Les figures féminines ayant marqué l'histoire communale
Liste des femmes remarquables d'Ergué-Gabéric, trop méconnues, qui ont marqué l'histoire locale par leurs caractères, leurs vocations ou leurs actes de courage.
Les biographies ci-dessous ont vocation à être enrichies par vos témoignages et vos propositions pour faire connaître d'autres vies exemplaires.
Autres lectures : « Espace des Femmes » ¤
Présentation
En ces temps de prise de conscience féministe, on ne peut constater que, même sur le site GrandTerrier, les femmes ont toujours été sous-représentée. D'où l'utilité ici de repérer les figures féminines dans l'histoire lointaine et récente de notre commune.
Nous avions bâti en 2021 cette première liste de 15 femmes marquantes (leurs bios respectives sont résumées en fin d'article) : Intron-Varia Kerzevot (11-15e siècles), dame de légende ; Dame Alix de Griffonez (15e siècle), noblesse locale ; Jacquette Le Porchet (?-1766), marchande de tabac ; Marguerite Liziart, vers 1516, vénérée sur un vitrail ; Mme de Sévigné (1626-1696), propriétaire foncière ; Marie Duval (1708-1742), inhumée dans l'église ; Mae Kergoat (1859-1938), contremaîtresse photogénique ; Elisabeth Bolloré (1824-1904), une entrepreuneuse ; Jeanne Le Pape (1895-1975), militante UJFF ; Jeanne / Francine Lazou (1895-1983), institutrice engagée ; Marjan Mao (1902-1988), mémoire de chanteuse ; Marie Blanchard (1896-1976), sage-femme ; Anne Ferronière (1905-1988), conseillère catholique ; Renée Cosima (1922-1981), actrice ; Odette Coustans (1925-2015), secrétaire de mairie.
En ce mois de juin 2024, nous proposons les sept nominées suivantes supplémentaires pour la période de la Révolution aux années 1990 : Marie Merpaut (1755-1829), marchande de biens ; Soeur Félicienne (1832-1934), supérieure ; Marie-Jeanne Lozach (1844-1922), cultivatrice agressée ; Léonie Bolloré mère (1847-1948), centenaire ; Marie Mocaer (1911-1944), résistante morte en déportation ; Germaine Herry (1927-2016), cantinière à Stang-Venn ; Berry Rannou (+1993), interprète LSF engagée.
Chacune d'entre elles dispose d'une fiche ou documentaire en ligne sur le site GrandTerrier et leurs bios abrégées sont également ci-après.
La liste n'est toujours pas exhaustive bien sûr, et toute proposition d'étendre le nombre des nominées sera la bienvenue. Si vous pensez qu'on a oublié des femmes remarquables du passé, n'hésitez pas.
La présente étude biographique peut aussi avoir une utilité annexe : nommer des rues et places communales au féminin afin de rompre l'avantage donné jusqu'à présent aux hommes [1]. Parmi les 7 rues aux figures locales sur un total de 80 rues attribuées à une personnalité, on ne compte aujourd'hui qu'une femme, à savoir Francine Lazou (dans le nouveau quartier du bourg derrière la médiathèque).
Les nominées de 2024
- Marie Merpaut (1755-1829)
Marchande célibataire, achète aux enchères différents biens immobiliers confisqués comme biens nationaux à la Révolution : manoir du Cleuyou, moulin, métairie de Kerampensal, chapelles de Ste-Appoline. Fiche : « Marie Merpaut, célibataire, marchande de biens * » ¤
- Soeur Félicienne (1832-1934)
Sœur blanche, supérieure de l'école ND de Kerdévot, expulsée en 1902, situation régularisée en 1911 grâce à une pétition des habitants. Fiche : « Jeanne Marie Le Gall, soeur Félicienne, supérieure à l'école privée, de 1898 à 1934 » ¤
- Marie-Jeanne Lozac'h (1844-1922)
Cultivatrice agressée dans sa ferme à Kerfrés par un voisin aviné, se défend avec un râteau. L'agresseur décède 36 heures après. L'accusée est acquittée. Fiche : « Marie-Jeanne Lozac'h, cultivatrice agressée et acquittée * » ¤
- Léonie Bolloré (1847-1948)
Une Madame Bolloré mère, née Léonie Marie Blanche Surrault, qui décéde dans sa 101e année, soit 13 années après la mort de son fils René, industriel papetier. Fiche : « Redir:Léonie Bolloré, centenaire, veuve et mère d'industriel papetier * » ¤
- Marie Mocaer (1911-1944)
Née à Stang-Luzigou de parents journaliers, se marie le 12.03.1932 à Paris avec Noël Nancel, décède le 15.11.1944 à la prison de travaux forcés pour femmes de Jauer au sud-ouest de la ville polonaise de Breslau. Fiche : « Marie Mocaer, résistante morte en déportation à Breslau-Jauer * » ¤
- Germaine Herry (1927-2016)
Au départ une des 4 épicières de Stang-Venn, puis ouvre une cantine pour les ouvriers papetiers, et un restaurant, le bar étant tenu par son mari Emile. Fiche : « Germaine Herry, cantinière de l'usine à papier d'Odet * » ¤
- Betty Rannou (+ 1993)
Interprète LSF (Langue des Signes Française), conseillère municipale, correspondante d'Ouest-France, bénévole dans les associations culturelles et sociales. Fiche : « Betty Rannou, conseillère municipale et interprète LSF » ¤
Première liste en 2021
- Intron-Varia Kerzevot (11-15e siècle ?)
Certes la vierge de Kerdévot est la personnification de Marie, mère de Jésus, mais elle alimente aussi une légende locale dans laquelle elle empêcha la peste d'Elliant de se propager sur les terres gabéricoises, et en remerciement une magnifique chapelle fut édifiée.
- Dame Alix de Griffonez (15e siècle)
En 1426, lors de la Réformation des fouages, c'est-à-dire de la validation des exemptions fiscales des métayers détenteur d'un domaine noble, le Manoir de Griffonez est détenu par la dame Alix de Griffonez et exploité par « Hervé Le Livec, métayer à Alix de Griffonez, noble, exempt ».
- Marguerite Liziart, vers 1516
On ne sait que très peu de choses sur cette Marguerite de Lanros, épouse de François Liziart du manoir de Kergonan, si ce n'est qu'ils avaient des prééminences dans l'église paroissiale, et notamment un magnifique vitrail du 16e siècle où on la voit accompagnée de sainte Marguerite, patronne des sages-femmes.
- Mme de Sévigné (1626-1696), propriétaire
Mariée en 1644 à un marquis breton Henri de Sévigné, veuve à vingt-cinq ans, épistolière adulée par l'historien local Guy Autret de Lezergué, elle fait l'acquisition en 1683 du domaine gabéricois de Kerveil pour éponger une date contractée par une dame d'Acigné et de Grand-Bois.
- Marie Duval (1708-1742), inhumée en l'église
En 1742, malgré l'interdiction, « des femmes se sont attroupées pour percer dans l'église pour ledit cadavre quoy qu'il y avoit une fosse faite dans le cimetière et l'ont inhumé ainsi », ce qui démontre leur considération pour cette jeune veuve domiciliée à Lezergué.
- Jacquette Le Porchet (?-1766), marchande
Modeste débitante de tabac, textiles et beurre au bourg d'Ergué-Gabéric au 18e siècle, elle laisse en 1766, après son décès, une liste impressionnante de marchandises de son magasin : tabac (rolle en bougie, carotte, ou poudre), pipes, paniers, noix, toiles d'étoupe, beurre, terreries ...
- Elisabeth Bolloré (1824-1904), entrepreneuse
Nièce, fille, épouse et mère de fabricants de papier, elle prend la suite de son mari à sa mort en 1881 pendant dix ans, avant que son fils aîné ne prennent les rênes de l'entreprise.
- Mae Kergoat (1859-1938), contremaitresse
Mae Kergoat est embauchée à la papeterie d'Odet en 1868 à l'âge de 9 ans. En janvier 1901, elle reçoit la médaille d'honneur pour 30 ans de service avec comme fonction de « maitresse de chiffonerie ». En 1922 elle pose en costume traditionnel lors de la fête du centenaire. Elle décède tombant et se noyant dans le canal d'Odet.
- Jeanne Le Pape (1895-1975), militante UJFF
Elle est née à Pennaneac'h en Ergué-Gabéric, mariée à Alain Le Corré de Quélennec, journalière dans un établissement de tannage à Saint-Denis en région parisienne, membre de l'Union des Jeunes Femmes de France affiliée au Parti Communiste, prise dans une rafle des renseignements généraux contre un réseau FTP en mai 1944.
- Francine Lazou (1895-1983), institutrice
Francine Lazou épouse Jean Lazou, et ils sont tous deux affectés en 1926 comme instituteurs des écoles de Lestonan. Elle est engagée, sous le prénom de Jeanne, dans un réseau de résistance créé par le Parti Communiste. Arrêtée en mars 1943, elle échappe de peu à la déportation et retrouve sa classe de Lestonan en 1944, jusqu’à son départ en retraite dans les années 50.
- Marie Blanchard (1896-1976), sage-femme
Née Marie-Véronique Berthomé en 1896, en Belgique, elle fit la connaissance de son futur mari, Yves-Marie Blanchard, un Quimpérois blessé à la guerre, alors qu'elle était infirmière. Comme Yves-Marie Blanchard travaillait à l’usine Bolloré à Odet, René Bolloré proposa à son épouse de s’installer comme sage-femme au service des ouvrières de l’usine et des femmes d’Ergué-Gabéric.
- Marjan Mao (1902-1988), chanteuse
Marjan Mao a travaillé pendant 41 ans au délissage de chiffons à la papeterie d'Odet. Née en 1902, elle a commencé à y travailler en 1920. C'est là, parmi les autres chiffonnières, qu'elle a appris à chanter des gwerzs [2], la plupart en breton.
- Anne Ferronière (1905-1988), conseillère
Épouse d'un ingénieur chimiste, puis directeur de l'usine d'Odet, Anne Ferronière a siégé comme conseillère des œuvres sociales du maire Pierre Tanguy du 9 avril 1941 au 13 mai 1945. La loi prévoyait pour ce poste "une femme qualifiée pour s’occuper des œuvres privées d’assistance et de bienfaisance".
- Renée Cosima (1922-1981), actrice
Yvonne Henriette Renée Boudin, née en 1922 à Neuilly-sur-Seine, et décédée en 1981 à Ergué-Gabéric, est connue sous son nom d'actrice Renée Cosima. Elle épouse, en 1957, l'homme d'affaires Gwenn-Aël Bolloré. Elle joue notamment la sorcière Moïra dans le film « Les Naufrageurs » de Charles Brabant.
- Odette Coustans (1925-2015), secrétaire
Pendant 41 ans de secrétariat à la mairie d'Ergué-Gabéric, elle a connu neuf groupes de conseillers et six maires : Pierre Tanguy, Jean Le Menn, Corentin Signour, Jean-Marie Puech, Pierre Faucher et Jean Le Reste. « Je les ai servis de la même façon et je pense avoir toujours eu leur confiance », aimait-elle à dire.
Annotations
- ↑ En effet, un constat s'impose au vu du tableau ci-contre représentant les statistiques gabéricoises calculées d'après le tableau Excel du site "lesruesdefrance" : il y a seulement 9% de personnalités locales dans les noms actuels de rues ou lieux-dits d'Ergué-Gabéric ; seuls 7 d'entre eux sont honorés (François Balès, Hervé Bénéat, Jean Le Menn, Jeanne Lazou, Louis Le Roux, Nicolas Le Marié, Yvon Benoit) contre 73 célébrés partout en France et en Bretagne ; globalement les femmes sont largement sous-représentées par rapport aux hommes : leur score est de 20% contre 80%.
- ↑ Gwerz, au pluriel gwerzioù : « ballade, complainte », chant breton racontant une histoire, depuis l'anecdote jusqu'à l'épopée historique ou mythologique. Proches des ballades ou des complaintes, les gwerzioù illustrent des histoires majoritairement tragiques ou tristes. Ces chants populaires en langue bretonne se sont transmis oralement dans toute la Basse-Bretagne jusqu'au XXe siècle. [Terme BR] [Lexique BR]