Pierre-Jean Le Calvez, prêtre et instituteur (1854-1855)
Fiche d'un prêtre en exercice à Ergué-Gabéric (bio, mandature, nécrologie ...)
Autres lectures : « Liste des prêtres nommés à Ergué-Gabéric » ¤ « Le clergé d'Ergué Gabéric de 1835 à 1859 » ¤ « DUIGOU Serge - La vie romanesque de Pierre-Jean Le Calvez » ¤ « LE FLOC'H Jean-Louis - Le diocèse de Quimper » ¤ « 1849-1856 Ouverture de la première maison d'école communale au Bourg » ¤ « 1833-1850 - Positions municipales sur la loi Guizot d'instruction primaire » ¤
Présentation
Extrait de la liste des prêtres décédés et ordonnés de 1801 à aujourd'hui (Archives de l'Évêché, màj 2008) :
Le Calvez Pierre-Jean : Né le 10-12-1829 à Plobannalec ; 1854, prêtre et instituteur libre à Ergué-Gabéric ; 1855, diocèse de Burlington (U.S.A., sécularisé (?) en 1858) ; 1890, moine cistercien à Oka (Canada) ; décédé le 27-03- 1907.
Texte du chanoine Le Floc'h dans son livre sur le diocèse de Quimper : « Pierre-Jean Le Calvez, de Plobannalec (Plonivel), prêtre de 1854 et instituteur au Grand-Ergué. Il entrera, en 1890, au monastère d'Oka, près de Montréal où il est mort le 27 mars 1907. »
Sur le registre du personnel du Clergé de 1835 à 1859 (ADF 1V72), son identité est la suivante :
Période gabéricoise : année scolaire 1854-55
À la mi-août 1854, à l'occasion de l'ouverture de l'école communale, le conseil municipal note l'arrivée de Pierre-Jean Le Calvez, venant d'être ordonné prêtre et nommé instituteur pour la première rentrée scolaire : « en vertu de l'autorisation de monsieur le préfet en date du 3 août relativement au choix d'un instituteur, après avoir requis l'avis du conseil ».
Les conseillers auraient préféré « que ce soit une sœur ». Déjà en 1850, le comité quimpérois d'instruction primaire demandait à l'inspecteur d'académie d'intervenir suite à une nouvelle délibération : « le conseil municipal d'Ergué-Gabéric exprime le vœu qu'il soit établi dans cette commune une école mixte dont la direction serait confiée à des sœurs. »
Mais les trois instituteurs qui succéderont à Le Calvez en 1855-1860 seront des prêtres et non des religieuses. On notera que cette école communale "laïque" à classe unique précède de plus de 40 ans l'école libre du bourg qui ne sera ouverte qu'en 1898 par la congrégation des Filles du Saint-Esprit.
Biographie Nord-américaine
Deux mémorialistes ont évoqué la vie de Pierre-Jean Le Calvez après son passage à Ergué-Gabéric comme instituteur : le chanoine Jean-Louis Le Floch dont les notes ont été éditées fin 2022 dans le livre « Le diocèse de Quimper entre Révolution et Séparation », et Serge Duigou dans l'article « La vie romanesque de Pierre-Jean Le Calvez » inséré dans la revue « Cap-Caval » de 2014.
Le chanoine écrit : « Parmi les multiples contributions du diocèse de Quimper à l’Église d'Amérique, il en est une plus originale, dont il convient de rappeler le souvenir ... Il s'agit de la fondation d'un diocèse tout neuf : celui de Burlington, dans les limites de l’État du Vermont. L'évêque fondateur et la moitié de la première équipe de prêtres affectés à ce diocèse sortaient du clergé de Quimper. ... Cinq volontaires se présentaient, tout prêts à partir pour le Vermont : trois prêtres, un diacre, un clerc tonsuré. Voici leurs noms. Pierre-Jean Le Calvez, de Plobannalec (Plonivel), prêtre de 1854 et instituteur au Grand-Ergué. Il entrera, en 1890, au monastère d'Oka, près de Montréal où il est mort le 27 mars 1907. »
On notera que le texte intégral de cette histoire est traduit sur le site américain de la cathédrale de Burlington, et notamment la notice sur Le Calvez : « Pierre-Jean Le Calvez, Plobannalec (Plonivel), priest of 1854 and teacher at Grand Ergue. He entered the monastery of Oka near Montreal in 1890, where he died on March 27, 1907. »
Serge Duigou et Paul Carnahan (bibliothécaire de la Vermont Historical Society) ont mené une enquête plus approfondie : à l'issue d'une année scolaire à Ergué-Gabéric, prêtre dans un tout nouveau diocèse au nord-est des États-Unis, il tombe amoureux d'une jeune communiante, rompt ses vœux et change de nom pour se marier, a quatre enfants, puis quitte sa famille après 32 ans de mariage et rentre incognito comme moine dans une abbaye trappiste près de Montréal, alors que sa femme fait publier dans la presse une annonce de demande de retour dans ses foyers.
L'annonce est celle-ci : « Peter J. Carpenter, come house and settle your property, for I am in need You are obliged to support me. ». Ce qui peut se traduire ainsi : « Pierre Carpenter, reviens t'occuper de ta propriété, car j'ai besoin de toi. Tu es obligé dans l'obligation de prendre soin de moi ». Le patronyme de Carpenter est tout bonnement la traduction anglaise du nom breton "Calvez", le charpentier.
L'affaire a fait beaucoup de bruit à l'époque et des journalistes se sont déplacés et ont publié des articles comme ci-contre : « Wants her husbant? A Priest who renounced his vows, changed his name and married. Mrs. Carpenter was found at the confortable home of herself and sons. She said that on June 25, 1858, she was married in Hudson, N.Y., to Father Pierre Calvez, a priest from Pont-L'Abbé, Lambour France »