L'indulgence plénière du pardon de Kerdévot, Le Progrès du Finistère 1915-16
Une invitation à la pratique religieuse pour le grand pardon de Notre-Dame de Kerdévot : depuis le samedi 16H jusqu'au lundi les pèlerins peuvent assister aux messes, processions, vêpres, confessions, et peuvent même bénéficier d'une indulgence plénière [1] pour leurs défunts.
Autres lectures : « Chapelle et pardon de Kerdévot, cartes postales Villard, 1880-1910 » ¤ « Le livre d'or gabéricois de la Grande Guerre, Le Progrès du Finistère 1915 » ¤ « Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Les caravanes de pèlerins au pardon de Kerdévot, Courrier/Progrès du Finistère et SR 1911 » ¤
Présentation
Le pardon de Kerdévot, même pendant les années de guerre, était toujours annoncé par voie de presse, en l’occurrence le journal local d'obédience catholique « Le Progrès du Finistère » [2].
Ces mêmes journaux, ainsi que la revue diocésaine « La Semaine Religieuse » en faisait aussi le compte-rendu détaillé, avant 1914 et après 1918, mais cela ne fut pas le cas en 1915 et 1916. Sans doute parce l'assistance y était moindre, les hommes étant retenus au front. En septembre 1915 le même journal local dans son « Livre d'or cornouaillais » note déjà ces chiffres : « 21 morts pour la France, 30 prisonniers de guerre, 15 disparus et 31 blessés ».
On sent bien qu'en ces années-là l'esprit n'était pas vraiment à la fête à Kerdévot : en 1915 on note seulement la présence annoncée d'un chanoine et de l'économe du Grand Séminaire pour assister les prêtres en charge des confessions, et en 1916 aucune autorité diocésaine n'est présente.
Par contre les pèlerins sont quand même invités à venir faire pénitence lors des nombreux offices : pas moins d'une dizaine de messes (dont six le dimanche de 5 heures du matin à 10h), 2 vêpres, 3 processions, 2 bénédictions du Saint-Sacrement [3], et bien sûr les confessions individuelles pour le pardon des pêchés.
Et le summum du pardon est donc ceci : « Une indulgence plénière [1], applicable aux âmes du purgatoire, peut être gagnée (aux conditions ordinaires) ».
Dans l'Église catholique romaine, l’indulgence plénière [1] est la rémission totale devant Dieu de la peine temporelle encourue, c'est-à-dire du temps de purgatoire, pour un péché qui a déjà été pardonné lors d'une confession.
L'indulgence de Kerdévot n'était pas accordée au pèlerin pour lui-même, mais pour les « âmes du purgatoire », c'est-à-dire pour ses proches défunts qui étaient encore au Purgatoire pour expier leurs fautes. Les conditions pour bénéficier de l'indulgence sont dites « ordinaires », soit donc vraisemblablement l'obligation formelle de se confesser, de communier et de faire une prière canonique.
Transcriptions
Édition du 4 septembre 1915
Nouvelles départementales. Ergué-Gabéric. Grand pardon de N.-D. de Kerdévot, le dimanche 12 Septembre.
Le samedi 11, à 4 h. du soir, premières vêpres [4] ; procession et bénédiction du T. Saint-Sacrement [3].
Avant et après les vêpres [4], jusqu'à 6 h. 1/2, les confesseurs se tiendront à la disposition des pèlerins.
Le dimanche 12, à partir de 5h, les messes se succèderont, sans interruption, jusqu'à la grand'messe. À 10 h., procession ; grand'messe chantée par M. le chanoine Quéinnec. Sermon par M. Le Jollec, économe du Grand Séminaire.
À 3 h., vêpres [4] solennelles ; procession ; bénédiction du T. Saint-Sacrement [3].
N. B. - Une indulgence plénière [1], applicable aux âmes du purgatoire, peut être gagnée (aux conditions ordinaires), par les pèlerins de Kerdévot : 1° aux deux pardons, c'est-à-dire le dimanche de Quasimodo et le 2e dimanche de Septembre ; 2° le 4e vendredi du Carême.
Le lundi, lendemain du Pardon, on peut gagner la même indulgence. On confessera, à Kerdévot, jusqu'à la dernière messe qui se dira vers 8 heures.
Edition du 2 septembre 1916
Ergué-Gabéric. Grand Pardon de N.-D. de Kerdévot, le dimanche 10 Septembre. - Le Samedi 9 : à 4 heures du soir, premières vêpres [4], procession.
Avant et après les vêpres [4], jusqu'à 6 h. 1/2, des confesseurs se tiendront à la disposition des pèlerins.
Le dimanche 10 : à partir de 5 heures, les messes se succèderont d'heure en heure jusqu'à la grand'messe ; à 10 heures, grand'messe ; - à 3 heures, vêpres [4] solennelles, procession et bénédiction du T. S.-Sacrement [3].
N. B. - Une indulgence plénière [1] applicable aux âmes du Purgatoire peut être gagnée (aux conditions ordinaires), par les pèlerins de Kerdévot : 1° aux deux Pardons, c'est-à-dire le dimanche de Quasimodo et le 2e dimanche de Septembre ; 2° le 4eme vendredi du Carême.
Annotations
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 Indulgence, s.f. : en religion catholique, rémission totale (indulgence plénière) ou partielle (indulgence partielle) des peines temporelles (temps de purgatoire) dues aux péchés déjà pardonnés, accordée par l'Église. Expression : Gagner des indulgences. "Le promeneur qui, au pied du calvaire, dit un Pater et un Ave, a droit à quarante jours d'indulgences" (Renard, Journal,1906, p. 1070). Source : TLFi. [Terme] [Lexique]
- ↑ L'hebdomadaire « Le Progrès du Finistère », journal catholique de combat, est fondé en 1907 à Quimper par l'abbé François Cornou qui en assurera la direction jusqu'à sa mort en 1930. Ce dernier, qui signe tantôt de son nom F. Cornou, tantôt de son pseudonyme F. Goyen, ardent et habile polémiste, doté d'une vaste culture littéraire et scientifique, se verra aussi confier par l'évêque la « Semaine Religieuse de Quimper ».
- ↑ 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Saint-Sacrement, g.n.m. : eucharistie, l'hostie consacrée placée dans la custode, dans le ciboire ou dans l'ostensoir ; source : TLFi. La bénédiction (ou salut) du (Très) Saint-Sacrement est un rite paraliturgique du culte catholique. Le Saint-Sacrement, représenté par une hostie consacrée, est exposé à l’adoration de tous, soit sur un ostensoir soit dans un ciboire. Un temps plus ou moins long d’adoration suit alors, occupé par des chants, des lectures et aussi par un moment convenable de silence. Source : Dom Robert Le Gall, Dictionnaire de Liturgie. [Terme] [Lexique]
- ↑ 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 et 4,5 Vêpres, s.f.pl. : terme de liturgie catholique, heures de l'office divin, qu'on disait autrefois sur le soir, et qu'on dit maintenant pour l'ordinaire à deux ou trois heures après midi. Dire vêpres. Chanter vêpres en musique. Sonner les vêpres. Source : XMLittré. [Terme] [Lexique]