Louis Barré, secrétaire de mairie pendant 40 ans
Une longévité remarquable et une implication dans la vie publique en tant que secrétaire de mairie.
Sources : photos, coupures de presse, contribution à l'atlas linguistique (remerciement à sa nièce Agnès Léonus pour l'avoir identifié sur ce travail sur la langue bretonne).
Autres lectures : « 1908 - Les mariés Louis Barré et Marie Anne Le Ster » ¤ « 1929-1959 - La classe des jeunes gens nés en 1909 » ¤ « 1958 - Photo du groupe des vieux avant le goûter » ¤ « 1956 - Conseillers et employés municipaux devant la nouvelle mairie » ¤ « Jean Le Menn, maire (1945-1947 1953-1959) » ¤ « Contributions gabéricoises au Nouvel Atlas Linguistique de Jean Le Dû » ¤ « Pierre Tanguy, maire (1929-1945) » ¤ « Corentin Signour, maire (1947-1953) » ¤ « Jean-Marie Puech, maire (1959-1977) » ¤ « Les 40 ans de mairie d'Odette Coustans, Ouest-France 1987 » ¤ « Charles Boënnec, instituteur public au bourg de 1895 à 1905 » ¤
Biographie
Louis Barré a marqué son temps durablement par son dévouement aux services communaux. Déjà son père, Louis également, a établi un record de longévité comme conseiller municipal. Louis, l'aîné des huit enfants, se consacre au métier de secrétaire de mairie de sa commune, un poste de cadre fonctionnaire exercé généralement en dehors de sa commune d'origine.
Louis Barré est né à Kerhuel-vihan en Lestonan [1]. À son mariage en 1908 son père qui est agriculteur arbore une splendide moustache, ce qui lui vaudra le surnom de Dominici [2]. La famille de 8 enfants s'établissent vers 1914 à Pen-a-garn-Kerho.
Louis est de la classe 1929. Absent sur la photo du conseil de révision [3], il ne manque pas par contre les réunions décennales suivantes, notamment celle de leur 50 ans en 1959. Quand il se marie en 1938 avec une jeune gabéricoise de Méouêt, Marie Perrine Corentine Rannou [4], il est déclaré comme exerçant le métier d'agriculteur.
Il est très vite embauché par le maire Pierre Tanguy pour seconder François Lennon l'unique employé de mairie [5]. Pierre Tanguy, maire d’Ergué-Gabéric, recrute Jean Le Corre à compter du 1er juin 1945 pour assister Louis Barré qui s'est retrouvé seul au secrétariat de la mairie après le départ de Lennon. Cette même année Odettte Coustans, secrétaire, vient renforcer l'équipe : « On était sous les ordres de Monsieur Barré ». À cette époque on finalise le projet de la nouvelle mairie sur un terrain de 209 m2 face à l’église Saint-Guinal acheté en 1953.
Trois ans plus tard, un 1er avril, Louis Barré s’y installe avec sa famille. L’appartement qui lui est attribué se situe au 2e étage. Il en sera locataire pour un montant annuel de 10 000 francs.
La mairie comprend désormais, une salle du public, le bureau des services communaux, celui du maire, une salle d’archives, une salle réservée aux consultations médicales, et une grande salle servant aux délibérations et aux mariages. L’inauguration officielle aura lieu le dimanche 24 juin 1956. Sur la photo commémorative on voit trois fillettes qui assistent à la coupe du ruban tricolore, Annie Barré, Yvette Le Moigne et Irène Le Roux. Le maire Jean Le Menn, les conseillers et le personnel municipal, tous endimanchés, poseront également fièrement devant la maison commune.
Louis Barré va travailler avec 4 maires (Pierre Tanguy, Jean Le Menn, Corentin Signour, Jean-Marie Puech) et 6 groupes de conseillers. Il suit tous les dossiers, est présent à toutes les réunions publiques (matchs, goûters des vieux ...) et est proche des gens, pratiquant la langue bretonne au quotidien.
En 1972, proche de la retraite, il participe à une vaste opération d'enquêtes sur la langue bretonne menées par le sociolinguiste Jean Le Dû. Sur la fiche de son interview, outre les centaines de mots courants transcrits phonétiquement, on lit sa profession : « sekreter méri », et son village Pen-ar-garn « zo ba penn en kichen ar veilh baper » (à proximité du moulin à papier d'Odet).
Décédé le 17 janvier 1986, à 76 ans, Louis Barré a très certainement marqué son temps.
Sources, transcriptions
Interview du 13 octobre 1972 pour la constitution du Nouvel Atlas Linguistique de Jean Le Dû
Enquête Miossec 13/10/1972. Transcrit le 13-5-83
Localisation de l'enquête : Point n° 125. Département 29. Canton Quimper 'Kemper. Commune Ergué-Gabéric, an'ergevra:s. Village "ak'vcex" (orthographe phonétique)
Informateur : Nom caché [6]. Age 63 ans. Profession 'sekreter méri. Lieu de naissance : Ergué vras, pen ar garn (ar garront) en bihan, zo ba penn en kichen ar veilh baper. Loc. des parents id. Loc. du conjoint id. Résidences successives id, ... bian ... sko:l.
Interviewer : Miossec, Yves
Histoire de l'ancienne mairie d'Ergué-Gabéric
À partir de 1855, les élus, qui auparavant se réunissaient dans la sacristie de l'église paroissiale, investissent la toute nouvelle école communale de la rue de Kerdévot. Les locaux bien qu’étroits, suffisent amplement à l’administration du petit bourg rural de 2 200 âmes.
C’est la Seconde Guerre mondiale qui impose la nécessité d’une véritable adresse pour la mairie. L’activité municipale se développe alors intensément ; il faut gérer les réquisitions, les tickets de rationnement, l'état civil, le foncier ...
Les délibérations des membres du conseil sont entamées en 1947 pour décrire le besoin d'une nouvelle mairie. Mais ce n’est qu’en 1951 que le projet se décante : « Le conseil décide en conséquence l’acquisition du terrain appartenant à Charles Bizien en vue de la construction d’une mairie neuve avec logement pour le secrétaire » (séance du 10 juin 1951).
Sur 209 m2, l’emplacement fait face à l’église Saint-Guinal, en plein centre du bourg. Le terrain sera acheté le 20 janvier 1953. L’architecte Clet Louarn établit les plans au début de l’année 1954. Deux ans plus tard, un 1er avril, Louis Barré, alors secrétaire de mairie, s’y installe avec sa famille. L’appartement qui lui est attribué se situe au 2e étage. Il en sera locataire pour un montant annuel de 10 000 francs.
Cent ans donc après avoir colonisé les locaux de l’école, le 15 avril 1956, élus et employés municipaux transfèrent leurs bureaux. La mairie comprend désormais, une salle du public, le bureau des services communaux, celui du maire, une salle d’archives, une salle réservée aux consultations médicales, et une grande salle servant aux délibérations et aux mariages.
L’inauguration officielle aura lieu le dimanche 24 juin 1956. « Le conseil, après en avoir délibéré, considérant que cette cérémonie doit revêtir un éclat de circonstance, est d’avis de voir le maire inviter, au plus tôt, les personnalités officielles, les membres du conseil et du bureau d’aide sociale, les médaillés, ainsi que leurs épouses et les autres personnes qui assisteront à l’inauguration ; décide qu’un vin d’honneur sera servi par la commune à l’issue de cette cérémonie chez M. Thomas Jean-Louis, débitant au bourg, à Ergué-Gabéric. » (Décision du conseil municipal du 10 juin 1956).
Présidée par le secrétaire général de la préfecture, M. Gay, l’inauguration se fait en présence de trois fillettes qui assistent à la coupe du ruban tricolore (Annie Barré, Yvette Le Moigne et Irène Le Roux). Une photo où posent les conseillers municipaux et certains employés municipaux, est prise devant la façade de la mairie : « 1956 - Conseillers et employés municipaux devant la nouvelle mairie » ¤ . « La mairie est avec l’église, l’édifice le plus important. C’est là en effet que se concrétise la vie de la commune », dira, lors de son discours, le maire Jean Le Menn.
Annotations
- ↑ Naissance - 30/10/1909 - Ergué-Gabéric (Kerruel Vian) BARRE Louis Joseph Marie fils de Louis Marie, âgé de 24 ans et de Marie Anne LE STER, Cultivatrice, âgée de 20 ans. Témoins : Guillaume LE MOIGNE 41 ans, sacristain et Louis BARRE 61 ans, cultivateur, tous deux domiciliés en cette commune. Mentions marginales : Mariage le 09/05/1938 avec Marie Perrine Corentine RANNOU à ERGUE-GABERIC. DCD le 17/01/1986 à QUIMPER (29). Notes : Né à 10h du soir. Acte du 31/10. Le père, le premier témoin et Louis LE ROUX, maire, signent.
- ↑ L’affaire Dominici est une affaire criminelle survenue en France. Dans la nuit du 4 au 5 août 1952, trois Anglais, Sir Jack Drummond, scientifique de 61 ans, son épouse Anne Wilbraham, 45 ans, et leur fille de 10 ans, Elizabeth sont assassinés près de leur voiture à proximité de La Grand'Terre, la ferme de la famille Dominici, sur la commune de Lurs dans les Basses-Alpes (actuelles Alpes-de-Haute-Provence). Le patriarche Gaston Dominici a été accusé du triple meurtre et condamné à mort sans que sa culpabilité ait jamais été clairement établie. En 1957, le président Coty a commué la peine et le 14 juillet 1960 le général de Gaulle a gracié et libéré Gaston Dominici.
- ↑ Louis Barré est exempté de service militaire en 1929 suite à un accident de charrette à la ferme de Kerlavian où vivent avec leur père les quatre aînés des enfants (Louis, Joseph, Catherine et Marie-louise).
- ↑ Mariage - 09/05/1938 - Ergué-Gabéric. BARRE Louis Joseph Marie, Cultivateur, né le 30/10/1909 à Ergué-Gabéric, fils de Louis Marie, Cultivateur , présent et signe et de Marie Anne LE STER, Cultivatrice , présente et signe. Notes époux : il signe ainsi que ses parents RANNOU Marie Perrine Corentine, Cultivatrice, née le 20/03/1916 à Ergué-Gabéric, fille de Pierre Marie, Cultivateur , présent et signe et de Corentine Françoise BURELLER, Cultivatrice , présente et signe. Notes épouse : elle signe ainsi que ses parents. Témoins : Joseph BARRE, employé du chemin de fer, Quimper, s -- Louis RANNOU, cult, EG, s
- ↑ Les deux premiers secrétaires de mairie sont des Lennon : Alain Lennon, fils de commerçant du bourg (cf. témoignage de Pierre-Marie Le Coroller en 1989), qui décède en pleine guerre 1939-35, et ensuite François Lennon, commerçant-buraliste au bourg, qui démissionnera après guerre de ses fonctions de secrétaire.
- ↑ Le nom caché sur le document de transcription de 1972 est très certainement celui de Louis Barré, né en 1909, qui fut secrétaire de mairie d'Ergué-Gabéric pendant 40 ans.