René-Guillaume Bolloré (1911-1999), résistant et entrepreneur
La période de la guerre accapara son énergie, et en 1946 à l'âge de 35 ans il reprit les rênes de l'entreprise Bolloré, à la suite de son père, prénommé René également et décédé en 1935.
Sous-officier aux services des Poudres (uniforme et képi ci-contre). Chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la médaille de la Résistance.
Un des Français libres ayant gagné Londres pendant la seconde Guerre Mondiale : F.F.L. no 22486 - n° engagement 3696D - Londres 09-03-1943.
Autres lectures : « René Bolloré (1885-1935), entrepreneur » ¤ « La création de la manufacture d'Odet et ses fondateurs » ¤ « Michel Bolloré (1922,1997), entrepreneur » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « L'entreprise Bolloré, Réalités Noël 1949 » ¤ « Un terrible sanglier solitaire tué et empaillé par René Bolloré » ¤ « 1932 - Les ouvriers papetiers d'Odet à la noce de René-G. Bolloré, studio Etienne Le Grand » ¤ « Un mariage en grande pompe à Odet, Figaro et journaux locaux 1932 » ¤ « Le baptême de Gwenn-Aël Bolloré au manoir d'Odet, film NB de 1925 » ¤ « Album-photo de 1939 de J.H. Lartigue en vacances chez les héritiers Bolloré » ¤
Biographie, origines
René-Guillaume Bolloré est né à Ergué-Gaberic le 31 décembre 1911. Ses frères et sœur sont Michel (qui assurera la codirection de la papeterie), Jacqueline et enfin Gwenn-Aël (écrivain, conservateur et vice-président de l'entreprise familiale).
Quand il est bébé et enfant, on le surnomme "pouffic" pour son air grassouillet et enjoué. Il est le parrain de son Gwenn-Aël en 1925, alors que la marraine est Jacqueline : cf. photos.
Il se marie en septembre 1932 avec Denise Rivière, puis en 1938 avec Céline Khalaviska (connue sous son nom de chanteuse et d'actrice Lyne Clevers [1]), et après guerre avec Geneviève Delcuze. En 1932, la bénédiction nuptiale eut lieu à la chapelle d'Odet et plus de 400 ouvriers des papeteries furent invités à un banquet au patronage de Keranna. En août il accueille chez lui et sur son bateau Dahu III le photographe Jacques-Henri Lartigue.
Son père étant décédé en 1935, il deviendra directeur des usines de fabrication de papier à cigarettes d'Odet et de Cascadec, puis Président Directeur Général de la papeterie de 1946 à septembre 1974, tout en partageant la direction de la société familiale avec ses deux frères Michel et Gwenn. Il décède le 27 décembre 1999.
Résistance
Il a effectué son service militaire comme sous-officier dans celui des Poudres dont l'insigne officiel orne son képi militaire. Après-guerre il posera son couvre-chef sur la tête du sanglier empaillé du manoir d'Odet, et il y est encore de nos jours. En 1940, prisonnier à Angoulême, il parvient à s'évader et regagne sa Bretagne natale. Il prend ensuite contact avec le réseau Alliance de résistants, spécialisé dans le domaine du renseignement.
En 1942, il organise une évacuation par mer de résistants « grillés » ; il contacte Ernest Sibiril, propriétaire d’un chantier naval à Carantec et prennent la mer en 1943. À Londres, il apprendra que son jeune frère Gwen-aël, âgé de 17 ans, a lui aussi trouvé un bateau chez le même Sibiril et vient d’arriver à Londres. René souscrit le 09-03-1943 un engagement aux F.F.L. (Forces Françaises Libres), sous le n° 22486 / 3696D et le même nom Bollinger que son frère.
Gwenn-Aël fera partie, avec leur cousin Marc Thubé, du commando Kieffer. René quant à lui est sollicité par le B.C.R.A. (Bureau Central de Renseignements et d'Action) où il est admis avec le grade de sous-lieutenant. A la fin de la guerre, René Bollore sera démobilisé avec le grade de capitaine. Chevalier de la Légion d'Honneur, il recevra la Médaille de la Résistance.
La traversée de la Manche en 1943 est relatée dans la revue de la France Libre n° 310 (4e trimestre 2000) : « L'YVONNE, cotre de 6 mètres, parti le 5 février 1943, avec 11 évadés, par une mer forte, vent force 6/7, arrivé à Sal-combe. Il transportait des documents et du courrier pour les services secrets alliées. Le bateau était commandé par Jean Rivial : Jean-Baptiste Allard, Albert Billard, Christian Billet, René Bolloré, Georges Coste, Claude De Laguiche, Mark Der-mott, Roger Esperonnier, Reginald Smith et Sabastian Vogel firent la traversée ».
Entreprise
Les années après-guerre sont marquées par la continuation de la fabrication du papier fin, du papier à cigarettes et aussi de papier bible pour livres (collection Pléiade de Gallimard), le tout écoulé sur un marché de plus en plus international.
En 1949 dans son numéro de Noël, la revue Réalités présentait sur huit pages l'entreprise familiale avec de magnifiques photos en couleur de la vie quotidienne à la papeterie d'Odet. On y voit l'arrivée des chiffons en camion, les piles défileuses, le dynamomètre, le fumeur automatique, une machine à papier ...
Le reportage photographique en Noir et en Couleurs a été réalisé par un grand photographe : Isaac Kitrosser [2].
Annotations
- ↑ Lyne Clevers est une chanteuse et actrice française, née Céline Marie Rhalavsky, de juifs immigrés, le 22 octobre 1909 à Paris XIe et morte le 28 novembre 1991 à Poissy (Yvelines). Orpheline dès l'âge de huitans, elle est recueillie par Adolphe Clevers, directeur de tournée et metteur en scène (théâtre, revues) qui en fera une des comédiennes de sa troupe dès l'âge de 16 ans. Petit à petit, elle se fait connaître en chanteuse de cabarets, avec notammentun duo avec Saint-Granier en 1930, et en tournant dans un premier film et faisant partie de la distribution d'une reprise de Madame de Pompadour des l'année suivante. René-Guillaume Bolloré l'épouse en secondes noces en 1938.
- ↑ Isaac Kitrosser : né en Russie en 1899, ingénieur à Prague, photographe de plateau pour Abel Gance, photo-reporter pour le magazine « Vu », correspondant à Life et Réalités. En 1936 il participe avec Emmanuel d'Astier au reportage de la première nuit d'occupation de l'usine de Boulogne-Billancourt, et la une de « Vu » reprend sa photo du drapeau et poing levé des ouvriers en grève à l'entrée de l'usine. Résistant, interné au camp de Septfonds, il publie des images de ce camp dès 1942 dans « Paris-Match ». Portraitiste aux ultraviolets sur des modèles féminins, il délaisse en 1950 le photo-reportage pour la microphotographie d’insectes et de végétaux.