Keranroué, Kerroue
Variantes bilingues : Keranroué (FR), Kerroue (BR)
Signification : "village du dénommé Le Roué ou Le Roy, nom indiquant l'ordre et la mesure"
Décomposition : Kêr pour "lieu habité, village" et Roue pour le patronyme "Le Roy" et issu du terme en vieux français signifiant "ordre, mesure, règle"
Relevés : 1540, 1600, 1685, 1790, 1834, 1946
Coordonnées géographiques : lat. 47.994, long. -3.986664, cf. « Géo.Keranroué »
Référentiel : « Tous les toponymes » ¤ « Cartographie, cartes anciennes » ¤ « Étude de Bernez Rouz sur les noms de lieux d'Ergué-Gabéric » ¤ « Dictionnaire des noms de lieux bretons d'Albert Deshayes » ¤
Keranroué est situé sur territoire sud-est de la commune, le long de la route d'Elliant.
Keranroué fait partie, dès le 15e siècle, du domaine noble de Keristin, propriété des seigneurs du Fou. Cette famille du Fou, seigneurs de Rustéphan en Nizon, avaient leur blason sur la maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot.
En 1592 le domaine est saisi par la Saincte-Union, car les Rohan sont réputés appartenir à la résistance protestante bretonne. En 1681, à la Réformation du domaine royal, le domaine est toujours propriété des Rohan-Guéméné, tout en faisant partie du domaine de la couronne. À la Révolution, les mouvances feront l'objet d'estimations des biens acquis à la nation, sans être mises en adjudication, mais intégrées au domaine de la Légion d'honneur.
La frise iconographique :
Autres lectures : « 1807 - Ventes de tenues à Keranroué » ¤ « 1592 - Terres saisies sur les hérétiques près de Quimper-Chateaulin par la Saincte Union » ¤ « 1758-1791 - Rentier de la Seigneurie de Kerjestin des Rohan-Guéméné » ¤ « 1681 - Dénombrement du domaine de Keristin par la princesse Anne de Rohan » ¤ « 1802-1807 - Le domaine gabéricois de l'Ordre national de la Légion d'honneur » ¤
Explications toponymiques
Dans le Cahier n° 9 d'Arkae publié en 2007, Bernez Rouz explique l'origine du lieu-dit comme suit :
Le terme "Kêr" par Albert Deshayes (p. 165) :
PARTIE "Les lieux de vie"
Chapitre "Les lieux habités"
Kêr "lieu habité" et, par dérivation sémantique,
"village" et "ville", connaît à partir du XIe siècle
une expansion rapide et durable puisque son utilisation en toponymie se
chiffrerait à plus de dix-huit mille noms, dont la moitié
pour le seul Finistère. A l'origine le terme kêr avait
l'acception de "endroit clos, agglomération enclose", sens conservé
par le gallois caer "forteresse". La plupart des villages d'Armorique
étaient défendus par un fossé et un talus de terre
mais, dans un contexte économique favorable et une paix relative
qui suivra l'arrêt des invasions normandes, le sens de ce terme évoluera
en "lieu habité et cultivé". Il perdra donc le sens primitif
du latin castrum pour adopter celui de villa et s'appliquera
à des groupes de maisons rurales. Plutôt rares dans les chartes
du Cartulaire de Redon (on n'en dénombre que treize), les toponymes
en Ker- se font plus nombreux dans les autres cartulaires.
Page 513 de son dictionnaire des noms de lieux, Albert Deshayes donne l'information suivante pour le patronyme "Roue" :
PARTIE "Des noms de personne"
Chapitre "D'anciens surnoms bretons"
Roué, identique au terme roue "roi" emprunté au vieux français roi "ordre, mesure, règle" par le moyen breton roe se montre à plus de cinquante reprises en toponymie associé à : garzh "haie" [...], gwern [...], gwezenn "arbre" [...], kêr "lieu habité" à 17 reprise dans Kerroué, à 9 dans Kéroué, à 8 dans Keranroué [...], koad "bois" [...], kroas "croix" [...], menez "montagne" [...], porzh "manoir" [...], rest "demeure" [...], run "tertre" [...], ti "maison" [...], traoñ "vallée" [...].
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