Billet du 25.10.2025
Stangala lieu légendaire : toul ar veleien, beg a grip
En cette fin d'automne on part en trekking du côté d'un Stangala sauvage méconnu pour y découvrir la grotte qui servait de cachette aux prêtres réfractaires pendant la révolution, et y admirer la statue rocheuse d'un griffon, un animal fabuleux ayant inspiré de belles légendes locales.
Le point de départ de notre balade est le bout du chemin balisé de Griffonez depuis le parking d'Ergué-Gabéric. Ce chemin aboutit à un double promontoire dominant la vallée de l'Odet qui coule en contrebas vers la ville de Quimper (cf. symbole "Point de vue" sur la carte I.G.N. Topo25). Le premier point de vue était autrefois le début d'un chemin qui descendait de façon abrupte en direction de l'Odet et du moulin de Meil-Poul. Le deuxième plateau est plus large et le point de vue vaut une visite.
Mais ce point de vue cache un site encore plus impressionnant. À vous de le découvrir maintenant ; il faut continuer sans l'aide d'un chemin tracé au cordeau, en restant sur la crête, direction nord-ouest. Au début, le côté praticable est celui face à Briec, jusqu'à un endroit où la crête rocheuse est coupée par un grand passage. On se croirait au col de Roncevaux, mais sans le risque d'être attaqué. Pour continuer la balade, longez toujours la crête, cette fois face à Quimper-Kerfeunteun et vous pourrez admirer les parois rocheuses, les cavités et la grotte dite « Toul ar velien »
Vidéo de la grotte en 2025 :
L'une des cavités est assez profonde pour qu'on s'y glisse et la légende affirme que c'est le trou où les curés anti-constitutionnels se réfugiaient à la Révolution. L'endroit est vraiment bucolique et pittoresque. Joseph Le Dé de Kernoaz et Pierre Le Bihan de Quélennec font partie de cette génération d'enfants dont le domaine de jeux de prédilection était la pointe de Beg-a-grip. Le premier témoigne : « On y allait tous les jours, et c'est vraiment dommage que plus personne aujourd'hui ne connaît cet endroit remarquable. ».
Jean-Marie Déguignet, dans ses mémoires datées de la deuxième moitié du 19e siècle, a évoqué ce lieu : « J'étais allé d'abord à Griffonez, une des grandes fermes touchant le Stangala et de laquelle dépend la plus grande partie, la partie la plus abrupte, la plus sauvage et la plus inaccessible du stang. Ce fut dans cette partie que les prêtres réfractaires bretons allèrent se cacher pendant la Terreur, dans un endroit appelé Bec ar Grip où il n'y a que rochers, gouffres et précipices. J'allai voir la grotte dans laquelle ces prêtres trembleurs s'étaient réfugiés ... Dans cette grotte qu'on appelle toujours Toul ar Veleien (le Trou des Prêtres), on peut se loger facilement et largement. »
Mais la balade n'est pas terminée, il faut toujours progresser vers le bout de la crête (jusqu'au symbole libellé "Vestiges archéologiques" de la carte I.G.N. ci-dessus), et vous arrivez bientôt sur un petit promontoire. Contrairement aux premiers plateaux entourés d'arbres, celui-ci permet de voir très loin à 360 degrés, à gauche les versants opposés de Kerfeunteun et à droite sur les prairies de Briec et le pylône de Tréouzon.
- « beg » : "pointe ou embouchure", issu du moyen breton bec est comme son homologue français bec, mais au sens plus restreint, un emprunt au gaulois becos (Source : Albert Deshayes).
- « grip » : ancien français grip, du latin gryphum emprunté au grec, évoquant le griffon, animal fabuleux mi-aigle, mi-lion (Jean Tosti). Grippy, griffon animal fabuleux, génie soit mauvais, soit bon (dictionnaire celtique de Jean-Baptiste Bullet).
Selon la légende, l'animal logeait dans une grotte près de Griffonès (celle des curés réfractaires ?) et terrorisait le voisinage. Chaque mois on devait lui apporter une jeune fille pour sa nourriture. Le griffon fut finalement tué par un seigneur voisin qui ne supportait pas de voir sa promise livrée à l'affreuse créature.
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