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===Un prêtre insermenté déporté en Allemagne en 1793-94===
===Un prêtre insermenté déporté en Allemagne en 1793===
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Le 1er novembre 1792 Jean-Baptiste Tanguy est emprisonné dans le petit château du Taureau en baie de Morlaix, en même temps que ses trois collèges vicaires (Ansquer, Le Gouil, Quemener). Les conditions de détention sont très difficiles pour les prêtres : « <i>Ils y souffrent beaucoup; mais, en vrais confesseurs de Jésus-Christ, ils ne se plaignent de rien, quoique tout leur manque. Ils sont couverts de salpêtre et rongés de scorbut</i> » (lettre d'un curé de Brest, citée par François Uzereau).
Le 1er novembre 1792 Jean-Baptiste Tanguy est emprisonné dans le petit château du Taureau en baie de Morlaix, en même temps que ses trois collèges vicaires (Ansquer, Le Gouil, Quemener). Les conditions de détention sont très difficiles pour les prêtres : « <i>Ils y souffrent beaucoup; mais, en vrais confesseurs de Jésus-Christ, ils ne se plaignent de rien, quoique tout leur manque. Ils sont couverts de salpêtre et rongés de scorbut</i> » (lettre d'un curé de Brest, citée par François Uzereau).
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[[Image:BlogSermentCCC.jpg|490px|center|link=1790-92 - Les serments de fidélité du curé constitutionnel Rolland Coatmen]]
[[Image:BlogTaureauTanguy.jpg|490px|center|link=Jean-Baptiste Tanguy, prêtre (1790)]]


Il faut dire qu'en 1792 la pression est forte pour que les municipalités publient les prestations de serments. Le 1er février 1791 le Directoire du district du Finistère manifeste son agacement à l'encontre de la résistance du conseil général de Quimper : « <i> Considérant qu'il est fâcheux que dans ces moments où il faudrait encourager le patriotisme et applaudir au civisme des vertueux ecclésiastiques qui ont la force de mépriser les moyens que les ennemis de la tranquillité publique mettent en usage pour fomenter la désobéissance à la loi, de voir un conseil général qu'on ne peut pas présumer agir par ignorance, susciter une misérable tracasserie à des citoyens pour avoir prononcé ce que pense tout honnête homme en faisant le serment prescrit par les décrets de l'assemblée nationale. </i> »
Dès 1793 pour les autorités de Quimperlé, Tanguy est qualifié de prêtre « <i>interné ou reclus</i> », et surtout « <i>déporté</i> », dans les dossiers récapitulatifs de ses créances. Même son beau-frère, le mari de sa sœur, est considéré comme créancier de ses loyers de résidence à Querrien qu'il a dû quitter par la contrainte.


En tous cas, en octobre 1792, la municipalité gabéricoise choisit son camp, avec cette transcription, fautes d'orthographes incluses, qui va au-delà même du texte du décret : « <i>s'est présenté Rolland Coatmen notre curé, qui en notre présence a fait le serment d'être fidelle à la nation de mentenir de tout sont pouvoir la liberté et l'égalité ou de souffrir plutot la mort, et a signé avec nous.</i> »
Un document officiel, conservé aux archives départementales des Cotes d'Armor, acte la fin du séjour dans le fort du Taureau le 17 avril 1793 : « <i>Nous administrateur et procureur syndic, commissaires délégués du Directoire du District de Morlaix, à l'effet d'effectuer et de surveiller l'embarquement des prêtres réfractaires détenus au château du Taureau, déclarons les avoir fait devant nous embarquer sur le bateau L'Expédition, capitaine Gredhawighoorse, au nombre de 28.</i> » Les 4 vicaires de Querrien sont du lot, ainsi que d'autres prêtres de Brest, Chateaulin et Landerneau.
 
En vertu du traité passé entre le Directoire et le capitaine du navire « <i>L'Expédition</i> », les 28 prisonniers sont tous déportés à Brême au nord de l'Allemagne où ils sont d'abord bien accueillis, mais très vite la communauté catholique qui les héberge leur demande de partir par plusieurs groupes dans des villes voisines.
 
Après Brême, les prêtres bretons vont séjourner soit à Hildelstein (8 d'entre eux, tous Léonards), Munster (12) ou Paterborn (8). Il est vraisemblable que le vicaire Tanguy est décédé dans une des dernières villes car, contrairement aux autres vicaires de Querrien, l'information d'un retour au pays n'a pas été trouvée. Il est donc sans doute « <i>mort en déportation</i> », dans un exil involontaire et contraint par la force.


<br>[[Image:Vip.png|60px|left|link=]]En savoir plus : « [[Jean-Baptiste Tanguy, prêtre (1790)]] », espace "Biographies / Prêtres".{{Bhr}}
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Version actuelle datée du 14 avril 2025 à 14:10

Un prêtre insermenté déporté en Allemagne en 1793


Cette semaine on se penche, non sur un prêtre constitutionnel, mais sur un vicaire insermenté expulsé par le Directoire, car à Ergué-Gabéric comme partout ailleurs en Bretagne deux clans se sont opposés vivement en cette période de Révolution.

Jean-Baptiste Tanguy est né en 1750 à Querrien (pays de Quimperlé). Il devient prêtre en 1778 (annotation sur son acte de baptême).

SignatureTanguy.jpg
En cours d'année 1790 il rejoint à Ergué-Gabéric les recteurs Alain Dumoulin et le curé Vallet, tous deux réfractaires à la Constitution civile du clergé. Il signe les actes de baptême et de sépulture lorsque le recteur et le curé sont occupés par ailleurs, notamment le 25 avril, 17 et 26 juin, 1er juillet et 7 septembre.

Daniel Bernard, dans son étude « Le Clergé régulier du diocèse de Cornouaille » dans les Bulletins de la Société archéologique du Finistère de 1954-57, lui consacre cette note biographique :

Tanguy, Jean-Baptiste, né à Querrien, le 26 mai 1750, prêtre en 1778. Insermenté. II fut enfermé au château du Taureau le 1er novembre 1792 et déporté à Brême le 18 avril 1793. II dut mourir en exil car i1 ne parait pas dans le clergé du Finistère au Concordat.

Il ne prêtre pas serment à la Constitution Civile du Clergé. En fin d'année 1790, il quitte Ergué-Gabéric pour rejoindre sa paroisse natale de Querrien sous la pression des autorités révolutionnaires de Quimper qui font tout pour chasser les 3 prêtres réfractaires d'Ergué et les remplacer par des prêtres constitutionnels. La pression est aussi rude dans le pays de Quimperlé : à Querrien le recteur et les 3 vicaires sont aussi insermentés.

Le 1er novembre 1792 Jean-Baptiste Tanguy est emprisonné dans le petit château du Taureau en baie de Morlaix, en même temps que ses trois collèges vicaires (Ansquer, Le Gouil, Quemener). Les conditions de détention sont très difficiles pour les prêtres : « Ils y souffrent beaucoup; mais, en vrais confesseurs de Jésus-Christ, ils ne se plaignent de rien, quoique tout leur manque. Ils sont couverts de salpêtre et rongés de scorbut » (lettre d'un curé de Brest, citée par François Uzereau).

BlogTaureauTanguy.jpg

Dès 1793 pour les autorités de Quimperlé, Tanguy est qualifié de prêtre « interné ou reclus », et surtout « déporté », dans les dossiers récapitulatifs de ses créances. Même son beau-frère, le mari de sa sœur, est considéré comme créancier de ses loyers de résidence à Querrien qu'il a dû quitter par la contrainte.

Un document officiel, conservé aux archives départementales des Cotes d'Armor, acte la fin du séjour dans le fort du Taureau le 17 avril 1793 : « Nous administrateur et procureur syndic, commissaires délégués du Directoire du District de Morlaix, à l'effet d'effectuer et de surveiller l'embarquement des prêtres réfractaires détenus au château du Taureau, déclarons les avoir fait devant nous embarquer sur le bateau L'Expédition, capitaine Gredhawighoorse, au nombre de 28. » Les 4 vicaires de Querrien sont du lot, ainsi que d'autres prêtres de Brest, Chateaulin et Landerneau.

En vertu du traité passé entre le Directoire et le capitaine du navire « L'Expédition », les 28 prisonniers sont tous déportés à Brême au nord de l'Allemagne où ils sont d'abord bien accueillis, mais très vite la communauté catholique qui les héberge leur demande de partir par plusieurs groupes dans des villes voisines.

Après Brême, les prêtres bretons vont séjourner soit à Hildelstein (8 d'entre eux, tous Léonards), Munster (12) ou Paterborn (8). Il est vraisemblable que le vicaire Tanguy est décédé dans une des dernières villes car, contrairement aux autres vicaires de Querrien, l'information d'un retour au pays n'a pas été trouvée. Il est donc sans doute « mort en déportation », dans un exil involontaire et contraint par la force.


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En savoir plus : « Jean-Baptiste Tanguy, prêtre (1790) », espace "Biographies / Prêtres".




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