LE DOUGET Annick - La pègre quimpéroise, entre Résistance et banditisme

De GrandTerrier

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Couverture
LE DOUGET (Annick), La pègre quimpéroise, entre Résistance et banditisme, Arkae, Autremencourt, 2025, ISBN 2-917877-29-6
Titre : La pègre quimpéroise, entre Résistance et banditisme
Auteur : LE DOUGET Annick Type : Livre/Brochure
Edition : Arkae Note : Cahiers de Cornouaille n° 7
Impression : Autremencourt Année : 2025
Pages : 166 Référence : ISBN 2-917877-29-6

Autres lectures : « La bande à Poux condamnée pour l'affaire de la Salle-Verte, Détective 1948 » ¤ « 1949-1950 - Demande de révision du procès de la tuerie de la Salleverte » ¤ « Salleverte, ar Sal C'hlas‎ » ¤ « 1673 - Aveu de Le Coffec et Le Cozquer à la Salle Verte par acquet de Françoise de Kermorial » ¤ « Site archéologique médiéval de la Salle Verte et du Mélennec, Télégramme 1985 » ¤ 


Notice Bibliographique

Annick Le Douget est la spécialiste de la criminalité bretonne toute indiquée pour délivrer cette mine d'informations sur une affaire qui a défrayé les chroniques régionales en 1946-48 :

  • Le déroulement des faits crapuleux qui se sont produits, les rebondissements de l'enquête policière et judiciaire et les biographies de toutes les personnes impliquées.
  • De nombreux clichés inédits du célèbre photographe quimpérois Etienne Le Grand [1].
  • Des extraits des journaux locaux et nationaux, dont la photo de couverture du magazine « Qui ? Détective » [2].

Dans la conclusion, Annick Le Douget nous fait part de son : « À l'issue de la lecture des pièces d'instruction, nous avons ressenti une sensation assez déplaisante, celle d'être face aux non-dits de plusieurs protagonistes, celle de deviner qu'un certain nombre d'échanges oraux ont eu lieu sans être retranscrits dans la procédure. »

En effet, de nombreuses personnes ont été suspectées, certaines accusant les autres des pires méfaits, et parmi eux d'anciens résistants qui se sont aussi fourvoyé dans des opérations de brigandage. Et du côté des forces de l'ordre, on est dans une guerre des polices, entre PJ de Rennes et commissariat local de Quimper qui se détestent et se méprisent. De plus la manière brutale de commissaire Le Leyour de Quimper lors des premiers interrogatoires peut poser question ; sans compter le rapport du commissaire Kergoët appuyant la demande de révision du dossier et dénonçant une monstrueuse erreur judiciaire.

Le dépouillement de tous ces dossiers amène cette question : si nous, les lecteurs de 2025, aurions été jurés, aurions-nous voté la non-culpabilité ? C’est-à-dire en l’occurrence l’acquittement de celui qui avait concentré à l'époque beaucoup de rejet et de haine, le chef de bande qui se défend ainsi lors de son procès en révision : « Je ne suis pas originaire du pays, je suis un étranger, donc "suspect". Ne me liant pas facilement, je suis jugé fier. »

Il faut dire qu'en héritant dans les journaux du surnom de « Laou » qui veut dire "poux" en breton (« Bend-en-Laou » [3] = bande à Poux), sa réputation de pouilleux était toute faite.

Extraits, Transcriptions

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Le meurtre du jeune cultivateur René Lasseau le 23 décembre 1946, dans la cour de sa ferme de la Salle Verte à Ergué-Gabéric, près de Quimper, jette la stupeur et l'effroi dans le pays. Cet acte d'une violence inouïe surgit alors que la page noire de la guerre vient d'être tournée et que la population aspire désormais au calme, à la paix.

Page 14

La ferme de la Salle Verte est située sur le territoire de la commune d'Ergué-Gabéric à près d'un kilomètre à l'ouest du bourg. Elle comprend quatre corps de bâtiments ; un chemin bien encaissé et bordé de haies d'aubépines d'environ cent cinquante mètres les relie en droite ligne à la route qui mène d'un côté la ville de Quimper, distante de quatre kilomètres, de l'autre à l'agglomération de Coray à dix-sept kilomètres. Tenue par les époux René et Marie-Catherine Lasseau, secondés par leur fils René, 23 ans, et Pierre, 18 ans, la ferme de la Salle Verte a la réputation d'être florissante, ceci grâce au travail sans relâche de la famille sur les 35 hectares de l'exploitation. Mais cette belle renommée attise les convoitises diverses.

Page 95

Ce sont les faits de guerre, ou plus exactement les actions dans la Résistance qui ont soudé la « bande à Poux ». Une part importante du dossier de la Salle Verte porte sur ce point. Le comportement d'un individu en temps de guerre est un élément de moralité indéniable pour les tribunaux à cette époque, aussi la nature de son engagement dans le conflit est scrutée par les magistrats. Dans certains cas, comme ici, il s'agit pour les juges de concilier des antinomies : un crime crapuleux et des agressions violentes peuvent-ils être imputés à des hommes dont les services rendus à la Résistance sont unanimement loués ?

Annotations

  1. Etienne Le Grand est né à Menez-Groas en Ergué-Gabéric le 9 février 1885, son père étant domestique de ferme, puis maçon, et sa mère issue d'une famille de tailleurs de pierre ou maçons. Son père décédé en 1885, il fut élevé à Keruel, près de Lestonan, d'où son oncle maçon est appelé à construire les écoles communales de la région. Il démarre comme stagiaire en 1889 chez le photographe quimpérois Joseph Villard. Il se marie le 19 février 1911 avec Catherine Bourhis. Il poursuit sa passion de la photo quand il fait son service au 102e régiment d'artillerie, puis lors de son incorporation en 1914 au 318e. De retour de la guerre, Etienne Le Grand retourne chez Villard, puis ouvre un atelier en 1920. En 1922 il installe ses studios au 8 place Terre-au-Duc. En 1947 il passe la relève de son studio quimpérois à son fils aîné Etienne (né en 1911-12) et prend sa retraite (il s'éteindra à Quimper le 15 avril 1969) ; le fils cadet Jean s'installe aussi comme photographe, à Concarneau. C'est ce dernier qui a conservé la plupart des clichés de son père de la première guerre mondiale.
  2. Hebdomadaire français de faits divers désigné sous le nom "Le Nouveau Détective" depuis 1982 et créé aux éditions Gallimard en 1928 sous le titre originel de "Détective". La parution est interrompue par la Seconde Guerre mondiale, puis reprend en 1946 sous le titre "Qui ? Détective". En 1958, le titre redevient "Détective" jusqu'en 1979, puis "Qui ? Police" à partir de 1979.
  3. « Bend-en-Laou » est la retranscription phonétique d'une expression locale et populaire qui devrait plutôt être orthographiée « Bandenn-Laou », la bande du Poux. Le substantif « Laou » est un collectif (singulatif : « laouenn ») qui désigne bien le poux en français. L'adjectif « Laouek » est l'équivalent de "pouilleux" et l'expression « penn-laou » est l'insulte suprême "tête de poux" . Autres expressions : « fritañ laou », vivre dans la pauvreté ; « spazhañ laou », chercher la petite bête, couper les cheveux en 4 ; « laou(enn)-douar  », cloportes ; « laou-pafalek (enn-b.) », morpions, poux du pubis ; « pér-laou », poire-poux, fruit de l'aubépine.



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Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Création : Février 2008    Màj : 12.12.2025