Billet du 03.05.2025

De GrandTerrier

Erge-vraz, Eryė-vraz ou Erc’hié-Vrâz ?


Comment prononcer le nom de la commune d'Ergué-Gabéric en langue bretonne, avec un y mouillé ou un g dur ? Des éléments de réponse dans une vaste enquête toponymique menée depuis 2017 :
https://hlbi.llawern.com/

Mais en préambule on ne se permettra de déterrer le poisson d'avril 2024 : « Trop souvent confondu avec Ergué-Armel, quartier situé au Sud-Est de Quimper, la Ville d’Ergué-Gabéric a décidé de changer de nom et devient Ville de Gabéric, Kêr Cabellic en breton. ». Qu'on se rassure, ce canular n'avait pas vocation d'établir une nouvelle dénomination.

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Pour en revenir à l'enquête citée plus haut, menée par un collectif de spécialistes bretonnants de la toponymie autour de Yvan Wmffre et Loïc Cheveau, c'est un inventaire exhaustif des noms de lieux-dits de basse Bretagne, avec collecte des prononciations locales et transcriptions phonétiques. Ce travail, quand il sera achevé, devrait donner lieu à publication de 37 tomes regroupés par pays.

La toponymie gabéricoise est abordée au sein du tome 27 « Hanoiou-lec’hiou tro-droiou Kepar ha Plogastėll » (Kepar : Kemper / Quimper). Et les deux noms de communes d'Ergué sont transcrites en :

  • an Eryė-vraz (Ergué-Gabéric)
  • an Eryė-vìėn (Ergué-Armel)

Cela correspond bien à la prononciation locale, car le "g" du toponyme « ar Erge vraz » est traité comme une consonne "mouillée" (ou palatalisée), contrairement au g dur de son équivalent français « Ergué.

Ce qui nous amène à dresser cette petite récape des principaes dénominations écrites et orales qu'a connu l'ancienne paroisse d'Ergué-Gabéric depuis les temps reculés du Moyen-Âge :

  • Arke ou Erge, prétendument dans une charte de Conan IV au XIIe siècle, via deux calligraphies lisibles sur les copies apocryphes de 1312 et 1451. Le toponyme serait issu probablement du breton Arkae « les terres face à la haie ou lieu frontière devant les fortifications ».
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  • Ergue-Caboric, Erge-Gabiric ou Ergué-Gabellic, de 1325 (Cartulaire de Quimper) à la fin du XVIe siècle (terres de l'évêque), formés en suffixe du patronyme de la famille Cabellic détenant le lieu noble de Lezergué, ceci en scission du territoire sud-ouest qui prend le nom d'Ergué-Armel.
  • Ergué-Gabéric qui est l'orthographe administrative officielle retenue depuis le 17e siècle et la Révolution dans la plupart des déclarations et registres fonciers.
  • Erc'hié-Vrâs, appellation courante dont usent les bretonnants pour nommer "an Erge vras", aka le Grand Ergué, le petit Ergué était Ergué-Armel car moins étendu. Cette orthographe Erc'hié avec un c'h (lettre de l'alphabet breton qui se prononce comme la jota [ro-ta] en langue espagnole) suivi d'un i, apparaît dans les comptines comme le Trivéder Kerne d'Auguste Brizeux : « Person Kemper a zô skolaer, Ann hini Erc’hié-Vrâz marrer, Ann hini Elliant falc’her » (Le recteur de Quimper est instituteur, Celui du Grand-Ergué écobueur, Celui d'Elliant faucheur).
  • Dans l'étude toponymique de Yvan Wmffre et Loïc Cheveau en 2017, il est établi une autre orthographe phonétique « an Eryė-vraz » où le "g" du toponyme « ar Erge vraz » est traité comme une consonne "mouillée" (ou palatalisée).
  • « Grand Terrier » est une altération phonétique et bretonnisme qui apparaît sur la carte Cassini établie en 1750-1789 et dans certains documents fonciers ou ecclésiastiques. Essayez donc de prononcer Erc'hié ou Eryė en le précédant de l'adjectif "grand', traduction française de Vrâs : l'adjectif grand devant la voyelle E donne naturellement par assourdissement le T de Terrier.

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En savoir plus : « WMFFRE Iwan et CHEVEAU Loïc - Hanoiou lec’hiou Breiz-Izel », espaces Breton et Bibliographies.




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