Billet du 07.01.2024

De GrandTerrier

Bonne année et traditions bas-bretonnes


Cette semaine, on exhume un article du mémorialiste Antoine Favé (curé d'Ergué-Gabéric) qui nous avait échappé jusqu'à présent, son existence nous ayant été révélée dans un éditorial de janvier 1934 du bulletin paroissial IV Kerzevot. Mais avant d'aborder ces fameuses traditions, recevez tout d'abord nos bons vœux avec cette belle formulation bretonne.

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Dans l'article paru dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère en 1896, Antoine Favé qui, de 1888 à 1897, est vicaire d'Ergué-Gabéric, évoque quelques traditions et légendes en Basse-Bretagne, avec quelques anecdotes gabéricoises : Pellgent ou la nuit de Noël, la prise de coutume et la patène de Kerdévot, la viatique du marin de St-Pabu, la souffrance des paludiers, le beurre de la semaine blanche.

Pour ce qui concerne la nuit de Pellgent (avec une proposition étymologique non académique), Antoine Favé raconte la procession nocturne à la lumière des fagots résineux enflammés : « Et dans ces vallons, sur ces collines accidentées d'Ergué, dont la suite représenterait, graphiquement, une succession de dents de scie, se déroulait cette théorie saisissante, suggestive de feux fantastiques, aux lueurs scintillantes. »

La deuxième tradition locale a pour titre : « Des façons de mettre au plan, dans les églises », les deux pages ayant été reproduites dans le bulletin paroissial de janvier 1934 (sans plus d'explication sur l'origine de l'article, et témoignant du fait que les souvenirs des quêtes en question étaient toujours vivaces).

Il s'agit d'une coutume locale, à savoir la « prise de coutume », privilège (aboli à la Révolution) accordé aux nobles de soustraire dans une à deux poignées de monnaie dans le plat des offrandes d'une église ou chapelle, en contrepartie d'une fondation ou patronage.

À noter que le vieux mot « coutume » (ou coustume), ne désigne ici ni des us, ni une habitude, mais des droits et impôts.

Le mémorialiste évoque la résurgence de cette pratique féodale : « Je l'ai vu, ce geste, à la chapelle vénérée de Kerdévot, près de Quimper ... Au moment de l'offrande, le fabricien de la chapelle passe dans les rangs pressés des fidèles. Il tend son plat aux pardonneurs ... vous voyez une mère convier le blond bambin à prendre dans le plat du fabricien une poignée de monnaie ... Le geste de la coutume exécuté, le fabricien met au plat, sou pour sou, le contenu de la petite main ». Cette ponction maternelle est considérée comme une rançon normale.

L'auteur donne aussi une précision sur la patène servant aux offrandes : « Ce plat en cuivre repoussé, orné en quatre quartiers répétés d'une inscription en caractères vraisemblablement hollandais, et qui eut l'honneur d'être exposés en 1889, à Paris, et catalogué sous le titre de Patène de Kerdévot ». Le trésor d'orfèvrerie religieuse d'Ergué-Gabéric compte aujourd'hui une patène datant du XVIIIe siècle, mais celle exposée à Paris, disparue, devait être encore plus belle et plus ancienne !

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En savoir plus : « FAVÉ Antoine - Légendes et traditions de Basse Bretagne », Espace Biblio




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