L'enfance de Jean Hascoët entre Menez-Groaz et St-Charles
Interview de Jean Hascoët en avril 2010, en compagnie de Jean Guéguen et de Jean Cognard. Son épouse Lisette, partie chercher le pain, les a rejoint à la fin de la discussion.
" Je suis né en 1928, j’ai deux ans de moins que Jean Guéguen. J’ai eu une enfance plutôt difficile. J’ai écrit le récit de ma vie sur plusieurs feuillets ; ces mémoires que j’ai commencés pour expliquer la chance que je n’ai pas eue. En résumé ma mère est décédée jeune, mon père s’est remarié, sa seconde épouse est décédée jeune aussi. J’ai été privé de mère pendant mon enfance. Ce récit est un peu personnel et surtout pour la famille. Je vais vous le lire et commenter, en coupant certains morceaux ".
Orphelin dès ses deux ans
« Aujourd’hui 1er octobre 2009, après plusieurs brouillons ratés, je repars avec mon stylo pour parler de la famille Hascoët-Huitric. Ma mère Marie-Jeanne est une Huitric [1]. Du côté de mon père ce sont les Hascoët, et aussi les Rolland après son premier veuvage. Cette histoire est pour moi difficile à raconter, mais je vais m’efforcer d’être clair afin de laisser à mes enfants et à mes petits-enfants un écrit compréhensible.
Mon père Jean, né le 13 avril 1901, et ma mère Marie-Jeanne, née le 17 janvier 1904 se sont mariés le 3 janvier 1926 à Ergué-Gabéric. Naissance le 9 juillet 1927 de ma sœur qui décéda très jeune, le 1er mars 1928. Au début de leur mariage mes parents habitaient au bourg d’Ergué-Gabéric. Ils étaient en location au-dessus de la boulangerie Balès. Mon père travaillait dans les fermes comme ouvrier agricole, comme tout le monde à cette époque.
En 1926 il dut lâcher son travail à la campagne pour être embauché à la papeterie Bolloré. Il fut pris pour aider aux opérations de montage de la machine 2, celle qui deviendra la 8 par la suite. À la fin de sa carrière il sera contremaître de faction, c’est-dire surveillant de machine. A l’embauche à l’usine, mes parents vinrent donc habiter Lestonan, chez Rannou, qu’on appelait Youen an Rann’, en face du bureau de tabac et de la boucherie de Mich’ ar Bossec. Youen Rannou avait acheté cette grande maison en 1935.
Je suis né dans cette maison de commerce, au premier étage parait-il. Louis Barré de Penn-ar-garn m’a dit qu’il était venu avec son charaban pour nous amener au bourg à la cérémonie de baptême. C’est Mme Blanchard [2], sage-femme à Keranna, qui a fait mon accouchement. Assez vite, mes parents firent construire dans le lotissement de la rue Ar Ster où malheureusement ma mère fut la première personne à décéder en 1930. J’avais deux ans ; ça commençait bien. À peine installés, mes parents étaient séparés. Pour moi ce fut le début d’une vie chaotique, et même pire. Ma mère avait eu deux maternités assez rapprochées, fallait-il y voir la cause de sa maladie qui l’a conduit jusqu’au cimetière ?
La disparition soudaine de ma mère m’a sans doute fait souvent fait pleurer, et je me suis tourné naturellement vers mes grands-parents Huitric qui étaient tout près. J’y retrouvais ma tante Marie que j’avais baptisée Mimi, et mon oncle Yvon [3] qui a eu 90 ans cette année en 2010. Yvon Huitric [3] n’avait que 8 ans de plus que moi, et je m’accrochais à son pantalon pour attirer son attention. La disparition prématurée de ma mère a eu une influence sur ma vie. Surtout au bout de quelques années quand je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque-chose. Quand je suis entré à l’école privée de Lestonan, je remarquais certaines choses et qu’il y avait comme un vide, mais j’avais déjà le goût pour les livres. Et après l’école je rentrais vite pour le goûter chez ma tante Mimi, je ne manquais de rien. L’insouciance de mon âge me permettait de vivre comme les autres enfants. Jusqu’au jour où …
Tuberculose et belle-famille
Ce soir-là, mon papa me dit : on prend le vélo, on va se promener. Me voilà assis sur le cadre avec sous les fesses un tapis en feutre, les mains sur le guidon de cour, près de la sonnette. Nous voilà sur la route de Coray. Arrivés à Garsalec, mon souvenir est très grand malgré mes 4 ans. On est entré dans une maison assez grande, mal éclairée (il n’y avait pas encore d’électricité), un sol inégal, probablement en terre battue, une grande table, et une machine que je ne connaissais pas. J’ai su plus tard que c’était une machine à tricoter. C’était une dame de Landudal qui habitait là. Mon père était venu me présenter.
Elle me parla, me fit bonne impression. Malgré mon jeune âge, je compris très vite la situation. Mon père se remaria en 1932. Sur la photo du groupe de noces, je campe fièrement entre mon père et sa nouvelle épouse. Il n’y a aucun Huitric sur la photo. Après leur mariage, mon père et Anna Rolland son épouse habitèrent la maison neuve rue Ar Ster où ma mère était décédée. Cela m’a-t-il étonné ? Je me pose la question. La remplaçante de ma mère s’appelait donc Anna, elle venait de Landudal, elle avait une jeune sœur Marie à peine plus âgée que moi, une autre sœur Marie-Jeanne, future Mme Léonus, une autre Marie-Anne, future épouse de Jean Istin de Quélennec.
La famille Rolland était grande avec de nombreux enfants ; ils habitaient une maison basse, une petite ferme à Landudal. Le confort était minime à l’époque dans nos maisons, un peu isolées des bourg. Et une maladie féroce faisait des ravages dans les familles, la tuberculose. Le manque de confort et de soins s’ajoutait à la détresse de la population. La période de guerre 1939-45 fut pénible pour beaucoup. On ne connaissait pas encore la pénicilline.
Avec l’insouciance de mes 4 ans, après le remariage de mon père, je repris vite mes habitudes. J’allais le plus souvent possible chez mes grands-parents Huitric voir tonton Yvon [3] et tante Mimi. J’y restais parfois tard, et je rentrais à la maison sous les remontrances de mon père. Puis Marcel vint au monde en avril 1933. Marie survint lui en février 1935. Tout allait à peu près bien jusqu’alors.
Très vite après la naissance de ma sœur Marie, on découvrit la maladie. Marie Rolland, la petite sœur de ma belle-mère Anna, avait disparu depuis peu, suite à la tuberculose. À la suite de cette découverte, et du fait qu’Anna était aussi atteinte, on avait souvent la visite d’infirmières et des services de santé. La maladie était bien là. Si Anna était la malade, j’en étais aussi la victime. Les services de santé décidèrent de m’écarter de la malade.
Pensionnaire à Saint-Charles
Pour ce faire, ma rentrée scolaire de septembre 1935 se fit à Kerfeunteun à l’école St-Charles, à l’internat. J’y suis resté 4 ans, sans presque rentrer à la maison. À sept ans, en pension, le choc fut terrible. J’étais habitué à courir les champs, chercher des nids. J’en pleure encore. Encore une fois, j’ai du m’accrocher, et j’ai découvert que d’autres enfants étaient dans le même cas. Il y avait Fanch Grannec qui était là-bas, et son frère. Je me remis au boulot, à rêver à mes études, comme mon oncle Yvon qui avait eu ses deux baccalauréats. Mais qu’elle était longue la route pour arriver à ce résultat. Pour décrire ma vie à St-Charles, il me faudrait des pages et des pages. C’était difficile, surtout au départ, pour moi qui était habitué à courir à la campagne. Et d’être privé de ma tante Mimi, j’ai encore du pleurer sans doute.
Mais mon caractère accrocheur et mon énergie dans les études, mon désir de vouloir réussir, mon envie de courir, de jouer au ballon, tout cela a fait que, malgré quelques coups de cafard, quelques larmes cachées au fond de mon lit, j’ai tenu le coup. Je sautais une classe et je me retrouvais avec des plus grands. Je gardais le moral, je réussissais dans tous les domaines, et voilà pas que le directeur me demande un jour si je ne voulais pas répondre la messe le matin. Devenir « machigot » [4] ! Toujours d’accord, je fonçais. Mais le revers de la médaille, c’est qu'il fallait se lever une heure ou une demi-heure avant les autres. Mais ce n’était qu’une semaine de temps en temps. J’ai même eu un prix d’excellence en catéchisme.
Une des religieuses de St-Charles s’occupait de la cagnotte des pensionnaires. Et si on recevait des visites extérieures, assez rares, elle récupérait l’argent qu’on nous donnait. D’où mon chagrin le jour où tonton Pierre m’avait donné une pièce de cinq francs, une grosse pièce blanche, ce qui était une fortune pour moi. La sœur tenait le compte de chacun, et nous rendait notre monnaie sous forme de bonbons pour nos sorties du jeudi et dimanche, la promenade étant toujours la chapelle Ty-Mann-Doue. La sœur avait aussi comme consigne de nous faire avaler, nous les gringalets, de l’huile de foie de morue qu’elle avait baptisée « fortifiant ». Son goût vraiment infecte me revient à la bouche rien que d’en parler.
Pour les vacances de Noël, nous étions un petit nombre à ne pas rentrer chez nous. Toujours les mêmes. Pendant des journées entières, nous étions regroupés dans une pièce, avec les religieuses, à jouer à des jeux de société, aux petits chevaux très souvent.
Mon père venait me voir une fois par mois seulement, avec son vélo à guidon de course. Il m’amenait une livre de beurre, une livre de graisse salée, une paire de chausson, la paire précédente étant déjà percée depuis la dernière visite. Un petit sou pour les bonbons de la promenade, un bisou, un pleur après son départ, et la formule consacrée « à dans un mois » !
A Noël les enfants ne rentraient pas pour diverses raisons, mais aux grandes vacances d’été il ne restait personne à l’école. Chez moi cela posait problème, puisque je n’avais pas le droit de dormir à la maison. Les premiers jours je les passais avec mon tonton Yvon chez mes grands-parents Huitric. Mais deux mois et demi, trois mois, c’était long. Un certain été, Marie et moi, nous sommes allés passer une partie de l’été à Landudal, chez le parrain de ma sœur, dans une petite ferme. Nous y avons passé sans doute un mois, et sûrement nos meilleures vacances. Il y avait les vaches, il y avait un chien. Le tonton Lann, et la tante Malouche avaient des enfants de mon âge. On a couru les champs au grand air, quelles vacances ! L’année 1939, on s’est retrouvé, Marie et moi, à Quimper chez ma tante Marie Hascoët, et son mari tonton Jos Mevel qui était agent de ville. Ils avaient deux filles. Avec ma sœur ce furent nos dernières vacances ensemble. Je jouais avec les trois filles, c’était le tour de France, on jouait aux capsules sur lesquelles on collait les noms des coureurs. On faisait avancer sur un circuit les capsules de petits coups de pouces.
Temps de guerre et occupation
Mais la guerre approchait [5]. Pour moi St-Charles et la pension c’était fini. Et je n’avais pas eu mon certificat d’études. On n’avait pas passé l’examen car l’école avait fermé. Les allemands avaient réquisitionné l’école St-Charles [5] et transformé en prison pour y enfermer ceux qu’ils appellent les terroristes, les résistants.
Mon père me réinscrivit à l’école privée de Lestonan qui avait été construite sur le terrain de mon grand père Huitric. Yvon mon oncle s’en souvient bien [3]. Mon grand père avait été assez malin pour demander à embaucher mes oncles à l’usine. Ils y sont allés tous sauf Yvon qui faisait des études à St-Pol-de-Léon. Et sauf René qui voulait travailler à la campagne. Et Henri qui travaillait aux Ponts et Chaussées.
Ma grand-mère avait deux vaches qu’elle a gardées dans le champ en face de la boulangerie jusqu’à ce qu’elle meurt. Elle les avait dressées pour faire leurs besoins juste devant la boulangerie du père de Jean Guéguen, à l’aller comme au retour. C’était des grandes vaches noires, pas des pie-noirs plus petites. Une avait eu quatre veaux la même année, deux fois deux, c’était très très rare. Avant de vendre le terrain de l’école, mes grands-parents avaient un cheval, mais je m’en rappelle plus.
A Lestonan j’ai retrouvé les anciens copains. À la fin de l’année scolaire 1939-40 j’ai passé mon certificat d’études car j’avais douze ans. Quand je suis revenu en 1939, M. Nédélec, le directeur, m’a mis tout de suite mis dans le cour supérieur. J’ai retrouvé dans ma classe Yvon Floc’h de Beg-Menez, le beau-frère de Jean Guéguen. Le directeur de l’école, Fanch Nédélec, n’était pas parti à la guerre car il boitait beaucoup. C’était un religieux, mais il ne portait pas la soutane, il était habillé en laïc. Il portait toujours un chapeau mou et une canne.
Le jour du certificat, M. Nédélec nous a envoyé manger dans une crêperie de Quimper en 1940 à la fin de l’année scolaire. On y a été dans une camionnette de Bolloré, avec Per Corre au volant qui nous a dit quand on était sur la route de Coray : « je vais rouler jusqu’à 100 km/h ». Et il l’a fait !
A l’heure de midi on alla donc manger à la crêperie, en face de la caserne occupée par les allemands. On mangait nos crêpes tranquillement. Tout d’un coup on a vu le père d’Yvon Floc’h à la fenêtre de la crêperie. Mr Nédélec lui dit : « attends un peu, je vais te chercher un litre de vin », litre qu’il achète au restaurateur. Et il demanda à Yvon de l’amener à son père. Quand Yvon passa la bouteille par la fenêtre, un soldat allemand en sentinelle s’approcha et d’énervement la cassa par terre. Ça nous avait fait vraiment peur. On n’avait que douze ans.
Après mon certificat je ne travaillais plus beaucoup car j’avais déjà vu tous ces programmes en pension. Toutefois je restais à l’école à user mes fonds de culotte, obligatoirement jusqu’à 14 ans. M. Nédélec avait essayé de nous faire des cours d’anglais, mais il fallait payer, et les parents ne voulaient pas. Il y avait déjà l’allemand, le breton, ça suffisait.
Mr Nédélec parlait couramment le breton, mais bien entendu, il était interdit de parler breton ni en classe, ni dans la cour de récréation ; le système de la vache avait été mis en place par les instituteurs. La vache était un jeton en bois que celui pris à parler breton à l'école devait garder, et il devait le passer au suivant qu'il attrapait à parler breton, et le fait de l'avoir le dernier le vendredi était considéré comme une sorte de punition. C'était comme un jeu, mais on ne pouvait pas tricher, on devait accepter la vache, car à l'époque l'instituteur avait de l'autorité.
Travail, vélo et football
En vacances en juin, comme mes petits copains, j’allais dans les fermes aux petits pois et aux haricots On ramassait les petits pois, parfois à partir de 6 heures du matin, et on terminait à la nuit. A midi une soupe apportée par les gens de la ferme, le matin pâté ou lard, et parfois une bolée de cidre souvent pas très bon.
À la fin de la journée on pesait les sacs et on percevait son obole le soir même, car le lendemain on pouvait être appelé dans une autre ferme, on ne sait où. On ne faisait pas fortune. En juillet après les petits pois, on passait aux haricots, et là c’était encore plus dur. Plus rentable, mais plus difficile et plus fatigant. On était en pleine guerre, les troupes d’occupation étaient là. Et aussi les tickets d’alimentation avec les privations de toutes sortes.
C’est à la suite d’une journée d’haricots, qu’un patron cultivateur d’Elliant à Rocan près de Loch Lae dit à mon père qu’il cherchait un jeune pour s’occuper de ses bêtes. Et me voilà embauché pour nourrir vaches, chevaux en juin 1942 à 14 ans. Mon salaire était de 12500 francs de juin à décembre 1942, à percevoir à la fin de l’année. Un jour que j’étais rentré des champs trop tôt, mon patron me demanda d’acheter une montre. Je lui répondis que non, qu’il me payait qu’en janvier, et que je n’avais pas un sou d’avance. Avec l’inflation galopante pendant l’occupation allemande, cette somme perçue avec un tel décalage, je n’ai même pas pu renouveler mes pantalons de travail. Me voilà parti quand même pour un bail de 5 ans dans cette ferme. J’y suis resté jusqu’en 1947.
Je n’avais pas de vélo, on ne pouvait pas s’en acheter. Il fallait des bons distribués par des mairies, il y avait des priorités, des contrôles de la Kommandantur qui favorisaient ceux qui travaillaient pour eux. J’en avais trouvé un d’occasion chez Yvon Meur qui l’avait dans son grenier depuis des années. Je l’achètai 50 francs. Je le fis remettre en état, peinture, guidon neuf, par Hervé Dréau de Garsalec. Et voilà mon joli vélo neuf peint en vert ; mais le hic était que le vélo avait séjourné dans le grenier pendant des années chez mon oncle.
Dès la première sortie, ce fut la crevaison ! Les chambres à air étaient poreuses. Et on en trouvait pas des neuves à acheter pendant la guerre. C’est pour ça que je n’ai pas pu venir jouer au football cette année-là à Lestonan.
Etienne Cotten qui était parti prenante du milieu du foot du sud-finistère, m’avait proposé de signer une licence au bourg d’Elliant où il animait son équipe en 1944. Et me voilà licencié foot, à défaut d’autres licences ! L’année suivante je signai aux Paotred pour une carrière de joueur-dirigeant à vie [7]. C’est Léonus qui est venu me chercher.
Entretemps, Anna Rolland la deuxième femme de mon père est décèdée en 1944, elle avait aussi contracté la tuberculose … »
Suite logique, la papeterie
Le 10 novembre 1947, je suis rentré à la papeterie Bolloré qui redémarrait après la guerre avec des embauches nouvelles. Car beaucoup de vieux et d’anciens étaient morts.
À l’usine d’Odet, j’ai appris à circuler dans les machines, à faire des remplacements en faction jusqu’en 1952. J’ai commencé par remplacer Louis Niger au poste de ramasse-patte, à l’endroit où on a mis les piles Bellmer.
Après je suis venu à la trancheuse avec Pierre Moal, Alain Laurent. Et ensuite on nous a envoyé, Pierre Moal et moi, en stage pour la filligraneuse. Ferronière le directeur nous avait dit qu’on allait rester toute notre vie à la filligraneuse. Six mois après, on nous a changé de poste.
J’avais passé un test avec Jean Le Berre qui avait pris un nouveau service : le suivi des primes de rendement qu’on venait de lancer. Ça a duré deux ans.
Jean Le Gall s’occupait alors de la paie et il était aidé par quelqu’un d’âgé qui avait du mal à glisser les billets dans les enveloppes car on payait en liquide à l’époque. Il a demandé à Ferronière de m’avoir pour ce travail.
Je suis resté pas mal d’années avec Jean Le Gall. Jusqu’au moment où le petit Castric a réorganisé le service, et j’ai fait ensuite équipe avec Pierrot Quéré. J’appréciais beaucoup Jean Le Gall, c’était une tête. J’ai donc travaillé également avec Henri Le Gars et Pierre Le Bihan. Pendant 30 ans je me suis occupé des fiches de paye qu’on faisait entièrement à la main au début pour tout le personnel de l’usine. C’est Pierre Le Bihan qui m’a appris toutes les règles sur les assurances sociales.
Le fait d’avoir fait des remplacements en faction avant d’être dans les bureaux m’a beaucoup servi. Je connaissais les horaires, les astuces de fabrications, les primes, les changements de faction, les nuits, les jours fériés, les déclarations d’accidents de travail … Il fallait tenir compte de tout pour faire la paye.
Quand il y avait un décès j’allais apporter le chèque au domicile des gens, j’avais demandé à faire comme ça plutôt que de recevoir les veuves au bureau de l’usine.
Annotations
- ↑ Lire l’interview de Laurent Huitric en 1998 : « J'habite à "Min'a Groes", à l'actuel n° 4 de la rue de Menez-Groas. J'y suis né, il y a 90 ans. Mes parents sont venus ici de Quélennec, d'où mon père était originaire, (…). Nous étions huit enfants : Marie-Jeanne (la mère de Jean Hascoët), Marie, moi, Henri, Pierre, René, Henriette et Yvon. Nous tous nés ici, dans ce penn-ti ».
- ↑ Le mari de Marie-Véronique Berthomé (née en 1896 en Belgique), Yves-Marie Blanchard, travaillait à l'usine Bolloré après le conflit de 1914-18. René Bolloré proposa à Mme Blanchard de s’installer comme sage-femme au service des ouvrières de l’usine et des femmes d’Ergué-Gabéric, avec une mission de prévention infantile. Le couple et leurs trois enfants ont habité la cité de Ker-Anna près de Lestonan.
- ↑ 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Cf témoignage « Yvon Huitric et les 80 ans de l'école St-Joseph de Lestonan » en 2010 : « né le 25.8.1920, à quelques mètres d'ici à Menez-Groaz, qui peut prétendre sans concurrence à être le dernier à avoir gardé les vaches dans le champ ici-même ».
- ↑ Machigot : « enfant de chœur », orthographié Masikod g. -ed dans le dictionnaire Français-Breton de Francis Favereau.
- ↑ 5,0 et 5,1 Les Allemands arrivent et occupent la ville le 18 juin 1940. Si Quimper est épargnée par les bombardements, la population doit supporter les privations et les rationnements. Les sentiments patriotiques s'affirment après l'appel du général de Gaulle. En 1941, des groupes de résistants s'organisent entre autres le réseau Johnny à Kerfeunteun. Les mouvements Libération Nord et Front National s'implantent à leur tour. Près de trois cents patriotes seront incarcérés par les Allemands à la prison de Mesgloaguen puis dans celle Saint-Charles à Kerfeunteun. Source : www.mairie-quimper.fr.
- ↑ Les joueurs des Paotred lors de la finale finistèrienne des clubs de patronage en 1954 à Briec. Debout : Yvon Beuz de Lestonan, Roger Coathalem du Reunic, Fanch Ster de Stang-Venn, Robic Andrich, de Lestonan-Vihan, Laurent Huitric de Lestonan, Jean Herry de Stang-Venn. Accroupis : Hervé Heydon du Bourg, Anselme Andrich de Keranna, Jean Hascoët de Lestonan, Gérard Le Saout de Stang-Venn, Alain Niger de Lestonan.
- ↑ Après avoir été joueur au poste d’avant centre dans l’équipe des Paotred, Jean Hascoët a occupé de nombreux postes au service de l’équipe de foot : trésorier bien sûr, mais aussi à la buvette, à la caisse des blessés … À noter qu’en tant que joueur, Jean était un butteur et dribleur redoutable et qu’il ratait très rarement ses penalties.