Le témoin GA Bolloré, le 6 juin et après, Jean Lebrun France-Inter
La biographie d'un gabéricois très actif, depuis son engagement dans les commando Kieffer et ses multiples activités industrielles, littéraires et scientifiques.
L'émission radiophonique « La Marche de l'histoire » du 7 juin 2019 consacrée à Gwenn-Aël Bolloré, avec commentaires, illustrations sonores et interviews.
Autres lectures : « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré, 25 ans après, sur la plage du débarquement du 6 juin 1944 » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944 » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche » ¤ « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe » ¤ « GUILLAMOT Loeiz - Gwenn-Aël Bolloré » ¤ « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres » ¤
Présentation
Sur les ondes de France-Inter, dans son émission hebdomadaire du vendredi 7 juin, Jean Lebrun a produit une belle émission documentaire sur une figure gabéricoise, Gwenn-Aël, avec principalement son engagement dans la Résistance en Angleterre et le jour du débarquement en 1944 : « Il était l'un des 177 du commando Kieffer, et il avait, le 6 juin, 19 ans. »
De nombreux témoignages et interview forment des illustrations sonores inédites : « Tout-à-coup on a ouvert le capot et on nous a dit quelque-chose qui voulait dire : "C'est l'heure !". On est monté sur le pont, il faisait encore nuit. Et un silence total. On n'entendait rien. Et puis le jour est monté, relativement rapidement. Mais au début on a vu, dans un silence total, une toute petite ligne qui était les côtes de France. Dans le silence total. »
Et un souvenir émouvant est retransmis de la première émission télé de 1965 « Au rendez-vous des souvenirs » animée par Marina Grey : « Je recherche un enfant que j'ai vu le 6 juin 1944 à Bénouville, à qui j'ai donné un petit pingouin en peluche. ». L'appel lancé fonctionne, car ils retrouvent l'enfant grandi que cherchait Gwenn-Aël Bolloré, à savoir une femme mariée prénommée Claudine. Sur le plateau de TV ils auront l'occasion de se remémorer cette fameuse journée du 6 juin 1944.
Dans son livre « Nous étions 177 » écrit en 1964, il en parle ainsi : « Dans un coin, un gosse pleure. Je lui donne mon fétiche : un petit pingouin en peluche accrochée à mon havresac. Il est maculé de boue, mais cela suffit à remettre l'enfant en joie. »
Au micro de Marina Gley il en fait une sorte de symbole d'humanité : « Jusqu'à ce moment c'était l’apocalypse, nous avions vu des morts et des gens qui étaient chargés de donner la mort, et tout d'un coup un enfant qui pleure, et ça c'était très important pour moi. »
Enregistrement et transcriptions
Les 28 minutes de l'émission :
Extrait du récit du débarquement de GA rapporté dans « La marche de l'histoire » :
Tout-à-coup on a ouvert le capot et on nous a dit quelque-chose qui voulait dire : "C'est l'heure !". On est monté sur le pont, il faisait encore nuit. Et un silence total. On n'entendait rien. Et puis le jour est monté, relativement rapidement. Mais au début on a vu, dans un silence total, une toute petite ligne qui était les côtes de France. Dans le silence total.
Le récit du pingouin en peluche extrait du livre « Nous étions 177 » :
À Colleville [1], la tête de colonne se fait plus sérieusement accrocher, mais l'affaire n'est pas vraiment grave, et nous avons le droit de boire un verre chez l'habitant pendant que les estafettes dégagent la route.
Dans un coin, un gosse pleure. Je lui donne mon fétiche : un petit pingouin en peluche accrochée à mon havresac. Il est maculé de boue, mais cela suffit à remettre l'enfant en joie.
Ce rire valait le déplacement.
Dans "La marche de l'histoire" '00:08:45 - 00:11:32), extraits de l'émission TV de 1965 « Au rendez-vous des souvenirs » animé par Marina Grey pour le récit du pingouin :
Monsieur Bolloré, qui êtes-vous, votre prénom ? Mon prénom c'est Gwenn-Aël. Breton. 39 ans. Industriel. Dîtes-nous qui vous recherchez. Je recherche un enfant que j'ai vu le 6 juin 1944 à Bénouville, à qui j'ai donné un petit pingouin en peluche. Nous avions débarqué le 6, et après nous nous sommes regroupés et nous sommes partis à l'intérieur des terres pour passer le Pegasus Bridge, c'est-à-dire traverser l'Orme. Il y avait eu beaucoup de morts et beaucoup de blessés. J'étais infirmier, notre médecin le docteur Lion a été tué le 6 juin et que l'autre infirmier a été blessé et évacué. Et le médecin anglais avait été également évacué. A la fin du débarquement des 177 je crois que nous n'étions plus que la moitié. Et pour toute la campagne, nous avons été 25 à ne pas être blessés, j'ai eu cette chance.
Nous somme arrivés à Bénouville, et là la tête de la colonne s'est fait accrochés par une patrouille allemande. Nous sommes rentrés dans une maison pour nous mettre à l'abri parce qu'il y avait des tirs de mortiers. Et là il y avait un enfant, un gosse assis par terre qui pleurait. Jusqu'à ce moment c'était l’apocalypse, nous avions vu des morts et des gens qui étaient chargés de donner la mort, et tout d'un coup un enfant qui pleure, et ça c'était très important pour moi.
Il se trouvait un peu peu hasard que j'avais sur moi un petit fétiche, un pingouin en pluche que j'avais ramené de France, auquel je tenais pas mal. Quand j'ai vu ce petit gosse, je lui ai donné ce pingouin et, hormis le fait de mettre le pied sur le sol français, c'est la chose qui m'a fait le plus plaisir.
L'appel lancé par l'émission de Marina Grey a fonctionné, ils ont retrouvé l'enfant grandi que cherchait Gwenn-Aël Bolloré, à savoir une femme mariée prénommée Claudine. Sur le plateau de TV ils auront l'occasion de se remémorer cette fameuse journée du 6 juin 1944.
Annotations
- ↑ Il s'agit de Colleville-Montgomery, anciennement Colleville-sur-Orne, commune française située dans le département du Calvados, à proximité de Bénouville.
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