La maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot
Article basé sur les travaux de Roger Barrié, que ce soit sa thèse publiée en 1978 [1], ou son article dans l'ouvrage Kerdévot 1989, mais aussi sur les derniers travaux héraldiques et documentaires de Norbert Bernard et autres chercheurs.
L'identification des blasons est à ce jour non achevée, car, contrairement aux armoiries de l'église paroissiale, la chapelle de Kerdévot fut l'objet de fondations multiples, et notamment des nombreuses familles elliantaises voisines.
Autres articles : « La maîtresse-vitre de la Passion de l'église St-Guinal » ¤ « La fontaine de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « La sacristie de Kerdévot » ¤ « Un blason à trois chevrons sur le linteau du presbytère » ¤ « BARRIÉ Roger - Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle » ¤ « KERDÉVOT 89, Association - Kerdévot, livre d'or du 5e centenaire » ¤
Présentation
La grande verrière de Kerdévot n'a pas la même unité que celle de l'église paroissiale St-Guinal. Elle apparait comme un remontage iconographique incomplet et incohérent. La tradition orale relate un accident de transport, lors d'une restauration au cours de la première moitié du 19e siècle.
La destruction des panneaux situés derrière le retable peut dater du 17e ou du 18e siècle, époque où il n'est pas rare que soient enlevées tout ou partie des vitraux anciens, jugés trop colorés et néfastes à l'éclairage des retables.
Il reste néanmoins un fragment de vitrail en bas de la deuxième lancette du côté sud qui porte une inscription fragmentaire en lettres gothiques : « ... (I)III XX et IX / ... (ce)ste vistre / ... ocnec esto / ... bique », ce qui donnerait la date d'élévation de la maîtresse-vitre 1489, si l'on admet que le (I) est caché dans la ferrure. L'épaisseur excessive du joint en ciment moderne obstrue en partie l'inscription dont la dernière ligne avec le nom du fabricien, discernable encore sur les photographies de 1948, n'a jamais été déchiffrée.
Au 20e siècle deux restaurations furent exécutées. L'une en 1938 par l'atelier Léglise sur un rapport de l'architecte L. Prieur. Ces travaux importants, d'un montant de 30 000 francs, furent financés aux 3/4 par l'Etat, le reste à la charge de la commune, de la paroisse et du Conseil général. La dépose de 1942 et le remontage de 1949 furent l'occasion de quelques restaurations par l'atelier Labouret-Allie.
La richesse de la maitresse-vitre est surtout constituée des parties supérieures, le tympan et l'oculus, où on peut voir de nombreux blasons des familles fondatrices, presque toutes elliantaises, et dont certains n'ont pas encore été identifiés.
Tympan - Blasons
Dans le tympan de la grande verrière de la chapelle de Kerdévot, on distingue les blasons suivants :
t2 supérieur. Ecu « d'argent à une mâcle d'azur » qui est de Tréanna, famille possédant la seigneurie de Tréanna en Elliant. La position du blason indique une position prédominante dans la fondation de la chapelle.
t2 inférieur gauche. Le premier parti semble être « Fascé d'or et de gueules de six pièces qui est normalement Du Chastel.
t2 inférieur droite. Blason pouvant être celui des du Fou, représenté également en t4, avec des éperviers ressemblant plus à des colombes, et présentant un chef d'or.
t3 supérieur. Blason non identifié « d'azur au croissant d'or ».
t3 inférieur gauche. Blason en alliances partiellement identifié. Au 1 « d’azur au lévrier passant d'argent » qui est Tromelin, seigneurs de Botbodern en Elliant. Le lévrier est également visible sur le blason à droite en t3, et également sur l'oculus et la fontaine.
t3 inférieur droite. Blason en alliances partiellement identifié. Au 2 « d’azur au lévrier passant d'argent » qui est Tromelin, seigneurs de Botbodern en Elliant. Au 3 « d'argent à trois chevrons de sable » qui est Kervastard, seigneurs de Kerengar en Elliant. Au 4 « pâlé d'argent et d'azur de six pièces » qui est Rosmadec, sieur de Tréanna en Elliant.
t4. Ce blason appartient aux du Fou, ramage des vicomtes du Faou, seigneurs de Kerjestin en Ergué-Gabéric et du Rustéphan en Nizon « d’azur à la fleur de lys d’or, sommée de deux éperviers affrontés d’argent becquetés et membrés d’or », avec ici une fleur de lys qui est devenue blanche.
t7. Ce blason pourrait être celui des de Kersulgar de Mezanlez ou Kernaou « d'azur à trois fleurs de lys d'argent et en chef deux quintefeuilles de même », mais ici avec une seule fleur de lys au lieu de trois.
t8. Identique au t12, un des rares blasons d'une famille noble gabéricoise : « d'argent au greslier d'azur, enguiché et lié de même » qui est Kerfors, du lieu de même nom.
t10. Blason non identifié en deux partis, avec une figure de mâcle d'azur à senestre qui ressemble à celle des Tréanna.
t11. Roger Barrié y voit un ange tenant l'écu avec les armes Liziart en alliance, à savoir « d’or à trois croissants de gueules ». Paul-François Broucke défend l'idée d'une branche cadette des Le Nobetz de Poulguinan.
t12. Identique au t8, un des rares blasons d'une famille noble gabéricoise : « d'argent au greslier d'azur, enguiché et lié de même » qui est Kerfors, du lieu de même nom.
Oculus - Blasons
Dans l'oculus au dessous de la maitresse-vitre, seul un blason est partiellement identifiable :
o2. Blason partiellement identifié. Au 1 et au 4 « d'azur aux trois mains dextres appaumées d'argent » qui est Guengat, possesseur de Botbodern aux 15-16e siècles ; seule une main apparait à senestre du quartier. Au 2 « d’azur au lévrier passant d'argent » qui est Tromelin, également seigneurs de Botbodern en Elliant ; l'amimal avançant bizarrement de dextre à senestre.
Les mains des Guengat sont également visibles sur les blasons écartelés en o4 et o5.
Les blasons en o3 et o5 sont entourés du collier de l'ordre de saint Michel.
Tympan - Saints
Dans le tympan de la maitresse-vitre, on distingue les iconographies de saints suivantes :
t1. Le père éternel sur un cœur rouge.
t5 et t6. Têtes de saint Christophe et de l'enfant Jésus.
t9. Sainte Anne apprenant à lire à la Vierge.
t14. Ange portant un instrument de la passion.
t15. Adoration des Mages.
t16. Saint Marc.
t17. Saint Luc.
t18. Saint Mathieu.
Lancettes - Iconographies
Les douze scènes de la grande verrière de la chapelle de Kerdévot sont les suivantes :
a1 - Ange en pied
Personnage barbu et enfant Jésus en buste.
a2 - Annonciation
a3 et a4 - Fuite en Egypte
b3 et b4 - Portement de croix
c4 - Crucifixion
d4 - Mise au tombeau
e3 - Mariage de la Vierge
e4 - Nativité
f1 - Ange de la Nativité
Phylactère avec texte "Gloria in excelsis deo et in (terra pax ...)" ; drapé bleu.
f2 - Personnage sans tête
Inscription fragmentaire en lettres gothiques : « ... (I)III XX et IX / ... (ce)ste vistre / ... ocnec esto / ... bique », ce qui donnerait la date d'élévation de 1489.
f3 et f4 - Résurrection
Annotations
- ↑ Mémoire d'étude à l'Université de Haute-Bretagne, « BARRIÉ Roger - Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle », 1978