Billet du 30.12.2023

De GrandTerrier

Almanach et transcription de superstitions bretonnes


En cette fin d'année de tempérance et de sobriété, voici une nouvelle évocation des dangers des excès d'alcool, de substances hallucinogènes et de légendes bretonnes.

Au départ il y avait cet almanach des traditions bretonnes de Guy Ganachaud publié en 1984, où l'éphéméride du 15 décembre donne une légende qui aurait été racontée par un journalier gabéricois : « Ancien soldat dans les armées du roi Louis-Philippe, il a toujours affirmé avoir connu deux filles à soldats, qui avaient été précipitées dans "l'enfer froid" toutes vives. Elles y étaient devenues les juments du diable.  »

Et l'auteur de chambrer gentiment le conteur : « L'histoire ne dit pas si quelques moques de cidre, elles aussi, étaient passées par là  », une moque étant une tasse à boire avec anse.

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En réalité, l'histoire de ces juments nous était familière car elle vient bien d'un conteur gabéricois du XIXe siècle, en l’occurrence Jean-Marie Déguignet qui en a fait un texte sur les superstitions dans ses mémoires de paysan bas-breton : « Nous avions alors un vieux journalier qui logeait à la ferme. C'était un vieux soldat de Louis-Philippe qui n'avait rien appris pendant son congé (période militaire de 7 ans), pas même à parler français. »

La ferme en question était celle de Kermahonnec en Kerfeunteun où Jean-Marie avait été embauché après son enfance à Ergué-Gabéric.

Cet homme adorait raconter des légendes authentiques : « Ainsi, il disait avoir connu deux jeunes filles de mauvaises mœurs qui avaient été condamnées d'aller en enfer, où elles servaient de juments au diable ; il les avait vues voyager sous cette forme, toujours montées par de beaux cavaliers. »

Et ensuite il est question d'un maréchal-ferrant : « Le maréchal et ses assistants furent étonnés de voir que cette belle jument avait de jolis pieds de femme ; et elle dit au maréchal de lui mettre des chiffons entre les pieds et les fers ! Mais lorsque le maréchal entendit sa voix et comprit qui elle était, il dit : "Oh oui, te mettre des chiffons sous les pieds, à toi salopen ! Je vais te mettre des fers rouges, oui !" »

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Et enfin la malédiction s'abattit sur l'imprudent : « cet ingrat et inhumain n'eut plus que malheur et misère le restant de ses jours, et on disait qu'il était encore damné par dessus le marché ».


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En savoir plus : « Les deux juments du diable et le vieux soldat de Louis Philippe », Espace Déguignet




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