Billet du 23.09.2023

De GrandTerrier

Les coutumes bretonnes du mariage au XIXe siècle selon Déguignet


La migration des articles de l'espace Déguignet étant bien avancée, c'est l'occasion d'en ajouter un qui, à partir des Mémoires du paysan bas-breton, détaille le cérémonial du mariage et les expressions bretonnes utilisées à cette époque, en 1868.

Quand il a à peine 10 ans, Déguignet apprend le métier de quémandeur par une mendiante professionnelle, laquelle exerce aussi la fonction d'arrangeuse de mariages ou porteuse de balai, « bazh-banal » en breton : « Quand elle passait dans les fermes où il y avait des jeunes gens à marier, elle était fort bien reçue, parfois même on la faisait asseoir à table et on mettait devant elle le pain et le lard traditionnels, le plus grand honneur qu'on pouvait faire alors chez nous à un étranger. »

Quand lui-même se marie en 1868 à l'âge de 34 ans, voici comment il décrit les épousailles en Basse-Bretagne :

  • Le corps religieux réglemente les aspects sociaux, moraux et financiers du mariage : « les paysans bretons n'attachent aucune importance à ce mariage civil » ; « pourquoi je ne me soumettais pas au curé, pourquoi je n'allais pas me confesser » ; « il fallut aller à la sacristie avec témoins signer cet acte sacré et en payer le coût, 6 francs plus un pourboire qui est facultatif ».
  • Les dictons populaires confirment la puissance ecclésiale : « ils ont inventé un proverbe breton à l'usage des jeunes gens, qui dit qu'il faut la permission de l'Église pour mettre la chemise mâle près de la chemise femelle, "Ret eo caoud permission an n'ilis vit lakat ar rochet e kichen an n'binvich" ».
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    La fête des noces (« fricot » en breton) s'étend sur deux longues journées, avec le fameux retour de noces (« dilost fricot ») : « le fricot, le grand repas de noce qui devait durer deux jours » ; « la noce recommença, c'est ce qu'on appelle en breton an dilost fricot (retour de noces). »
  • La bague de mariage de la mariée est désignée sous le terme breton de "bride", ce qui illustre bien le sort réservé à la femme : « il me fallait encore aller à Quimper pour acheter la fameuse alliance, ar c'habest (la bride) ».
BD de Betbeder-Babonneau, Mémoires d'un paysan bas-Breton, T3 Le Persécuté
  • Les pièces pour les mendiants : « Nous allions alors, les mendiants, les chercheurs de sous sur le passage dans l'endroit le plus étroit du chemin avec une bonne corde qu'on attachait à travers le chemin et quand le mab nevez ou la merc'b nevez arrivait, on leur criait : « Arc'bant craon pe ar verc'h an traon » (Argent de noix ou la nouvelle mariée en bas). Et des sous tombaient, puis on baissait la corde. »
  • La coutume de la "soupe au lait" (connu pour sa chanson éponyme), un prétexte pour faire irruption dans la chambre nuptiale : « La maison du reste était pleine de monde, de gens vieux et jeunes, venus assister au coucher des nouveaux mariés, ar zouben dar lez (la soupe au lait) ».
  • Et enfin un dernier bretonnisme avec cette magnifique expression de "friter en amour", le verbe « fritañ » signifiant frire, claquer, gaspiller, dépenser exagérément : « nous n'avions pas eu le temps de flirter, ou de friter en amour, comme on dit en breton. ».

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