Billet du 06.12.2025
Des instituteurs laïcs pour élèves payants ou gratuits
Cette semaine une enquête sur les premiers instits laïcs nommés à l'école communale entre 1862 et 1879, grâce au dépouillement du registre des délibérations des conseils municipaux entre 1851 et 1879 (Archives municipales d'Ergué-Gabéric).
De 1854 à 1862 ce sont des prêtres qui assurent le poste d'instituteur de l'école communale. Au total quatre religieux sortant du séminaire sont nommés par le préfet et l'inspection académiques, malgré la préférence exprimée par la municipalité pour « une école mixte dont la direction serait confiée à des sœurs ».En 1862 il faut procéder « remplacement de Mr Le Floch, instituteur communal », le dernier prêtre en poste « appelé à d'autres fonctions, ». Le conseil municipal formule sa demande ainsi : « choix d'un instituteur appartenant à une communauté religieuse à confier la direction de l'école communale à un instituteur laïque » (la mention manuscrite rayée semble indiquer que des avis contradictoires se sont exprimés !).
Dans les registres de délibérations de 1862 à 1879 on note trois noms d'instituteurs (sans leurs prénoms) :
- Labrouse, désigné comme « instituteur public provisoire », en poste de 186? à 1871, séance de novembre 1871 : « s'est démis de ses fonctions » ; « vote à l'unanimité que la direction de l'école communale soit confiée à un instituteur laïque ».
- Boële, en poste de 187?-1874, séance de janvier 1873 : « vote le reste de la somme de 1574 f 20 c à M. Boële instituteur pour son dévouement à l'école » ; mars 1874 : « une rétribution à Monsieur Boële instituteur, pour supplément à son traitement ».
- Le Gac en poste de 1876-1878(?), séance de novembre 1876 : « Le Conseil après avoir délibéré conclut à la nécessité d'un cours d'adultes et prie instamment le conseil départemental d'autoriser Mr Le Gac à ouvrir ces cours » ; novembre 1878 : « Dû à Mr Le Gac Instituteur : 40 f. ».
Dans les premières années il est question d'une « École Communale » à classe unique, mais par la suite, même s'il n'y a toujours qu'une seule classe et un seul instituteur on lui préfère l’appellation « École publique des garçons », car la préfecture et l'inspection voudraient bien l'ouverture d'une « École publique des filles ».
Il faudra attendre 1885-1886 pour que les filles puissent faire leur rentrée : une nouvelle école des garçons sera construite et les filles s'installeront dans l'ancienne école communale.
Dès 1867 il est question d'étendre le service d'instruction scolaire avec des cours d'adultes : cela sera accepté et rémunéré qu'en 1874. Et en 1877 on considère qu'il faudrait un instituteur adjoint car « la classe est trop nombreuse pour l'instituteur ».
Pendant la période étudiée, il est souvent mentionné de votes de traitements supplémentaires pour l'instituteur, ceci pour les encourager à rester en poste, notamment en 1877 : « Le maire appelle aussi l'attention du conseil sur les changements fréquents des instituteurs dans la commune. Attribuant ces changements à la trop petite rémunération donnée à l'instituteur, ... considérant que le grandissement d'élèves admis gratuitement à l'école met l'Instituteur à la tête d'une forte classe sans être rétribué en conséquence. ».
Ce ne sera qu'en 1881, avec la loi Ferry dite de « gratuité », qu'on ne fera plus de distinction humiliante entre les élèves, suivant leur capacité à payer ou non l'école. Avant cela, la commune d'Ergué-Gabéric doit fixer tous les ans en mars le taux de rétribution scolaire, c'est à dire la contribution des parents d'élèves au paiement du salaire de l'instituteur. Deux tarifs sont établis : « pour les élèves payants » (en moyenne 1 franc et 50 centimes par mois et par élève) et « pour les élèves gratuits » ou « indigents » (en moyenne 50 centimes).
