Billet du 28.12.2024
La bénédiction d'un calvaire du XVIe siècle
Un dernier film muet inédit pour cette fin de l'année 2024 : la cérémonie en grande pompe de janvier 1926 pour la bénédiction par l'évêque Adolphe Duparc d'un calvaire déplacé à Odet par son patron papetier René Bolloré, une cérémonie populaire suivie par une assistance nombreuse.
Les circonstances du déplacement de ce type de patrimoine religieux du XVIe siècle font l'objet d'un débat à l'époque :
- Pour ou contre, les uns protestant contre la mise au rebut « hors du cadre où il a été élevé et qui lui seyait si bien », les autres défendant l'initiative de restauration prioritaire.
- La société archéologique du Finistère, par la voix de son président Henri Waquet, déplore avant tout « l'indifférence avec laquelle trop de municipalités laissent à l'abandon de précieuses œuvres d'art », et souligne que l'acheteur a sauvé le calvaire « d'une ruine certaine et prochaine ».
- Le journaliste et mémorialiste Louis Le Guennec, dans ses notes et son livre posthume « Histoire de Quimper et son canton », rend le même satisfecit : « le calvaire de Coatquéau n'a, au point de vue pittoresque, aucunement perdu au change », et il en fait l'élégant croquis ci-dessus.
- Et même l'abbé Perrot, qui sera nommé à Scrignac en 1930 et entreprendra d'élever un nouveau sanctuaire à Coatquéau, ne tarit pas d'éloge sur René Bolloré qui lui cède gracieusement le terrain qu'il avait acheté en 1925 en même temps que les ruines : « Je savais en lui écrivant que je m'adressais à un chrétien, à un homme de cœur, et je ne fus pas déçu. »
1.
Les enfants jouant avec leurs voitures à pédales : 00:00:00à00:40:15
2.Les entrées dans la chapelle d'Odet : 00:40:16à01:32:16
3.Curé sortant du manoir et descente vers le parc : 01:32:17à03:14:15
4.La cérémonie de bénédiction autour du calvaire : 03:14:16à04:08:10
5.Procession de l'assemblée vers la sortie : 04:08:11à05:47:03
6.Scènes avec sangliers et blaireau devant le manoir : 05:47:04à09:13:00
L'évènement est éminemment religieux : l'évêque Adolphe Duparc, à la mandature épiscopale de presque 40 ans, se déplace en grande pompe et habit sacerdotal, il bénit les participants qui s'agenouillent sur son passage (à un moment donné de la procession, comme le patron Bolloré suit de près l’ecclésiastique, on a l'impression que ses ouvriers lui rendent le même hommage !). Plusieurs sœurs blanches de Malestroit sont présentes car elles ont financé la reconstruction de la chapelle d'Odet. Un curé en soutane noire est filmé à la porte du manoir, simulant une dispute avec un employé de maison.
L'assistance est nombreuse et disparate, aussi bien des notables de Quimper bien habillés que des ouvriers de l'usine en sarraus et des femmes en coiffes. En guise d'amusements avant la cérémonie religieuse dans la chapelle, plusieurs voitures à pédale dévalent la descente derrière la grille et ses drapeaux, sous les yeux ébahis des enfants. Après la bénédiction au pied du calvaire, on assiste aussi à des distractions proposées par le patron, chasseur invétéré, à savoir deux gros sangliers dans leur refuge et un blaireau tenu en laisse sur la pelouse.
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