Billet du 07.10.2023

De GrandTerrier

Des réquisitions de fourrage en temps de guerre


L'Espace "Archives" est celui dont la migration sur le nouveau site prend le plus de temps, car il est constitué de 456 articles différents et plusieurs milliers de fichiers jpg et pdf. Néanmoins on ne s'interdit pas d'ajouter un document inédit daté de septembre 1940.

Il s'agit d'un courrier du maire d'Ergué-Gabéric adressé au directeur des services d'armistice à la préfecture de Quimper et transmis à la Feldkommandantur, ce document étant conservé aux Archives départementales du Finistère sous la cote 200 W 221.

La Feldkommandantur de Quimper installée à la Préfecture en 1940 avant d'être transférée dans le bâtiment de la compagnie d’électricité Lebon.

Mathurin Méheut, La Kommandantur, 1940.

Le contexte : le 19 juin 1940, après une campagne éclair, les premiers soldats allemands entrent dans Quimper, et trois jours plus tard, le 22 juin, l’armistice est signé. Dès juillet 1940 l’administration d’occupation se superpose à l’administration française mise sous tutelle.

À Quimper la Feldkommandantur 752 (Feld signifiant « champ » et par extension, « zone ») prend la tête du département, avec à sa tête le colonel Berendes. Pour les villes chefs-lieux de Quimper, Brest, Châteaulin, et Morlaix, les Kreiskommandanturen d’arrondissements ("Kreis" signifiant « cercle » et par extension un arrondissement allemand) sont créés.

Et enfin les Ortskommandanturen ("Ort" signifiant « lieu » ou « localité »), comme celui de Kerfeunteun, constituent les services intermédiaires de commandement militaire à l'échelon local.

Dans un 1er temps les administrations françaises ne s'adressent pas directement aux Kommandanturen, mais à un nouveau département créé spécialement au sein de la préfecture : les services d'armistice qui jouent un rôle d'intermédiaire entre les administrés et les forces d'occupation.

Le maire Pierre Tanguy s'adresse donc fin septembre 1940 au Directeur de ces services pour se plaindre des agissements des militaires allemands de la compagnie de Kerfeunteun dans le cadre des réquisitions de fourrage pour leurs chevaux :

  • « ils se ravitaillent journellement en fourrages (foin, paille et avoine) dans ma commune », et contrairement à ceux basés à Ergué-Armel « passent directement dans les fermes sans en aviser la Mairie » et sans se munir d'un bon de réquisition signé par le Maire.
  • La conséquence est que « certaines fermes ont déjà fourni des fourrages à quatre ou cinq fois différentes, de sorte qu'elles seront contraintes de vendre une partie de leur cheptel, tandis que d'autres fermes n'ont encore rien fourni. »

De plus, « beaucoup d'exploitants se plaignent que le poids réel du fourrage fourni (foin et paille) est très souvent supérieur à celui qui est payé. » et Pierre Tanguy demande à ce que les chargements réquisitionnés soient pesés, du moins « de temps à autre ».

La formulation des griefs par le maire est très mesurée : « Mes administrés en effet ne refusent nullement de fournir le fourrage nécessaire à l'armée allemande. »

La lettre du directeur du service de l'armistice est encore plus obséquieuse : « Je vous serais très obligé de bien vouloir me faire connaître s'il ne serait pas possible d'inviter Monsieur le Chef de la Kommandantur de Kerfeunteun à s'entendre avec le Maire d'Ergué-Gabéric avant de réquisitionner ces fourrages chez l'habitant. »


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En savoir plus : « 1940 - Le ravitaillement en fourrage de l'armée d'occupation », espace Archives.




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