Billet du 12.10.2024
Une institutrice dévouée de 1886 à 1913 au bourg
L'étude du fonds 1T "Enseignement général" des Archives départementales continue à nous réserver des surprises, et notamment la carrière exceptionnelle de Melle Rolland, première directrice de l'école publique de filles du bourg.
Marie-Renée né le 27 novembre 1853 à Plomelin, dernier enfant de journalier. Elle est nommée institutrice en 1876 à Plonéour-Brignogan, puis à Saint-Evarzec, et est mutée à la rentrée de 1886 comme première directrice et institutrice de l'école de filles du bourg d'Ergué-Gabéric, où elle reste jusqu'en 1913. Elle décède à Quimper-Locmaria le 24 novembre 1919, l'acte portant les mentions « institutrice en retraite », « célibataire » et « transportée à Plomelin ».
En septembre 1886 la nouvelle école rue du Douric étant ouverte pour les garçons, la petite école communale à l'est de l'église est légèrement rénovée pour accueillir les filles. Et c'est pour en diriger la classe unique que l'institutrice Mademoiselle Rolland est mutée de Saint-Evarzec.
Son dossier académique (ADF 1T692), composé de 15 rapports d'inspections et autres formulaires ou lettres, permet de comprendre les difficultés de son poste :
- Les effectifs de l'école démarrent à 83 filles inscrites (et 75 présentes), augmentent à 116-95 jusqu'à la rentrée 1893 ; en 1894 un 2e poste d'institutrice est pourvu ; et le nombre d'élèves reste constant autour de 100 élèves jusqu'en 1913, dont une trentaine sont pensionnaires qui dorment en dortoir dans la petite école.
- En 1894, lorsque la nouvelle institutrice arrive, il n'y a toujours qu'une seule salle, de longueur 9m50 et de largeur 5m50 , au rez-de-chaussée : « les deux maîtresses sont dans la même salle qui est petite, elles parlent en même temps et se gênent l'une l'autre »
- Sur les 27 années scolaires les appréciations des inspecteurs sont dithyrambiques : « On se demande comment Melle Rolland peut obtenir d'aussi bons résultats avec 95 élèves dans une classe de 52 m2. Excellents résultats sur toutes les matières. Très aimée dans la commune. La maîtresse est très zélée et se donne tout entière à sa classe. »
- De nombreuses récompenses lui sont octroyées par l'administration : mention honorable dès 1884, médaille d'argent du 12 juillet 1896, lettre de félicitation en 1909, 2e rappel de lettre de félicitations en 1910.
- La médaille d'honneur d'or n'existant pas, la médaille d'argent de l'enseignement suit la médaille de bronze et est la plus haute reconnaissance attribuée une fois l’an par les recteurs d’académie aux instituteurs les plus méritants.
- Les locaux scolaires de l'école de filles du bourg sont plus que sommaires et délabrés : « Cour boueuse et presque impraticable. Pas de préau couvert ; des cabinets installés d'une façon déplorable. Il est regrettable que l'école soit dépourvue d'eau. »
- Après 1894, en 1900 notamment, des travaux sont entrepris pour améliorer les conditions, avec notamment le dédoublement de la salle de classe qui est salué ainsi en 1910 : « La classe, installée au 1er étage de l'immeuble est propre et convenablement entretenue, le mobilier est dans un état très satisfaisant. »
- La forte fréquentation scolaire de l'école laïque, malgré les actions de sape de l'école privée ND de Kerdévot située à quelques centaines de mètres, est due aux efforts surhumains de sa directrice : « Pour assurer les recrutements de l'école, Melle Rolland fait tout ce qu'elle peut. C'est grâce à elle qu'il y a 70 élèves. Car la municipalité est favorable à l'école concurrente. »
- En 1903 elle écrit une lettre personnelle à l'Inspecteur d'Académie dans laquelle elle demande soit une mise à la retraite anticipée pour services rendus, soit un poste moins stressant, tout en évoquant le milieu très pauvre d'où elle est issue : « Cette demande, je viens encore aujourd'hui vous la renouveler avec plus d'instances que jamais, car je m'aperçois que je ne suis plus à même de supporter toutes les fatigues que me donnent une classe et mes 28 petites pensionnaires. »
- Et elle conclut par ses mots : « J'espère qu'on n'oubliera pas que j'ai été des ouvriers de la première heure, qui ont supporté le poids du jour et travaillé à la cause de l'enseignement laïque. »

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