Billet du 02.11.2024

De GrandTerrier

En souvenir de Suzanne Coïc-Lozac'h, Itron Veur Pennarun


Cette semaine on voudrait honorer la mémoire d'une grande dame : suite à son décès en plein été dernier, on a rassemblé quelques sources documentaires, photographiques et sonores, notamment les enregistrements d'une veillée bilingue en novembre 2001 et l'interview en breton de sa mère Corentine en janvier 2003.

Au printemps 2023 Suzanne a eu une belle interview dans la rubrique « An Erge & c'hwi / Ergué & vous » du bulletin municipal, avec ce qualificatif dans le titre : « Paysanne et femme de tête » et une photo pleine page avec son sourire « espiègle ».

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L'article reprend les évènements qui ont façonné sa vie et son caractère. Notamment, bien sûr, la visite royale de 1990, mais aussi l'arrivée de ses parents à Pennarun, ses études littéraires et son premier métier d'institutrice, sa vie de femme de militaire en Algérie, la reprise de la ferme familiale de Pennarun en 1976, l'activité cidricole, son engagement municipal dans l'équipe de Jean Le Reste, la création du bagad An Erge Vras, et enfin les accidents et le décès de Raymond son mari.

Sans oublier sa philosophie vis-à-vis de la vieillesse : « Je ne me plains pas de vieillir : chaque jour m'apporte quelque chose. Un rien m'occupe ! Je lis beaucoup. J'ai décidé que ça va bien. ».

On voudrait aussi honorer sa mémoire avec le son de sa voix, via son discours de lancement d'une série de veillées "mémoriales" en novembre 2001 où elle incite les anciens de la commune à se remémorer et expliquer les coutumes d'autrefois, en français et en breton, ce avec le soutien de Gaëlle Martin, employée communale en charge du patrimoine, et de Pierre-Yves Pétillon de l'association Dastum.

Elle a vraiment à cœur de faciliter la parole des passeurs de mémoires : « Je suggère que l'on parle comme ça vient. On essaie, malgré tout, de parler breton, dans la mesure du possible. ... Le breton écrit n'aura de sens que s'il est parlé, le breton que nous parlons. Wechoù vez, on a le droit de parler français ou breton, ça n'a pas d'importance, même si c'est en français pour les 3/4. De toutes façons il y a des expressions en breton qu'on va sortir forcément. »


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Et ensuite les langues se délient pour aborder le quotidien en pays gabéricois il n'y a pas si longtemps : Mizioù du (les mois noirs), Gouel Mikael (la foire aux gages), Les travaux, Les journées, Ar mevel braz, Ar paotr saout, Ar bern foenn, Avaloù ha sistr, Ar beterabez, An abardaez, An aman, Miz here, Les cultures et les saisons, Ar grampouz ...

Un an plus tard en janvier 2003, dans le mêmme esprit, elle organise l'interview de sa mère Corentine Coïc, maîtrisant bien le parler local, et qui se présente ainsi : Corentine Salaun eo ma anv - n'ankounac'hait les trémas war an u - ganet e naontek kant pevarzek e Kervorvan. » (Mon nom est Corentine Salaun, ne pas oublier de mettre un tréma sur le u, née en mille neuf cent quatorze à Kermorvan).

Et ensuite s’enchaînent pendant presqu'une une heure, toujours dans un breton très fluide, les premiers souvenirs d'enfance, l'école et les vacances, les distractions au bourg, l'arrivée à Pennarun, le personnel et l'élevage, l'utilisation de la lande, l'entretien des talus, la vente du lait, l'abattage des cochons, les cultures, les pommes de terre, et enfin les chevaux (Al loen kezeg).


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En savoir plus : « Suzanne Coïc-Lozac'h, Itron Veur, Grande Dame de Pennarun », espace Biographies.




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