1853-1859 - Serments et hommages municipaux à l'empereur

Des délibérations datées de 1852, 1855, 1856 et 1859 pour acter les actes d'allégeance à l'empereur Napoléon III, à savoir les serments d'installation des deux maires successifs, et les deux lettres d'hommage suite à la naissance du prince impérial et la fin de la campagne d'Italie.

Source : registre relié de 115 pages recto-version, c'est-à-dire 230 folios, conservé aux Archives municipales et couvrant les délibérations du 12 mars 1851 au 1er juin 1879. Dans ce registre on trouve aussi en 1867 une adresse envoyée suite à l'attentat raté de 1867 (cf. article séparé précédemment publié).

Autres lectures : « 1851-1879 - Registre des délibérations du conseil municipal » ¤ « Pierre Nédélec, maire (1846-1855) » ¤ « Michel Feunteun, maire (1855-1862) » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « 1867 - Lettre à l'Empereur Napoléon III suite à l'attentat du 6 juin » ¤

Présentation

Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte, un an jour pour jour après son coup d'État du 2 décembre 1851, fonde le second Empire. Il devient officiellement « Napoléon III, Empereur des Français » avec le "sénatus-consulte" publié le 2 décembre 1852, date anniversaire symbolique du coup d’État, du sacre de Napoléon Ier et de la victoire d’Austerlitz.

L'article 14 de la constitution révisée contient désormais un article 14 qui oblige « les ministres, les membres du Sénat, du Corps législatif et du Conseil d'Etat, les officiers de terre et de mer, les magistrats et les fonctionnaires publics prêtent le serment ainsi conçu : " Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l'Empereur" ».

Cette obligation est donc obligatoire pour le maire et les nouveaux conseillers élus de la commune d'Ergué-Gabéric. Et ils le font solennellement le 6 mars 1853 pour le deuxième mandat du maire Pierre Nédélec et le 12 août 1855 pour la nomination par le préfet de son successeur Michel Feunteun.

À noter que Pierre Nédélec, que Déguignet (Intégrale de ses Mémoires, page 82) le décrit comme ayant des convictions politiques très changeantes. Ainsi, lorsque le roi Louis-Philippe est au pouvoir il le soutient, et, après la révolution de 1848, il fait détruire la statue du roi déchu en incitant ses administrés à lui jeter des pierres : : « Vous allez ramasser des cailloux et vous allez tirer dessus, et le premier qui lui cassera sa pipe aura un sou ».

Dans la continuité de son prédécesseur Michel Feunteun envoie en mars 1856 ses félicitations enjouées à l'Empereur : « Le conseil municipal s'empresse de faire parvenir jusqu'à votre trône l'expression de la joie qu'a fait naître dans tous les cœurs la nouvelle de l'heureuse délivrance de notre Impératrice et de la naissance du prince Impérial. »

Et en 1859 il réitère avec une autre adresse ^[1] pour la fin de la campagne d'Italie pour témoigner de « l'hommage de son respect, de son amour et de son dévouement inaltérable » afin de remercier l'Empereur de « en nous préservant au milieu de tous les dangers, continue(r) à veiller sur vos augustes personnes si chères à la nation entière et en particulier au peuple breton ! » et de conclure par la formule consacrée « Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le prince Impérial ! ». Toute cette emphase pour célébrer l'engagement de la France dans la guerre d'indépendance italienne et les victoires militaires de Magenta et de Solferino.

Transcriptions

Folio 15, 6 mars 1853

Le maire après avoir donné lecture du bulletin administratif, ensuite de quoi chacun d'eux appelés dans l'ordre du tableau a prêté à haute voix le serment exigé dans la loi : Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l'Empereur.

Folio 25, 12 août 1855

... avaient été élus conseillés municipaux par suite du renouvellement intégral du conseil municipal et après avoir lu la formule du serment prévue par l'article du sénatus-consulte du 25 décembre 1852, ... de l'article 14 de la Constitution et ainsi conçu :

Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l'Empereur.

...

Folio 36, 29 mars 1856

Naissance du prince impérial le 16 mars 1856

Séance extraordinaire du 23 mars

Signatures : Lepetillon, Le Corre, Le Roux Louis, Guillamet, Riou, ??, Feuteun, Laureny, Quelven.

L'an 1856, le 23 mars, le conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric, réuni en séance extraordinaire par autorisation de Mr le Préfet du finistère en date du 19 courant a voté à l'unanimité l'adresse suivante.

Sire,

Organe de la commune qui l'a élu, le conseil municipal s'empresse de faire parvenir jusqu'à votre trône l'expression de la joie qu'a fait naître dans tous les cœurs la nouvelle de l'heureuse délivrance de notre Impératrice et de la naissance du prince Impérial.

Notre église retentit encore des hymnes d'actions de grâces que nous venons d'adresser à Dieu pour cet immense bienfait.

Nous appelons de tous nos vœux, Sire, les bénédictions du ciel sur votre majesté, sur l'Impératrice et sur cet auguste enfant destiné à perpétuer un gouvernement à qui nous devons le repos et la prospérité.

Le conseil d'Ergué-Gabéric a l'honneur d'être, Sire, avec respect, de votre majesté, le très obéissant sujet.

Folios 61 et 62, 10 août 1859

Séance du 10 août 1859

Présidée par Mr le Maire.

Présents : M.M. Mahé, Riou, Le Berre, Le Roux (Allain), Quelven, Guillamet, Laurent, Signour, Le Corre, Feunteun (François), Le Grand, Pétillon, et le maire.

Sur la proposition de Mr le maire, le conseil vote à l'unanimité l'adresse suivante à l'Empereur :

Sire,

Plusieurs fois déjà, le conseil municipal de la commune d'Ergué-Gabéric, au nom de la population qu'il représente, a eu l'honneur de faire parvenir au pied de votre trône l'hommage de son respect, de son amour et de son dévouement inaltérable, pour votre majesté, Sire, pour votre bien aimée Impératrice et pour le prince Impérial.

En présence des grands succès que vous venez d'accomplir, c'est un besoin pour nos cœurs de vous renouveler l'assurance de ces sentiments, pour vous, Sire, qui, après avoir conquis à la France, une gloire immortelle, avez, par votre modération, assuré le respect du monde ; pour notre bien aimée Impératrice qui, par sa douce autorité a su maintenir, pendant la guerre, l'ordre et le travail au sein du pays.

Permettez-nous d'unir nos voix à celles qui vous acclament de toutes parts et daignez agréer l'humble expression de notre respectueuse gratitude.

Puisse le ciel, qui a exaucé nos ferventes prières, en nous préservant au milieu de tous les dangers, continue à veiller sur vos augustes personnes si chères à la nation entière et en particulier au peuple breton !

Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le prince Impérial !