Inventaire des fours gabéricois, fonds Le Guiriec AMQ
Descriptions techniques, mesures, photos de 12 fours à pain implantés sur la commune d'Ergué-Gabéric.
Source : Classeur conservé aux Archives Municipales de Quimper sous la cote 55 J 14.
Autres lectures : « Panorama des anciens fours à pain gabéricois » ¤ « Restauration du four à pain de Kerfres, Le Télégramme 2009 » ¤ « 1728 - Inhumation hors des lieux saints suite à une mort tragique dans un four à pain » ¤ « LE GUIRIEC Pierre - Fours en granit en Basse Bretagne » ¤
Présentation
Fiches, photos et transcriptions
Transcriptions des fiches :
Four du moulin de Meilh-Poul (au lieu-dit Le Stangala ou Stang-Odet)
L'accès à cet ancien moulin construit sur les berges de l'Odet rupestre empruntait autrefois un vieux pont en pierres (remplacé aujourd'hui par une passerelle) et le versant opposé sur le coteau d'Ergué-Gabéric. De cette bâtisse ne subsistent que des ruines et des pans de murs moussus, ainsi que l'emplacement de l'ancienne maison du four à pain, complètement délabrée sous les assauts des crues hivernales, pourtant tout ceci vivait encore jusqu'aux années 1950.
Site enchanteur, les gorges du Stangala sont très prisées en été par les randonneurs en quête de fraîcheur et de calme. L'hiver, quand l'eau dévale entre ces deux berges parsemées de blocs rocheux et d'éboulis en un gros bouillon continu vers Quimper, il se crée une résonance qui accentue la sensation quelque peu oppressante et mythique de l'endroit.
Du côté de Kerfeunteun, l'accès très sportif emprunte une descente boisée, formée d'un chemin raviné et très pentu qui serpente jusqu'à la rivière au gré de sa fantaisie.
Un cultivateur voisin s'afférant à fendre du bois de chauffage sur le plateau me raconte cette amusante anecdote concernant le dernier meunier en exercice au moulin. Il y a toujours de belles histoires autour des moulins et notre meunier, afin de livrer ses clients lui ayant confié des céréales à moudre, attelait sa jument à une charrette où s'entassaient les sacs de mélanges. Soucieux de ménager ses vieilles jambes fatiguées par l'âge, il coupait au plus droit dans le bois à chaque facet du chemin, laissant la jument continuer seule et sans guide. Quoi de plus naturel me direz-vous, sauf pour certains virages, plus accentués que d'autres, exigeant une délicate manœuvre de marche arrière, que le cheval, très intelligent, exécutait facilement, uniquement guidé à distance par le sifflement du meunier...
Comme bien souvent en ces endroits à l'abandon, le végétal engloutit le minéral, mais toujours le four résiste aux intempéries. Il s'agit ici d'un four adossé de belles dimensions dont la voûte en chapelle, très solide encore, repose sur deux rangs de blocs en granit taillé, d'une hauteur de 0,33 m, disposés en claveau bien régulier. Seules les dalles de la sole se sont disloquées sous l'effet des crues qui s'avancent jusqu'au niveau de l'autel pourtant surélevé.
La façade bien équilibrée a conservé ses deux corbeaux de cheminée, mais le linteau a disparu dans le chaos de pierres entassées pêle-mêle dans ce qui reste du ti-forn généralement inondé. Le dôme herbeux est envahi par les ronces et les fougères, mais fort heureusement aucun arbre ne s'y est installé pour le moment.
Des promeneurs présents lors de ma visite n'en croyaient pas leurs yeux en découvrant cet édifice, quelque peu masqué il est vrai. Ils connaissaient pourtant bien l'endroit, mais n'avaient jamais supposé qu'il puisse exister là un si beau four à pain toujours debout.
Dimensions du four :
- profondeur utile : 2,40 m ; diamètre : 2,20 m ; hauteur sous voûte : 1,20 m (estimation) ;
- ouverture de plein cintre : 0,70 m à la base sur 0,62 m de haut ;
- écartement entre les deux montants droits : 0,95 m.
ERGUÉ-GABÉRIC – 29500 – FÉVRIER 2012
Four au manoir de Pennarun (adossé à l'origine à un ti-forn)
À l'emplacement de ce manoir construit dans les années 1765 existait, semble-t-il, un château bien plus important dont les souches nobiliaires successives se retrouvent dans les côtes d'Armor au sein de la commune de Lantic et le domaine de Bourgogne.
Propriété des Geslin de Pennarun jusqu'à la Révolution, cette bâtisse est ensuite vendue comme bien national et transformée, comme la plupart des demeures de petite noblesse, en exploitation agricole.
Jusqu'à une période très récente, la famille Lozach y développera une activité cidricole fort réputée et participera activement à l'obtention de l'appellation d'origine contrôlée « cidre de Cornouaille ».
Le chemin d'accès à la cour mène droit au cul du bâti et de sa masse sombre qui en impose par sa maçonnerie bien d'aplomb et toujours solide sur de gros blocs en granit.
Les vestiges d'un mur gouttereau à droite de la façade et d'une banquette de commodité dans l'encoignure attestent de son origine de four adossé et seule une petite partie du mur-pignon retient la couverture herbeuse du dôme.
Une restauration d'allure peu orthodoxe est intervenue sur la voûte et son couronnement en chapelle sur une assise pourtant très solide à la base avec une rive toute en blocs taillés régulièrement.
Comme dans la majorité de nos maisons noble, la cuisine abrite un petit four d'office en angle et contigu à une grande cheminée dont le linteau a été malheureusement massacré.
La façade est très coquette avec sa hotte intégrée dans le mur, le conduit d'évacuation des fumées rejoignant celui de la grande cheminée voisine de la même manière.
Sur les trois blocs formant l'ouverture de plein cintre est prévue une feuillure afin de recevoir une porte en encastrement. La petite table d'autel fort joliment ouvragée au dessus d'une niche au sol pour la réserve de bois, ajoute une touche d'originalité dans cette pièce plutôt austère.
Dimensions du four :
- profondeur utile : 2,25 m ; diamètre et hauteur sous voûte non mesurés ;
- ouverture de plein cintre : 0,65 m à la base sur 0,62 m de haut ;
- écartement entre les deux montants droits : 1,00 m ;
- profondeur de la table d'autel : 0,25 m ;
- petit trou d'office : 0,90 m 0,70 m de diamètre, sa forme est celle d'un U inversé et la voûte est constituée de petites briquettes réfractaire bien érodées signe d'une utilisation intense.
Four de Kervreyen (adossé)
Pour rejoindre cette ancienne ferme, le chemin défile devant le coquet manoir de Kernaou, propriété dont dépend l'ancien four à pain. Ce manoir typiquement breton présente sur l'angle de sa façade droite une échauguette ou bretèche, il daterait, selon mes informations, du 15e ou du 16e siècle.
La ferme elle-même est à l'évidence très ancienne, si l'on se réfère à l'usure de la pierre de seuil du logis principal surmonté d'une superbe accolade sculptée au bon linteau, ainsi qu'au bel appareillage des pierre de taille ancienne en façade, mais pas de date apparente.
Ces observations permettent cependant de cerner la date de construction du four monumental aux alentours du 17e ou du 18e siècle. Il faut cependant prendre en considération que certains édifices, après des années d'utilisation, avaient besoin de réparations notamment au niveau de la voûte.
Ce four isolé s'élève dans la très large allée menant directement au courtil. La partie droite du bâti s'est écroulée, alors que la chambre de cuisson et sa voûte sont pour le moment intacts, mais en sursis, si rien n'est entrepris pour reconsolider la maçonnerie qui souffre par manque de soins.
Il s'agit là d'un patrimoine précieux qu'il faudrait préserver absolument et le présenter comme tel doit être un début de prise de conscience.
Dimensions du four :
- profondeur utile : 2,30 m ; diamètre : 2,20 m ; hauteur sous voûte : 1,35 m ;
- ouverture de plein cintre : 0,65 m à la base sur 0,65 m de haut ;
- la voûte repose en rive sur douze blocs en granit de 0,33 m de haut, de 0,30 m en seconde couronne, puis de 0,25 m en dégressif jusqu'à la clef de voûte ;
- écartement entre les deux montants droits : 1,10 m ;
- profondeur de la table d'autel : 0,30 m ;
- présence d'une fente d'évacuation des cendres sur l'avant du bloc autel avec niche de réception quelque peu enfouie sous le terreau de feuilles.
