1945-46 - Le fichier départemental des Prisonniers politiques et déportés

De GrandTerrier

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On trouvera ci-dessous les dossiers relatifs aux gabéricois revenus des camps de déportation où ils ont été prisonniers en raison de leurs opinions politiques ou d'activités considérées comme terroristes.

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Sources : Dossier numérisé des fiches cartonnées conservées aux Archives départementales du Finistère, cotes 1397 W 01 (lettres A à K) et 1397 W 02 (lettres L à Z)

Autres lectures : « Espace Soldats 1939-45 » ¤ « 1940-1945 - Groupes de jeunes résistants gabéricois » ¤ « Jean Le Corre (1920-2016), footballeur et résistant déporté » ¤ « Le coup du STO raconté par Jean Le Corre » ¤ « 1940-1945 - Les dossiers des Archives Arolsen pour les victimes gabéricoises du nazisme » ¤ « Les résistants communistes d'Ergué-Gabéric en 1939-45 » ¤ « LE LOUET Mathias - Je viens de la part de Fernand » ¤ « Germaine Herry, cantinière à Stang-Venn » ¤ 

Présentation

Le fichier départemental finistérien est constitué de plus de 2200 fiches cartonnées recto/verso contenant les diverses informations suivantes afin de coordonner les aides après la libération des prisonniers : l'état civil et optionnellement la description physique de l'individu ; les lieux, dates et motifs de l'arrestation dans le département ; les possibles lieux et dates d'internement dans les camps en France et en Allemagne ; les secours potentiellement déjà reçus.

On y trouve en majorité des natifs du département, mais aussi d'autres départements français et pays étrangers (de nombreux espagnols, d'Afrique du Nord, quelques russes ...) sous la condition d'avoir été arrêtés sur le territoire finistérien. Par contre, les français ou étrangers arrêtés ailleurs n'y figurent pas, ainsi que tous les prisonniers de guerre au statut de KG ("Kriegsgefangener"). De même, il manque les prisonniers morts en déportation et les travailleurs déplacés du STO [1] (Service du travail obligatoire).

Pour Ergué-Gabéric on note six noms. Les deux plus connus sont respectivement Hervé Bénéat et Jean Le Corre (cf. la photo ci-après avec leurs initiales HB et JLC), tous deux domiciliés au Bourg, héros du casse des locaux du STO [1] le 14 janvier 1944 à Quimper et souvent cités lors des commémorations locales :

  • Hervé Bénéat : « Orphelin. Instituteur stagiaire. Célibataire. », les rédacteurs de la fiche s'interrogent sur la certitude de son décès : il est bien décédé le 24 avril quelques jours après la libération du camp de Neuengamme.
  • Jean Le Corre : arrêté par la « G.F.P » [2] (police secrète de l'armée allemande), déporté dans le même camp qu'Hervé Bénéat. Quand il revient au pays, il est bénéficiaire d'un dossier de secours : « Soutien de famille. Ressources familiales avant arrestation : gain du fils. Après : néant. Secours : F.F.I. 6-1-1945 : 2000, attestation pour vestiaire complet ; 23-5-45 Avance sur prime (N° 1089) : 1000, colis de Croix Rouge. Père : 54 ans, maçon au chômage. Mère : 52 ans, malade, 2 enfants dont 1 étudiant à charge. ». Il échappe aux camps en Allemagne en s'évadant de la prison de Chalon sur Marne.
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Les quatre autres déportés sont tous du quartier d'Odet-Lestonan et de Stang-Venn :

  • Louis Cogent : fils d'ouvrier papetier, né et résidant à Lestonan, il est pris dans une « rafle » à Landudal, et fait plusieurs camps dans la région de Thuringe où il reçoit des colis. À son retour il se marie en 1947 à Ergué-Gabéric avec Yvette Couré.
  • Jean Herry : né en 1925, il est déporté dans les mêmes camps que Louis Cogent. Jean a pour frère Pierre (né en 1921) et Émile (né en 1928, patron de l'hôtel-restaurant de l'Orée du bois à Stang-Venn).
  • Jean Ravaille : né à Rochefort, domicilié à Paris avant son arrestation par la G.F.P. [2] pour défaut de carte de travail. Après son retour des camps en Allemagne, il est résidant à Stang-Venn.
  • Mathias Louet : né à Briec, il déménage à Lestonan à l'âge de 3 ans, son père ayant été embauché comme manœuvre à la Papeterie de l’Odet. Il suit les classes de l'instituteur public Jean Lazou. Dans sa fiche son arrestation est détaillé ainsi « Arrêté le 2 mars 1943 à Quimper par la Police française. Résistant avant le 1er janvier 1941 : Parti communiste, groupe FFI Ste Ménéboulet (Marne). Motif arrestation : activité communiste. Cause inconnue. ». Il ne connaîtra pas les camps en Allemagne car il réussit à s'évader de la prison de Chalon-sur-Marne.

Transcriptions

  • Hervé Bénéat

décédé. BENEAT Alain Hervé, né à Ergué-Gabéric le 4.9.23. Situation de famille : Orphelin. Instituteur stagiaire. Célibataire.

Arrestation : à Quimper le 17.1.44 par la Gestapo. Internements : Quimper le 18.1.44, sortie le 29 mai 1944. Rennes, sortie fin juin.

Sources renseignement : Mme et M. Thomas au Bourg d'Ergué-Gabéric (Finistère).

Observations : demander à Corentin Boissel confirmer la mort de Bénéat. Vu en février [...]

Secours : F.F.I 6.45 : 500. À secourir à son retour.


BENEAT Alain Hervé, né à Ergué-Gabéric le 4.9.23. Adresse actuelle : Bourg d'Ergué Gabéric.

Arrestation : à Quimper le 17.1.44 par la Gestapo. Internements : Quimper sortie le 29 mai 1944. Rennes, sortie fin juin.

Sources renseignement : Mme Thomas Bourg d'Ergué-Gabéric (Finistère).

  • Louis Cogent

COGENT Louis, né le 14-5-24 à Ergué-Gabéric. Adresse avant sep. 1939 : Lestonan en Ergué-G. Adresse actuelle : Lestonan, Ergué-Gabéric. Célibataire.

Arrestation : 18-5-44 à Landudal, rafle. Internements : Quimper le 18-5-44, sortie le 23-24-5. Paris. Allemagne. Camps de concentration : Donneberg. Bruhen Werke (15) Yau. Thuringe à Schabkau kras. Correspondance : lettres-cartes, 1 colis en décembre.

Personne à prévenir : Bouédec 100 route de Rosporden. Ergué-Armel. Finistère.

  • Jean Herry

HERRY Jean, né le 6-4-1925 à Ergué-Gabéric. Adresse actuelle : Stang Guen Ergué-Gabéric. Célibataire.

Internements : Quimper. Paris. Camps de concentration : Buchenwerke. Kres Sonneberg (15) gare Türingen. A. Shalkau.

Sources renseignement : M. Herry Stang Guen Ergué-Gabéric Finistère.

  • Jean Henri Le Corre

libéré, rentré le 12-5-? LE COREE Jean-Henri, né à Ergué-Gabéric le 15-8-1920. Adresse actuelle : Ergué-Gabéric, Bourg. Célibataire. Secrétaire au Service Agricole.

Arrestation : à Quimper 17 ou 18-1-1944 par la G.F.P. [2]. Résistant du groupe Laurent Jacq.

Internements : Quimper, sortie le 29-5-44. Rennes-Nantes, sortie le 28.6.44. Compiègne, sortie le 28.7.44. Départ pour l'Allemagne : 28.7.44. Camp de concentration : Neuengamme.

Sources renseignement : Prisonnier de guerre, se trouverait à proximité su stalag XI B.

Personne à prévenir : Mme Jean Le Corre bourg d'Ergué-Gabéric.

Observations : soutien de famille.

Ressources familiales avant arrestation : gain du fils. Après : néant. Secours : F.F.I. 6-1-1945 : 2000, attestation pour vestiaire complet ; 23-5-45 Avance sur prime (N° 1089) : 1000, colis de Croix Rouge.

Père : 54 ans, maçon au chômage. Mère : 52 ans, malade, 2 enfants dont 1 étudiant à charge.


LE CORRE Jean-Henri, né à Ergué-Gabéric le 15-8-1920. Adresse actuelle : Ergué-Gabéric. Célibataire.

Arrestation : à Quimper 17 ou 18-1-1944. Résistant.

Internements : Quimper. Rennes. Compiègne. Départ pour l'Allemagne : 28.7.44. Camp de concentration : Neuengamme.

  • Mathias Le Louet

LE LOUET Mathias, né le 19 pars 1921 à Briec-de-l'Odet. Adresse avant sept. 1939 : Ergué-Gabéric (Finistère). Adresse actuelle : id. Célibataire.

Arrestation : 2 mars 1943 à Quimper par la Police française. Résistant avant le 1er janvier 1941 : Parti communiste, groupe FFI Ste Ménéboulet (Marne). Motif arrestation : activité communiste. Cause inconnue.

Internements : Quimper le 2 mars 1943, sortie le 5 avril 1943. Vitré le 5 avril 1943, sortie le 15 juin 1943. Poissy le 15 juin 1943, sortie le 20 sept. 1943. Melun le 20 sept 1943, sortie le 15 décembre 1943. Chalon s/Marne le 15 décembre 1943, sortie le 15 juin 1944.

  • Jean Ravaille

rentré 23-5-45, à l’hôpital de G. RAVAILLE Jean, né le 22-1-16 à Rochefort (Charente maritime). Adresse avant sept. 1939 : 29 rue Le Brun, Paris 13e. Adresse actuelle : Ergué-Gabéric, Stang Ven. Marié, 2 enfants : Jacqueline (3 ans), Philippe (4 ans).

Arrestation : Paris le 23-5-43 par G.F.P. [2]. Motif : défaut de carte de travail. Internement : Compiègne. Départ pour l'Allemagne : Grostrosen. Drienanburg. Ebeusée ?

Secours : A perçu à Paris ses primes ; perçu vestiaire à Paris.

Fiches manuscrites

Annotations

  1. 1,0 et 1,1 Le Service du travail obligatoire (STO) fut, durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie, la réquisition et le transfert contre leur gré vers l'Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français, afin de participer à l'effort de guerre allemand que les revers militaires contraignaient à être sans cesse grandissant (usines, agriculture, chemins de fer, etc.). Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO étaient hébergées dans des camps de travailleurs situés sur le sol allemand. À la fin de l'année 1942 ils étaient seulement 240 000. Les autorités Allemandes et Françaises organisèrent alors un recensement général des travailleurs Français et tentèrent d'imposer à tous les inactifs de trouver un emploi. Dans chaque ville importante, un service administratif du STO, dépendant d'une Feldkommandantur, était chargé de gérer les dossiers et de la désignation des « déportés du travail ».
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 La Geheime Feldpolizei (GFP) est, pendant la Seconde Guerre mondiale, la police secrète de l'armée allemande (comparable à la sûreté militaire de l'Armée française), chargée d'assurer la sécurité des forces armées à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Allemagne, en complément à l'action de la Feldgendarmerie (prévôté) et en liaison avec l'Abwehr (service de renseignement de l'armée).



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Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Création : Février 2025    Màj : 15.04.2025