La commission histoire tourne autour du pot, OF-LQ 1984
« Le passé d'Ergué - Les origines de la commune »
Le 10 avril 1984, paraissait dans les colonnes d'Ouest-France (repris dans la Bretagne à Paris du 27.04) un article de Laurent Quevilly relatant les traces de poterie dans le sol et l'histoire d'Ergué-Gabéric.
Histoire de commission
et de pot
Références :
- BERNARD Daniel - Les poteries d'Ergué-Gabéric
- CAMBRY Jacques - Voyage dans le Finistère en 1794-95
- 1838 - Lestonan, futur chef-lieu
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Retape-t-on un vieux penty du côté de Drohen que l'on y découvre des éclats de poteries. Dans la maison, un amas de pierres évoque un four. Dehors, le champ profondément creusé suggère l'existence d'une mine.
Cultive-t-on son jardin du côté de Kerveguen que l'on met à jour un vase d'argile près des vestiges de l'ancienne voie romaine. Une découverte presque banale qui s'ajoute aux nombreux fragments déjà retirés du sol à cet endroit. À l'évidence, la poterie fut une activité notable dans le passé du grand Ergué. La commission extra-municipale de recherches historiques s'efforce d'en recoller les morceaux. Mais les pistes sont maigres et les témoignages personnels seront les bienvenus. |
Un acte daté de 1488 relatif au rachat du manoir de Kerfort révèle « une mine de terre à faire des pots de terre ». On précise en 1493 que cette mine « est affermée aux potiers qui la tiennent ». Ils ont pour noms Poupon, Guezennec, Le Dourgar, Le Baelegou. En 1634 est signalée « la poterie dudict Ergué affermée à Vincent Le Gall et Yvon Le Galland ». D'autres écrits abondent dans ce sens comme celui de 1652 qui indique que « de grandes garennes dans lesquelles on tire de l'argile à faire des pots » sont exploitées près du manoir de Lezergué. Mais à compter de cette date, Daniel Bernard note dans le bulletin de la société archéologique de 1923 qu'il n'est plus fait mention de redevances en pots ni même de terre à poterie dans les documents d'archives. « Il est donc vraisemblable, en conclut-il, que les fabriques avaient cessé d'exister à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle ou bien que les potiers avaient transporté leur industrie ailleurs, peut-être même à Locmaria ... » |
Pourtant, le recensement de 1790 démontre encore la présence de potiers à Ergué. Yves Coatmen exerce à Beg-ar-Menez, Alain Huitric à Kerveguen, Louis Istin à Kervinic et Mathias Gourmelen à Mesnaonic. Cambry, dans son voyage en Finistère, note en 1795 que « de petites manufactures de grosse poterie et de vase de grai » sont disséminées sur le territoire communal. En 1842, l'un des arguments mis en avant par les opposants au projet de déménagement du bourg à Lestonan sera que le terrain y « est en entier composé d'une épaisse couche d'argile si compacte qu'elle sert à la fabrication de la poterie ». Enfin, en 1889, des tronçons de tuyau de canalisations seront mis à ciel ouvert à Parc-al-Lan (Garsalec) et attribués à des potiers. Il est vrai qu'habitait là en 1498 le potier Poupon. On relève aussi à la Salle Verte non loin du Rouillen un lieu-dit Stang-ar-Poder : la vallée du potier ... Maintenant, en alignant la plupart des noms cités sur une carte : Kerveguen, Kervinic, Parc-al-Lan, Lezergué, la Salle-Verte, on obtient d'est en ouest un tracé rigoureusement rectiligne proche de celui de l'ancienne voie romaine. Alors jusqu'où remonte cette industrie ? Mystère. Une seule chose est sûre : on est ici loin des allées de Locmaria et il est peu probable qu'un financier américain reprenne l'affaire. Pas de pot ... |