en profiter. » Mais après, il se demande où pourra-t-on trouver de l'argent pour servir une pension à tous ces vieillards et invalides du travail. Je lui ai demandé où le gouvernement trouve de l'argent pour nourrir des milliards d'individus inutiles, qui ne font que du mal, sans avoir produit durant toute leur vie de quoi nourrir un moineau 24 heures.
La Revue de Paris
Intégrale, page 859.
Oui, mis ce cher dévoué Le Braz m'a laissé pendant 5 ans sans réponse. Qu'est-ce qu'il a fait de mes manuscrits pendant ce temps ? ... Maintenant il fera publier les copies par fragment dans une revue quelconque, fût-ce La Revue de Paris comme il m'a dit, puis les mettra plus tard en volume.
Intégrale, page 863.
Mais voici que Le Braz Anatole m'envoie un numéro de La Revue de Paris où j'ai l'agrément de voir mon nom figurer parmi les illustres écrivains. Oui, je lis en tête du numéro 24, 15 décembre : « Jean-Marie Déguignet, Mémoires d'un paysan bas-breton ». Le Braz me disait que j'aurais bientôt « la joie légitime de voir mon nom figurer sur la plus grande revue du monde, et de trouver enfin une récompense si bien méritée ». Ma foi, au risque de déconcerter mon mentor, je lui dis ... Et il me souhaite de vivre assez longtemps, afin de jouir de mon triomphe littéraire, qui ira toujours grandissant à mesure que la publication de mes mémoires avancera, et surtout lorsqu'ils seront mis en volume.
Annotations
- ↑ 1,0 et 1,1 L’Intransigeant est fondé par Eugène Mayer, directeur de La Lanterne. Le journal suit les revirements politiques de Rochefort qui en est le rédacteur en chef : d'abord socialiste, L'Intransigeant critique dans un premier temps la politique des républicains opportunistes, en particulier Jules Ferry. Le quotidien se rallie ensuite au boulangisme, puis au nationalisme, participant en 1898 au déchaînement antisémite contre Dreyfus.
- ↑ 2,0 et 2,1 La Lanterne est un journal satirique, anti-clérical et anti-Napoléon III. Il est créé en 1868, et est au départ dirigé par le journaliste et homme politique Henri Rochefort (1831-1913). Quotidien, puis bi-hebdomadaire, il cesse de paraître en 1895.
- ↑ 3,0 et 3,1 La Libre Parole est un journal nationaliste et antisémite fondé en 1892 par Edouard Drumont.
- ↑ 4,0 et 4,1 Le Petit Journal est un quotidien parisien républicain et conservateur, fondé par Moïse Polydore Millaud, qui a paru de 1863 à 1944. A la veille de la guerre de 1914-18, c'est l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, et Le Journal. Il tire à un million d'exemplaires en 1890, en pleine crise boulangiste.
- ↑ 5,0 et 5,1 Si le père Emmanuel d'Alzon (1810-1880), assomptionnistes, est à l’initiative du journal La Croix en 1883, le véritable promoteur en est le père Vincent de Paul Bailly. Le journal se réclame ouvertement chrétien et catholique, même si les choix éditoriaux qui en découlent ont pu évoluer au cours de son histoire. L'affaire Dreyfus voit La Croix céder à une dérive antisémite et, lorsque la falsification du colonel Henry est découverte, le quotidien n’en tiendra pas compte.
- ↑ 6,0 et 6,1 Le « Courrier du Finistère » est créé en janvier 1880 à Brest par un imprimeur Brestois, Jean-François Halégouët qui était celui de la Société anonyme de « l'Océan » qui éditait à Brest depuis 1848 le journal du même nom, et par Hippolyte Chavanon, rédacteur en chef commun des deux publications. Le but des deux organes est de concourir au rétablissement de la monarchie. Le Courrier du Finistère est, de 1880 à 1944, un journal hebdomadaire d'informations générales de la droite légitimiste alliée à l'Église catholique romaine jusqu'au ralliement de celle-ci à la République. Il est resté ensuite le principal organe de presse catholique du département, en ayant atteint un tirage remarquable de 30 000 exemplaires en 1926. Rédigé principalement en français, il fait une place remarquable à la langue bretonne, qui est, alors, pour certains ruraux, la seule langue lisible, grâce à l'enseignement du catéchisme. Ayant continué de paraître pendant l'Occupation allemande (1940-1944), Le Courrier du Finistère fait l'objet d'une interdiction de parution. Pour lui faire suite, le diocèse de Quimper a suscité la création d'un hebdomadaire au contenu unique, mais sous deux titres, le Courrier du Léon et le Progrès de Cornouaille.
- ↑ 7,0 et 7,1 Titre complet : « La Dépêche de Lorient : journal des Bleus de Bretagne ». Journal de langue française, quotidien. puis bihebdomadaire, de 1900 à 1902.
- ↑ 8,0 et 8,1 Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914.
- ↑ La Dépêche de Brest est lancée le 18 novembre 1886 avec des moyens très limités et succède à l’Union Républicaine du Finistère créée 10 ans plus tôt. Quotidien, il sera même biquotidien durant des périodes d’actualité forte, comme lors de la première guerre mondiale, avec une édition du matin et une édition du soir. Installé rue Jean Macé à Brest (à l’époque rue de la rampe), à l’emplacement des locaux actuels du Télégramme, La Dépêche de Brest poursuivit son évolution jusqu’au 17 août 1944. Ce jour là, en application de la nouvelle réglementation de la Libération, les biens de la Dépêche furent mis sous séquestre. L’ensemble du matériel est alors loué au Télégramme, nouveau titre autorisé par le Comité régional de l’information.
- ↑ Le journal « L'Action libérale de Quimper » a été lancé le 31 décembre 1902. L'Action libérale ou Action libérale populaire (1901-1919) était un parti politique français de la Troisième République représentant les catholiques ralliés à la République. Le journal de Quimper deviendra « L'Indépendant du Sud-Finistère ».