François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon

De GrandTerrier

Autres lectures : « 1809 - État des moulins à farine d'Ergué-Gabéric » ¤ « 1795 - Vente du manoir et des propriétés de Mezanlez et Pennanmenez » ¤ « Recensement 1836 Page 60 » ¤ « 1796 - Estimation et vente du presbytère comme bien nationa » ¤ « Séance du conseil municipal de 1811 » ¤ « LE GALL Bruno & PÉRON Jean-Paul - La franc-maçonnerie à Quimper » ¤ « 1845 - Testament de François-Salomon Bréhier au profit d'Eliza Marzin, domestique » ¤ « 1776 - Escroquerie du franc-maçon Jean-Corentin Bréhier, une affaire sous Louis XVI » ¤ 

Biographie

François Salomon Bréhier est né le 20 octobre 1760 à St-Ronan (Quimper). Sa famille est originaire de la Manche. Son père Claude Bréhier (dit le jeune), négociant en draps et franc-maçon, né en 1729 à St Laurent de Cuves, s'est établi à Quimper.

Salomon Bréhier se marie le 8 février 1796 à Quimper avec Marie Frédérique Pottier née à Quimper. Ils auront sept enfants : Salomon (né en 1796), Julien (né en 1798), Frédéric (né en 1800), Marie-Arséne (née en 1802, épouse Bertron), Auguste (né en 1805), François Achille (né en 1808 et décédé en 1809 à Quilihouarn), Marie-Clarisse (née en 1811).

Il exerce la profession de procureur au présidial de Quimper et est initié à la loge maçonnique de La Parfaite Union. Il décède à Mézanlez en Ergué-Gabéric le 14 février 1845.

Compléments généalogiques : de nombreux Bréhier sont répertoriés dans le Finistère, tous descendants de deux branches normandes issues de St-Laurent-de-Cuves :

1. Branche de Gilles Bréhier né vers 1631, dite « quimpéroise » , avec Claude (père de Salomon) et son frère Gilles qui s'établisent à Quimper vers 1720.

2. Branche de Julien Bréhier né vers 1660, dite « brestoise », car un descendant, Laurent, entrepreneur de bâtiments civils s'établit à Brest vers 1784.

Mariage Bréhier-Pottier
Arbre d'ascendance Geneanet :

Branche n° 1 normande :

  • [Descendants de Gilles BREHIER]

Branche n° 2 normande :

  • [Descendants de Julien BREHIER]

Mandat municipal

Il est nommé maire le 26 mai 1808 par décision du préfet. Il délègue un certain nombre de tâches administratives à son adjoint François Caugant qui exerçait la fonction de maire avant lui. Lors de leur installation en 1808 ils prêtent « le serment d'obéissance à l'empereur et de fidélité aux constitutions de l'empire ».

Il est mentionné en tant que maire d'Ergué-Gabéric pour les actes du 26.04.1809, 10.05.1810, 20.03.1811, 08.05.1811 et 12.05.1812, qu'il paraphe d'une signature ample. Le dernier conseil signé de sa main date du 12 mai 1812.

Sa belle signature de maire

En 1809 il adresse au préfet l'état récapitulatif des moulins de la commune en précisant « la plupart de ces moulins manquent d'eau dans l'été où pour peu qu'il y ait de sécheresse ... ».

Louis Le Guennec, dans son « Histoire de Quimper-Corentin et son canton » (Finistère Monumental, tome III), décrit comme suit sa personnalité :

Dans le répertoire des notabilités en 1809, le préfet signale pour Ergué-Gagéric : « Brohier (François-Salomon). Avocat, propriétaire et maire. Revenu 4000 f. Caractère moral, attaché au gouvernement ».

Marié, on ne connaît pas le nombre de ses enfants, qui sont en bas-âge. Âgé de cinquante ans, il réside à Quimper, mais comme il est l'un des principaux propriétaires de la commune d'Ergué-Gabéric, qui n'est éloignée que d'une petite demi-lieue de la ville de Quimper et que, d'ailleurs, on n'eût trouvé personne dans cette commune à qui on pût confier son administration, le préfet s'est décidé à l'en nommer maire, place qu'il remplit « avec zèle », ce zèle n'avait, il faut croire, rien d'outré car le membre de phrase ci-dessus a été barré après réflexion et remplacé par : « il est instruit ».

Franc-maçonnerie

Délibérations de la Loge de la Parfaite Union [1] en 1773

Dans les bulletins de la Société d'Archéologie du Finistère de 2010 et 2011, Bruno Le Gall et Jean-Pail Péron ont présenté les débuts et l'organisation de la franc-maçonnerie à Quimper, notamment un répertoire biographique de 179 membres, dont Salomon Bréhier, maitre bleu [2] de la Loge de La Parfaite Union [1] :

23. - Bréhier, François Salomon Marie

8 décembre 1753 20 octobre 1760 #, Quimper, Saint-Julien, - 1845.

Avocat.

(1) « Cursus maçonnique » :

Initié à La Parfaite Union, il est qualifié de second cadet et maître bleu en 1785 et 1787.

(2) « Vie profane ou civile » :

Fils de Gilles Claude Bréhier (n° 24) # , négociant, et de Jeanne Julie Vincent #, il devient procureur (avoué) au présidial. En 1790, toujours procureur au présidial, il habite rue Neuve et est imposé 13 livres 10 sols à la capitation. En septembre 1793, il se déclare avoué auprès du tribunal du district de Quimper. Par arrêté du directoire du district du 28 septembre 1794, il devient expert pour l'estimation des domaines nationaux. En floréal an VII (mai 1799), il est nommé par la municipalité commissaire de police et prête le serment de « haine à la royauté et à l'anarchie et d'attachement et de fidélité à la République ».

Le 8 février 1796, il épouse à Quimper Marie Frédérique Pottier. Dès l'an III (1794-1795) et jusqu'en 1809 au moins, il apparaît comme notaire public et homme de loi à Quimper. En 1807, il est domicilié place Saint-Corentin. En 1809, il est nommé maire d'Ergué-Gabéric : c'est l'un des principaux propriétaires fonciers de la commune. Le préfet Miollis note qu'il remplit ses fonctions avec zèle.

Sources : Bibl. nat. france, FM² 360-361 ; Arch. mun. Quimper, 4 D Qui-1, f° 2, 1 E 109, registre des mariages de Quimper (1796), GG 34, BMS Saint-Julien (1753), 23 J 45.

# NDRL/GT: en fait François-Salomon Bréhier a pour père Claude le Jeune, pour mère Julie Vincent et est né en 1760. Son oncle Gilles l'Ainé, frère de Claude, a eu en 1753 un fils prénommé également François-Salomon-Marie.

Parmi les Bréhier francs-maçons de la loge de L'Heureuse Maçonne de Quimper, on note

  • un cousin fils de Gilles : Jean Corentin, chirurgien, né en 1747. Membre tuileur [3] de la L'Heureuse Maçonne en 1774. Grade maçonnique : souverain prince de rose-croix ou SPDRC. Il est accusé en 1776 d'avoir commis une escroquerie en proposant des billet à ordre du Grand Orient et cette affaire, via l'intervention de l'évêque de Quimper, aura un écho national.

Les Bréhier, membres de la loge La Parfaite Union sont son père et ses frères ainés :

  • le père : Claude, négociant né en 1739, époux de Juliette Vincent, sœur de Jeanne, 11 enfants. Il est qualifié de « jeune », tient d'abord la fonction de « terrible » (officier "expert") à la loge La Parfaite Union, et dès 1779 est « revêtu de tous les grades ». En 1780 il est qualifié de « Bréhier père » car ses fils sont aussi devenus membres de la loge, et assurera au cours des années les rôles de premier surveillant, correspondant et trésorier jusqu'à l'année de sa mort en 1785.
  • Le fils aîné de Claude, Jean Élie, négociant de Quimper, est qualifié dès 1779 de « Bréhier fils », avec le titre de « maitre bleu » et une fonction de vice orateur. L'année suivante il est dit « Bréhier fils ainé » et obtient le titre de « maitre parfait », puis « élu des quinze » et « élu des 9 », et la fonction de secrétaire ; en 1789 il est « vivant noblement » et « chevalier d'Orient ».
  • Le deuxième fils Bréhier, Jean Julien, apparait en 1781 à La Parfaite Union comme « fils cadet » en tant que « maitre bleu », puis « élu des 15 ou des 9 ». En 1787, le Julien Bréhier vivant à Vannes est peut-être ce fils cadet.

Les autres membres des loges maçonniques de Quimper ayant été en relation avec la commune d'Ergué-Gabéric sont :

  • Vincent Charles Le Blond de Saint-Aubin, avocat, notaire de la cour royale de Gourin, membre de la loge La Consolante Maçonne, puis de L'Heureuse Maçonne. Il ne rejoindra pas La Parfaite Union [1]. Il est l'expert associé à Salomon Bréhier lors des expertises des Biens Nationaux à Ergué-Gabéric.
  • Corentin Vinoc, docteur en médecine, maire de Quimper de 1803 à 1808, membre important des loges L'Heureuse Maçonne et de La Parfaite Union [1]. Il sera acquéreur de la métairie de Pennarun en 1795 lors de la vente aux enchères : « 1794 - Estimations du manoir, de la métairie et du moulin de Pennanreun » ¤ 
  • Yves-Marie Kerjean, nommé chirurgien de l'amirauté de Quimper en 1785, chevalier d'Orient à La Parfaite Union [1]. En 1786 il il soigne les malades de l’épidémie de dysenterie d’Ergué-Gabéric et de Briec : « 1786-1787 - Rapports médicaux sur le traitement de l'épidémie de dysenterie » ¤ .
  • Jean-Baptiste Le Breton, docteur, chargé en 1790 des fonctions de médecin des épidémies du département, membre important de la loge de La Parfaite Union [1]. Il contresigne le rapport épidémiologique du chirurgien Kerjean pré-cité. Il fut aussi maire de Quimper en 1797, et en 1803 maire de Plonéis où il acheta en bien national le manoir de Kervent.
  • Vincent Simon Mermet, riche négociant quimpérois, tente sans succès également de remporter la vente aux enchères du manoir du Cleuyou, mais réussit l'acquisition de la métairie de Kervreyen. Il n'est pas réputé membre de l'une des loges maçonniques, contrairement à son demi frère, Pierre Marie Antoine Mermet, négociant de vins et de draps, administrateur de l'hospice civil de Quimper, et membre initié de la loge maçonnique « L'Heureuse Maçonne ». Le fils de Pierre Marie était également franc-maçon.

Biens Nationaux

En 1793 et 1794, en tant que commissaire expert nommé pour l'estimation des Biens Nationaux confisqué à l'église et aux émigrés, il procède à l'inventaire des biens suivants :

Signature d'expert

En 1796 il est lui même bénéficiaire de la vente aux enchères du presbytère pour 1790 francs. Le bâtiment sera revendu en 1811 pour 4000 francs à la commune pour loger le recteur desservant qui entretemps payait un loyer grâce à une quête. L'acquisition municipale sera financée par une « imposition extraordinaire sur les années 1812 et 1813 ».

Signature de propriétaire

Il choisira comme domicile le manoir de Mezanlez qu'il a sans doute acheté au citoyen Marc Glinec de Quimper et où il est déclaré comme propriétaire lors du recensement de 1836. Il y décède en 1845.

Ce domicile était vraisemblablement la maison manale restaurée qu'il décrivait en 1795 dans son rapport d'expertise : « une vieille maison ditte la maison du mannoir de Mezanlez toute délabrée ... maconné en moelon, et ruine de couverture en ardoise, la dite maison dénuée de plancher et de tour ».

En 1837 il rédige un testament ainsi rédigé : « je donne et lègue à ma domestique Eliza ou Isabelle Marzin, jardinière, demeurant à Quimper, tous les objets mobiliers et le ménagé que j'ai à ma résidence de Mésanlez, les vêtements à mon usage, ainsi que mon linge de corps, la table et lit, les légumes et fruits de mon jardin, à l'exception de mon mobilier de Quimper, de mon argenterie, de mes livres, de mes armes que je réserve expressément au profit de mes enfants. »

Annotations

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 La franc-maçonnerie, apparue à Quimper vers 1760-1770 avec la création de la loge La Consolante Maçonne et après notamment l'initiation du célèbre critique littéraire Élie Fréron, fut très vite empêtrée dans une ambiance conflictuelle entre deux loges rivales : L'Heureuse Maçonne et La Parfaite Union. La seconde connaitra un relatif essor et entrainera de nombreux membres de l'élite sociale formée de médecins, avocats, négociants-industriels et hommes politiques : Le Goazre de Kervélégan, Jean-Baptiste Le Breton, Antoine De La Hubaudière, Corentin Vinoc ...
  2. La maçonnerie bleue représente les 3 premiers degrés ou grades des membres d'une loge maçonnique : apprenti, compagnon et maître. Les 3 premiers degrés portent des tabliers "bleus", la couleur officielle de la Franc-maçonnerie, seul moyen approprié pour s’adresser au maître de la loge.
  3. Tuileur, s.m. : franc-maçon chargé de tuiler une loge, c'est-à-dire constater si un candidat franc-maçon l’est vraiment, et donc de défendre l’accès à la loge aux non-initiés (fr.wiktionary.org). [Terme] [Lexique]



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Thème de l'article : Biographie d'une personnalité gabéricoise. Création : octobre 2006    Màj : 20.07.2024