Ur trakt evit votadegoù e 1883-84
Pour les élections municipales de 1883-84, la bataille fut rude entre les conservateurs et les républicains.
Le tract ci-dessous [1], signé du pseudonyme "Yann ar Peoc'h" ou "Jean de la Paix", explique pourquoi, bien qu'ayant voté pour Louis Skividan [2] la fois dernière, il ne votera pas cette fois-ci pour la tête de liste de l'opposition républicaine, qui en l'occurrence était Louis Guyader [2], domicilé à Squividan.
Le 18 mai 1884 le maire [3] élu sera le chef de file des conservateurs, Hervé le Roux de Mélennec, lequel conservera son titre jusqu'en 1906.
Autres articles : « Hervé Le Roux, maire (1882-1906) » ¤ « Louis Guyader (1842-1920) de Squividan, agriculteur républicain » ¤ « Jean Hascoët, recteur (1897-1908) » ¤ « 1900 - Demande préfectorale de déclassement du recteur par trois républicains » ¤
Texte en breton et traduction
TEXTE EN BRETON [4]
Paotred An Erge - Vras,
Ar wech diwezhañ oa bet eleksion, me am-boa votet evit Louis Skividan [2] hag e listenn. Ne damallan ket anezho da vezañ klasket konduiñ aferioù ar barrez, rak goude tout, pep hini en-deus droad da bresañtiñ, er marc'had, e varc'hadourezh, neus forzh pe ger fall kalite e vez ; mes ne c'hell ket forsiñ den d'e brenañ.
Ar wech diwezhañ eta, am-boa votet evit Louis Skividan [2] hag e listenn : en dro-mañ, avat, ne votin ket evito, ha setu amañ perak :
Bremañ oa komañset adarre tud ar barrez da vezañ amezeien : disoñjet hon-doa an tammik dispac'h oa bet etrezo ar bloaz paseet. Gwelet 'zo bet frikoioù e pere e veze amezeien an div listenn ober asamblez ur barti kartoù pe ur barti kilhoù, heb disañsion na facheri ebet.
Ha bremañ ?
Deut eo Louis Skividan [2] gant e listenn da zigor ar gouli oa kazi pare ! Evit ampech na c'hoarvefe mui ur seurt taol, me ho ped tout, va mignoned, da roïñ d'ar bemp a zo ar penn-kaoz eus ar freuzh ha d'ar re a heulh anezho, ur gentel a ne zisoñjfent ket anezhi, en ur votiñ evit hor Maer kozh [3] hag evit e listenn.
Enebourien ar peoc'h a brometo deoc'h peb seurt traoù kaer, memes marteze d'ober ur porzh-mor en Erge-Vras, gant ur maltouter hag ur "chef de gare". Promesaoù kaer a reont, mes prometiñ ha derc'hel zo daou, ha daou zra disheñvel.
Ne gredfoc'h ket anezho hag ho-pezo rezon, votiñ a rafoc'h tout-a-bezh evit ar Maer [3] ha n'ho-pezo ket a geuz.
Kemper, moulet e ti De Kerangal [5].
TRADUCTION FRANÇAISE
Aux Gars du Grand Ergué,
La dernière fois qu'il y a eu une élection, j'ai voté pour Louis Skividan [2] et pour sa liste. Je ne les accuse pas de ne pas avoir cherché à conduire les affaires de la paroisse, mais après tout, chacun a le droit de présenter au marché sa marchandise, même si elle est de mauvaise qualité ; mais on ne peut forcer personne à acheter.
La dernière fois donc, j'ai voté pour Louis Skividan [2] et sa liste : cette fois-ci je ne voterai pas pour eux, et voici donc pourquoi :
Actuellement les gens de la paroisse avaient commencé à redevenir amis : nous avions oublié nos petites disputes de l'an passé. On a vu des repas de fête dans lesquels les gens des deux listes étaient assemblés autour d'une partie de cartes ou de quilles, sans dissension ni fâcherie.
Et maintenant ?
Louis Skividan [2] est venu avec sa liste pour ré-ouvrir la plaie qui était quasiment guérie ! Pour empêcher que ne se produise un tel coup dur, j'invite tous mes amis à donner aux cinq qui sont à la tête de ce tumulte et à ceux qui les suivent, une leçon à laquelle ils ne songent pas, en votant pour notre vieux Maire [3] et pour sa liste.
Les ennemis de la paix vous promettent toutes sortes de belles choses, même peut-être construire un port maritime à Ergué-Gabéric, avec un douanier et un "chef de gare". Ce sont de belles promesses, mais promettre et tenir c'est bien deux choses différentes.
Ne donnez pas raison à l'un ou l'autre, votez tous pour le Maire [3] et vous ne serez pas déçus.
Quimper, imprimé à la maison De Kerangal [5].
Imprimé Kerangal
Liste électorale en 1892
Voici la liste d'opposition des Républicains de Louis Guyader alias Louis Squividan [2], telle qu'elle s'est présentée en 1892, sans l'emporter contre la liste des "Réactionnaires" d'Hervé Le Roux de Mélennec [3] :
Annotations
- ↑ Document conservé aux Archives Départementales du Finistère, cote 3 M 495.
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 et 2,8 Louis Guyader, alias Louis Squividan, est né le 10.02.1842 à Ergué Armel, marié à Jeanne Laurent en 1871, décédé le 25.04.1920 à Squividan en Ergué-Gabéric. Il est cultivateur à Squividan, et en 1871-72 il est aussi déclaré comme marchand de bois. En 1884 et en 1892 il se présente sans succès aux élections municipales comme tête de liste du parti républicain.
- ↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 et 3,5 Le maire, qualifié de vieux (« hor Maer kozh »), est vraisemblablement Hervé Le Roux, élu maire aux élections en 1884, après avoir remplacé en 1882 son prédécesseur Jean Mahé qui était décédé.
- ↑ Texte avec orthographe et écriture bretonne réactualisées par Bernez Rouz.
- ↑ 5,0 et 5,1 La maison De Kerangal (« ti De Kerangal ») était l'atelier de typographie d’Arsène de Kérangal, imprimeur de l’Evêché. D’une famille originaire des Côtes d’Armor, à 31 ans Arsène de Kérangal épousa en 1858 Mademoiselle Darnajou, fille d’un riche négociant en vins quimpérois. Il était alors employé aux Contributions indirectes. En 1862, Eugène Blot lui vendit son imprimerie. Abandonnant sa situation de fonctionnaire, De Kerangal devint alors rédacteur en chef des revues imprimées, notamment « L’Impartial du Finistère », journal fondé en 1846. Comme ses prédécesseurs, il devint l’imprimeur officiel du diocèse, « mouler an aotrou‘n eskop ». L’évêque, Monseigneur Sergent, lui confia en 1866 l’impression de la revue intitulée « Feiz ha Breiz » (« Foi et Bretagne »), destinée à une large diffusion, dans l’ensemble du Finistère. Sous la Troisième République, Arsène de Kerangal se rangea dans le camp des catholiques et royalistes convaincus. Il imprima une quantité énorme d’ouvrages de dévotion, catéchismes, cantiques, vies de saints, missels et de nombreux tracts en faveur de la monarchie. Toute sa vie, il lutta contre les idées des anti-cléricaux. Il céda son affaire à son fils aîné, pour assurer la continuité de l’entreprise, déjà vieille de plus de deux siècles.